Le metaverse peut-il répondre aux enjeux de la fonction RH ? Il est souvent défini comme un levier de la marque employeur, de l’expérience collaborateur ou comme une révolution du e-learning.
Qu’en est-il réellement ? Lors des salons HR et Learning Technologies 2023, l’évolution de son rôle dans la fonction RH a été abordée.
Quels sont donc ses avantages et ses apports pour la fonction RH ? Et surtout quelles sont les perspectives futures pour le monde du travail.
Qu’est-ce que le metaverse RH ?
Définition du metaverse
Avant d’aller plus loin, il est important de revenir sur la définition du metaverse ou encore le métavers en français, les deux sont valables. L’expression est tirée du mot grec ancien meta qui signifie » au-delà » et verse « univers ».
On peut donc littéralement traduire le terme par « au-delà de l’univers ». Cela donne ainsi une idée du concept de base, il ne s’agit donc pas uniquement d’un simple casque que l’on pose sur sa tête. Le terme dans sa définition indique un concept qui ouvre totalement le champ des possibles à ses utilisateurs. Le métavers laisse imaginer un potentiel de développement quasi illimité.
Pour mieux comprendre la définition de ce terme, il faut revenir à son origine : le roman Snow Crash, de Neal Stephenson, publié en 1992. Ce terme est par la suite popularisé grâce aux jeux vidéo. Le but était de développer une interaction entre les différents joueurs à travers un concept désormais populaire : le multi joueur.
Ainsi, le métavers est simplement, par définition, une réalité, un univers virtuel dans lequel les participants peuvent interagir les uns avec les autres.
Mais alors qu’est-ce que le metaverse exactement dans la fonction RH ? Pourquoi intégrer ce concept au secteur des ressources humaines ?
Le metaverse et la fonction RH
La digitalisation RH et la crise sanitaire, liée au COVID-19, ont favorisé l’intégration de nouvelles technologies à ce secteur et le metaverse n’est pas en reste.
C’est une véritable innovation dans le monde de la tech qui est mise au service des entreprises.
En effet, le métavers apparaît comme une solution face aux différents challenges auxquels est confrontée la fonction RH :
- Engager ses collaborateurs ;
- Renforcer son employer branding ;
- Répondre aux objectifs QVCT ;
- Optimiser ses processus de recrutement ;
- Et d’autres problématiques auxquelles sont confrontés les professionnels des RH.
Le métavers est-il le couteau suisse des professionnels des ressources humaines ? Il est évident que son utilisation au sein d’une entreprise peut être diverse et variée. Cet outil utilise une AR (Réalité Augmentée) ou une VR (Réalité Virtuelle) pour recréer un environnement professionnel dans lequel les collaborateurs ou les candidats seront en immersion totale. Recourir à une telle solution capable de recréer un univers professionnel offrira une expérience sans précédent à vos équipes.
Mais comment l’utiliser dans la fonction RH ?
La place du metaverse dans la fonction RH
Son développement pourrait en faire l’un des atouts majeurs du professionnel des ressources humaines de 2023. Il pourrait offrir plusieurs avantages et permettre différents cas d’usage.
Les cas d’usage
Formation
L’un des usages les plus récurrents, si ce n’est le plus récurrent du metaverse RH, est certainement la formation en entreprise.
En effet, le métavers révolutionnerait la formation, les méthodes de e-learning traditionnelles et repousserait les limites de l’immersive learning par la simulation de réels cas pratiques. Ce mode d’apprentissage s’inscrit dans la continuité du « learning by doing ».
Offrir à ses talents des modes de formation dans lesquels ils seront immergés dans des mises en situations réelles est désormais possible grâce à la VR. Les systèmes de réalité virtuelle déploient des simulations de cas pratiques afin d’encourager le développement des compétences des salariés mais aussi des cadres dirigeants.
Les formations en immersion dans un univers virtuel offrent également différentes options en fonction des réponses des utilisateurs. Cela implique notamment la création de différents schémas de possibilités et laisse supposer un effort de recherche et de conception plus poussé que pour les formations classiques.
Toutefois, de telles formations peuvent être conçues grâce à l’étroite collaboration de 3 acteurs : le responsable formation, le concepteur pédagogique et le digital learning manager pour développer des parcours pédagogiques complets et précis aux multiples scénarios.
Le métavers dans le cadre de la formation offrirait également aux professionnels des RH la capacité de former une équipe complète sur divers types de situations.
Recrutement
De plus, il serait possible de recourir au metaverse RH dans le cadre du recrutement. Bien que cet outil soit souvent utilisé pour la formation, il pourrait être intéressant d’en faire un outil de sourcing. On parle parfois de meta-recrutement.
Mais alors comment procéder ? Comment l’intégrer dans ses processus de recrutement ?
Pour recruter, il faudrait concevoir un environnement virtuel (locaux, bureaux, etc.), grâce à des plateformes VR. Celui-ci permettra de faciliter les interactions entre les candidats et les recruteurs. Il est donc important que l’espace virtuel dédié aux recrutements soit à l’image de la culture de l’entreprise. Pour faciliter les échanges entre candidats et recruteurs, il faut par ailleurs créer des salles d’entretien virtuelles.
Les objectifs du métavers dans le recrutement seraient d’une part d’offrir une nouvelle expérience de recrutement aux candidats ; d’autre part, d’optimiser les processus de recrutement à distance pour ouvrir des postes aux postulants ne pouvant pas se déplacer physiquement.
Bien que cela fut déjà possible grâce aux plateformes de visioconférence, la solution apporterait un nouvel aspect aux recrutements. Par exemple à travers la valorisation de la culture d’entreprise via l’aspect immersif. Il s’agit donc de rendre les recrutements à distance semblables à ceux en présentiel. Si l’entretien en visioconférence facilite les échanges entre les candidats et les recruteurs, le metaverse serait, quant à lui, une véritable innovation en matière de technologie. Ce sont les sens des candidats qui seraient stimulés via cet outil innovant.
Avec la possibilité de visiter des bureaux virtuels fidèles à la structure physique, le candidat pourrait découvrir le lieu de son futur emploi sans avoir à se déplacer physiquement.
Et si l’outil permettait d’apporter des éléments aux enjeux RSE notamment en favorisant l’inclusion ? La question mérite d’être posée.
Autres cas d’usage du metaverse RH
Toutefois, l’intégration du métavers dans la fonction RH permettrait aussi de faciliter le télétravail, en recréant l’espace de travail initial.
Grâce au metaverse RH, le personnel pourrait, depuis un outil dédié, se retrouver dans un univers similaire à celui de leurs bureaux. Tout comme avoir des interactions avec leurs collègues, notamment lors des pauses, ou encore échanger autour d’un café.
D’autre part, les entreprises pourraient avoir recours au métavers dans le cadre de la mobilité internationale. Ce qui permettrait de garder un lien avec le salarié partant vivre à l’étranger.
De plus, l’outil permettrait d’animer des réunions, des tables rondes, et de réaliser un événement, comme un salon ou une conférence. Par ailleurs, cette dernière serait plus immersive qu’un webinar classique.
Comment mettre en place le métavers ?
Pour déployer une solution de metaverse au sein de la fonction RH, il faut connaître les outils et les plateformes nécessaires à son usage.
Les outils
Plusieurs outils peuvent être utilisés, parmi lesquels on retrouve :
- Le casque VR (bien que selon les solutions de métavers il ne soit pas obligatoire) ;
- Les lunettes VR ;
- Un ordinateur ;
- Un smartphone ;
- Des chaussures et gants haptiques.
Néanmoins, selon les éditeurs de solution, tous ces outils ne sont pas nécessairement utilisés.
Les plateformes
Le développement de cette solution RH a bien évidemment entraîné l’émergence de plusieurs éditeurs pour la conception des plateformes.
Les plateformes dédiées à l’utilisation du metaverse sont diverses. Parmi celles-ci on retrouve :
- Les applications sur smartphone ;
- Les plateformes web ;
- Les logiciels.
Les différentes plateformes offrent un niveau de réalisme qui diffère selon les objectifs de la solution.
Les avantages
Développer sa marque employeur
Dans un contexte où renforcer sa marque employeur est un enjeu primordial afin d’attirer les talents et fidéliser les collaborateurs, le métavers RH apparaît-il comme l’une des solutions principales ?
Le recours à cette technologie pourrait rendre compte de la culture de l’entreprise en matière d’innovation et de digitalisation RH. Cet outil sera peut-être l’un des leviers majeurs d’attraction de nouveaux talents, dont la génération Z.
D’autre part, il est important de prendre en considération le fait que le candidat puisse être confronté à plusieurs entreprises dans le choix de son futur emploi. D’où la nécessité de valoriser l’employer branding. Cela passe notamment par l’innovation sur le plan numérique.
Le déploiement de cette solution au sein des processus de recrutement pourrait permettre de soigner l’image de marque de l’entreprise, notamment en répondant à certains enjeux RSE tels que l’inclusion.
En effet, le metaverse RH pourrait faciliter dans une certaine mesure l’inclusion des travailleurs en situation de handicap. De plus, la création d’avatars pourrait aussi d’une certaine manière – et à son échelle – contribuer à lutter contre les discriminations en entreprise.
De même que le métavers aiderait également les RH à améliorer l’expérience des salariés.
Les différents modes d’usage de cette solution renforceraient l’expérience collaborateur. Comment ?
Cela commence dès le recrutement et le onboarding. Mais aussi en déployant des formations immersives, tout au long du contrat, afin d’offrir aux salariés des expériences inédites de simulation sur des cas réels.
Améliorer l’expérience du collaborateur et du candidat
Avec le metaverse RH, l’expérience dans le recrutement et dans le travail au quotidien pourrait être révolutionnée. Cela peut s’expliquer par les 3 piliers de l’outil ou encore par les sentiments provoqués par cette solution :
- Le sentiment de présence virtuel : celui-ci se développe par la création d’un avatar ;
- Le sentiment de présence spatiale : ressenti par la découverte d’un monde virtuel ;
- Le sentiment de coprésence virtuel : l’interactivité avec les autres utilisateurs.
Ce qui développerait aussi la cohésion d’équipe. Ce pilier met en avant la dimension collaborative de l’outil.
Ces 3 piliers contribuent à faire vivre des expériences de travail collaboratif et de recrutement riches et inédites. De l’onboarding à l’offboarding, le collaborateur pourra être plongé dans une expérience immersive grâce aux divers cas d’usage de cette solution.
Renforcer l’engagement collaborateur
L’une des problématiques RH de ces dernières années est l’engagement collaborateur. Le défi est donc de découvrir comment engager les collaborateurs. C’est dans ce contexte que le metaverse au sein de la fonction RH intervient. Face à l’expansion du télétravail et du travail hybride, le métavers laisse envisager une amélioration des conditions de travail.
L’engagement et l’expérience collaborateur – bien que le sens de ces termes diffère – sont liés et l’un peut affecter l’autre. Le métavers promet une amélioration de l’expérience de travail offerte aux collaborateurs. Il serait possible de :
- Créer un événement virtuel, comme des conférences, des salons ;
- Créer une réunion virtuelle ;
- Favoriser le team building, grâce à l’interaction avec les autres utilisateurs du monde virtuel. Cela permettra de mettre en avant la cohésion au sein d’un groupe ;
- Former, afin de renforcer les compétences des talents.
Ainsi, selon le cas d’usage, cet outil peut devenir un réel levier d’engagement.
Le plus de cette innovation dans le monde de la tech ? L’embodyment, c’est-à-dire la possibilité d’incarner un personnage via la création d’un avatar.
Il sera ainsi possible d’expérimenter des situations diverses et donc de sensibiliser les employés et les cadres dirigeants par des simulations de cas de harcèlements, discriminations ou autres. Cela sera une manière de fédérer les professionnels à la culture de l’entreprise et donc de les engager.
D’autre part, l’embodyment permet aussi aux utilisateurs de créer des avatars avec des détails plus ou moins précis (couleur de peau, visage, cheveux, vêtements) selon le paramétrage de la solution utilisée.
Les limites du metaverse RH
Quelques risques à prendre en compte
Bien que le metaverse pourrait offrir aux professionnels des RH de nombreux avantages et qu’il pourrait être utilisé dans plusieurs situations, il est essentiel de tenir compte des limites actuelles de cette solution.
En effet, celle-ci étant encore récente, elle n’est qu’au début de son exploitation. Aujourd’hui, son plein potentiel n’a pas encore été totalement exploité.
Par ailleurs, tous les métiers n’offrent pas la possibilité de télétravailler ou d’adapter un modèle hybride. C’est le cas par exemple des métiers exigeant la présence physique des travailleurs. Dans ces secteurs d’activité, l’utilisation de l’outil se limiterait au cadre du recrutement, de la formation et parfois de l’événementiel pour certaines fonctions.
De plus, en cas d’usage fréquent et prolongé pendant plusieurs heures, il ne faudrait pas négliger les potentiels risques liés à la santé des utilisateurs :
- L’épuisement : une pause est donc recommandée toutes les heures, l’utilisation optimale du casque VR étant de 30 minutes. Entre le stress généré, l’activité physique et cérébrale, son usage peut rapidement devenir éprouvant.
- Les risques de cinétose (ou cybercinétose) dus au temps excessif passé derrière un écran ;
- Les risques au niveau de la vision (bien que moins graves pour les personnes adultes) ;
- L’addiction, bien que faible, peut nuire à l’équilibre vie professionnelle vie personnelle. Plus particulièrement dans le cadre du travail hybride.
Ainsi, dans une certaine mesure, cela pourrait impacter négativement la QVCT.
Par ailleurs, l’équipement nécessaire à la VR est coûteux : il est évident que toutes les structures ne peuvent actuellement pas s’en équiper. Il faut donc s’interroger sur le risque d’endettement, le déficit budgétaire et le ROI liés à sa mise en place.
À noter également, qu’étant une innovation technologique, il faudra tenir compte de la période d’adaptation nécessaire à la maîtrise de l’outil. Et penser à l’instauration d’un stage de formation et de sensibilisation sur l’utilisation de l’outil. Ainsi mettre en place une charte relative à son utilisation pourrait être pertinent. D’autre part, il faut faire preuve de vigilance par rapport à la compatibilité entre les équipements et les plateformes.
Le développement du metavers freiné par l’émergence de l’IA
Alors que le metaverse n’en est qu’aux prémices de son intégration dans la fonction RH et le monde en général, il se heurte aujourd’hui à un obstacle majeur. Sa situation serait-elle au point mort ?
Depuis quelque mois le développement de l’intelligence artificielle, particulièrement avec l’arrivée de ChatGPT, est désormais au centre des préoccupations. Ainsi le métavers notamment dans la fonction RH n’est plus une priorité.
Microsoft a déclaré en février avoir licencié toute son équipe dédiée au métavers industriel. Cela dans le but d’investir dans l’intelligence artificielle. Microsoft a financé ChatGPT, le chatbot IA développé par OpenAI.
Mark Zuckerberg, fondateur et PDG de Meta quant à lui annonçait en mars 2023 vouloir investir principalement dans l’IA. Propos qu’il nuancera fin avril 2023 en expliquant qu’il n’abandonnera pas totalement ce premier projet. Le groupe Meta se focalise sur les 2 technologies en mettant l’accent sur l’implémentation de l’IA dans ses solutions.
Ainsi, il semblerait que l’IA répondent plus aux enjeux actuels que les outils de VR.
L’avenir du metaverse dans la fonction RH
Actuellement, il semble que le metaverse ne soit pas encore au cœur des innovations technologiques. Cependant il est toujours envisageable que d’ici une dizaine d’années le métavers devienne l’un des outils incontournables de la fonction RH.
Bien qu’aujourd’hui il soit très peu utilisé, cet outil pourrait bien être prometteur.
Si à l’avenir il devait voir le jour sous une version plus aboutie que celle existante sur le marché actuel, il est fort probable qu’il sera nécessaire pour la plupart des sociétés de recourir à son utilisation. Mais cet outil pourra t-il, dans un futur plus ou moins proche, remplacer internet tel qu’on le connaît actuellement ? Rien n’est moins sûr.
Pour autant, cela reste une éventualité à envisager. En effet, quelques innovations technologiques doivent être prises en compte :
- Le passage au web 3 : c’est-à-dire un web décentralisé avec l’intégration de blockchain ;
- Le traitement des données spatiales ;
- La création d’un avatar dans un monde numérique interconnecté avec plusieurs utilisateurs sans contraintes de distance physique.
Bien que n’étant encore qu’à ses prémices, le métavers RH fait montre d’un certain potentiel à exploiter. Il ne serait pas étonnant que lors de la reprise de son développement il révolutionne la gestion des talents, du recrutement et des méthodes de communication interne.
La rédaction myRHline