Cette année, la semaine de 4 jours a beaucoup fait parler d’elle. Et la question divise encore. Si en France, elle peine à se démocratiser, la semaine de 4 jours vient d’être adoptée en Belgique et existe également en Islande.
Des expérimentations en cours dans d’autres pays semblent prouver ses bénéfices. Qu’en est-il vraiment pour les entreprises ? Quels sont les avantages et les inconvénients de la semaine de 4 jours ?
Les avantages de la semaine de 4 jours
Travailler 4 jours par semaine peut offrir des avantages non négligeables aux salariés en termes de work-life balance, notamment si le temps de travail est réduit sans entraîner de perte de salaire. Mais cette initiative a également des bénéfices pour l’entreprise.
Au Royaume-Uni, 61 entreprises ont participé à une expérimentation grandeur nature. De juin à décembre 2022, le temps de travail de 2 900 salariés a été réduit de 20 %, tout en conservant leur salaire. L’objectif est de maintenir la productivité des équipes à 100%.
Les résultats de l’expérimentation ont été présentés le 21 février 2023 aux parlementaires britanniques par des chercheurs de l’université de Cambridge ayant travaillé avec le Boston College. Ils démontrent qu’une semaine de travail réduite provoque des résultats significatifs sur le bien-être des salariés, mais aussi qu’elle favorise la fidélisation des collaborateurs. Face aux difficultés de recrutement, la semaine de 4 jours ferait partie des avantages faisant la différence aux yeux des candidats. Elle permettrait donc de renforcer l’engagement collaborateur, la motivation ainsi que la QVCT globale. Et donc de diminuer le taux d’absentéisme.
- 64% des salariés français souhaiteraient avoir la possibilité de condenser leurs horaires sur 4 jours (étude People at Work 2022).
- 27 % seraient prêts à accepter une diminution de leur rémunération s’ils pouvaient bénéficier de plus de flexibilité
En Islande, un test n’impliquant aucune diminution de salaire a été réalisé à grande échelle entre l’année 2015 et l’année 2021. Cette expérience a été très concluante selon le rapport de l’ALDA qui annonce un effet positif sur le bien-être des salariés (réduction du stress et du burnout), ainsi qu’une augmentation de la productivité.
En France, le groupe LDLC fait partie des pionniers à avoir mis en place la semaine de 4 jours pour les employés. Laurent De La Clergerie a réduit le temps de travail à 8 heures par jour, soit 32 heures par semaine, en maintenant le salaire d’origine des collaborateurs. Résultat, l’entreprise a réalisé une progression de 40% de son chiffre d’affaires, sans avoir besoin de recruter.
La semaine de 4 jours pourrait bel et bien représenter un levier de performance pour l’organisation et jouerait en la faveur de sa marque employeur. Mais quels sont les potentiels inconvénients ?
Les inconvénients pour l’entreprise
Bien que la semaine de 4 jours présente de nombreux avantages, elle ne suffit pas à maintenir l’engagement des salariés. Une stratégie de fidélisation s’inscrit au sein d’une politique globale de gestion des talents et des carrières. Cet avantage ne saurait suffire à pallier l’absence d’initiatives en faveur du développement professionnel, de la qualité de vie au travail et de l’équilibre des temps de vie.
En effet, la motivation au travail repose sur des éléments liés au contenu du poste mais aussi sur des facteurs extérieurs. L’étude CCLD et myRHline a révélé que, chez les candidats, les facteurs étaient les suivants :
- L’adéquation de leurs valeurs avec celle de la culture d’entreprise
- Le management
- La rémunération
- Le cadre de vie au travail
- Pouvoir proposer des solutions
- Lutter contre le manque de reconnaissance
Mettre en place la semaine de 4 jours pourrait également avoir un impact sur la santé mentale du personnel. Le risque pour une organisation qui n’amorcerait pas une véritable réorganisation du travail et de son contenu ? Surcharger les équipes, intensifier le rythme de travail et transformer les journées en courses effrénées contre la montre.
Pour profiter pleinement des avantages de cette initiative, les organisations doivent également être préparées aux inconvénients qu’elle pourrait causer. Sa mise en œuvre étant complexe, une telle expérimentation implique de se pencher sur le sujet en amont (gestion des effectifs, des coûts, formation…). L’entreprise doit être en mesure de répartir la charge de travail équitablement auprès des différentes équipes pour maintenir ses activités de façon optimale. Par exemple, le service client ou les horaires d’ouverture d’une agence ou d’une boutique doivent pouvoir être maintenus.
Les collaborateurs doivent donc être formés pour pouvoir répondre aux demandes des clients en toute autonomie.
Enfin, si l’option choisie est d’inclure une diminution de salaire, l’inflation croissante pourrait entraver le déploiement de ce dispositif. Les salariés pourraient demander un retour rapide à la semaine de 5 jours pour profiter d’une augmentation de salaire.
La semaine de 4 jours : des avantages et des inconvénients
Pour conclure, la semaine de 4 jours offre à la fois des avantages et des inconvénients.
Mais une chose est sûre, sa mise en place ne peut être bénéfique que si elle implique une réorganisation des modes de travail et de collaboration.
Selon l’étude People at Work 2022, les secteurs qui seraient les plus favorables à l’instauration de la semaine de 4 jours sont :
- les secteurs de l’hôtellerie et du tourisme (76%)
- le secteur de l’industrie (69%)
- les secteurs des médias et de l’information (69%)
Des initiatives en ce sens sont actuellement expérimentées en France. C’est par exemple le cas au sein de la CNAV. La démocratisation du télétravail peut creuser un écart entre les emplois télétravaillables et ceux qui ne le sont pas. L’entreprise a donc voulu éviter le match entre “les cols bleus et les cols blancs”. Un nombre significatif de ses salariés occupant des postes non télétravaillables, la CNAV a mobilisé le dialogue social afin d’expérimenter la semaine de 4 jours. Deux formules sont expérimentées, l’une de 37h sur 4 jours, avec le maintien de 8 jours RTT, l’autre de 35h sur 4 jours et le renoncement aux RTT.
Sur la base du volontariat, la métropole de Lyon a, de son côté, proposé à ses agents d’expérimenter la semaine de 4 jours à partir de septembre 2023. Elle a choisi de maintenir la durée hebdomadaire de travail en la répartissant sur 4 jours voire 4 jours et demi.