Lors du salon HR & Learning Technologies ayant eu lieu à Paris les 1er et 2 février 2023, nous avons parlé marque employeur et recrutement avec 3 conférencières : Mathilde Le Coz, DRH chez Mazars, Séverine Loureiro, psychologue du travail et Sarah Lupi, Sanofi Customer Healthcare. En quoi la marque employeur, dans une stratégie de recrutement, permet-elle d’attirer les talents et de fidéliser potentiellement ses collaborateurs déjà en poste ? Les explications de myRHline.
Marque employeur et recrutement : le droit à l’erreur comme levier marketing ?
En quoi le droit à l’erreur peut-il améliorer la réputation de votre entreprise auprès des candidats et renforcer votre marque employeur ? Selon Séverine Loureiro, psychologue du travail, le droit à l’erreur dans l’expérience collaborateur peut être un véritable levier marketing. Autrement dit : un réel argument de vente pour attirer les candidats. Il faut évidemment que cela soit une réalité au quotidien, mais faire valoir le droit à l’erreur améliore l’empowerment des équipes selon elle – ainsi que la créativité de collaborateurs. Ces derniers vont pouvoir bénéficier d’un environnement où la sécurité psychologique, au coeur des enjeux QVCT, est au cœur des priorités.
Et puisque vos salariés sont les premiers ambassadeurs de votre marque, ils pourront rassurer les éventuels candidats. Par exemple, si vos ambassadeurs décident de développer leur personal branding sur LinkedIn, ils peuvent très bien relayer leur vécu au quotidien dans votre entreprise s’ils le souhaitent, ou encore partager des éléments qui ont trait à votre culture d’entreprise. Car le bien-être des salariés peut vraiment influer sur votre image et attirer des talents, notamment si vous avez tendance à recruter sur LinkedIn et que vos collaborateurs y sont très présents.
Le droit à l’erreur ne concerne pas uniquement les salariés, mais aussi les candidats. Cette approche est très intéressante en matière de santé mentale, selon Séverine Loureiro. Comme le rappelle Mathilde Le Coz, DRH chez Mazars, le vécu employé est le prolongement direct de l’expérience candidat.
Marque employeur, recrutement et offboarding
Dans le prolongement de l’expérience collaborateur, le vécu du salarié qui quitte son emploi, quitte son entreprise. Le offboarding est encore trop souvent négligé au sein des entreprises. Or, il joue un rôle essentiel en termes de marque employeur et de stratégie de recrutement. En effet, on minimise souvent l’impact du traitement du départ de l’employé selon Mathilde Le Coz. Or, les offboardés contribuent à la marque employeur et ont un impact sur le recrutement de futurs talents. C’est un enjeu aussi important que celui du onboarding. Mathilde a eu l’occasion d’embaucher des personnes qui ont justement été conseillées par des personnes offboardées.
A l’inverse, si le vécu d’une personne qui quitte l’entreprise est négative, quelle sera la dernière image que votre ex-employé aura de votre entreprise ?
Pour valoriser votre marque employeur, soyez différenciant et authentique
Selon Mathilde Le Coz, avoir une marque employeur n’a jamais été aussi crucial parce qu’il n’a jamais été aussi difficile de recruter.
Le marché est drivé par l’offre. On dit que le rapport de force entre candidats et recruteurs est inversé, mais c’est normal : c’est la loi de l’offre et de la demande. S’il n’y a pas d’élément différenciant, si nous ne sommes pas en capacité de répondre à la question : pourquoi venir chez moi, et pas ailleurs, ça ne va pas.
Dans l’entreprise de Sarah Lupi, on se challenge beaucoup sur les rôles régionaux ou globaux, notamment dans une logique QVCT et stratégie de recrutement et de fidélisation par ailleurs : « Est-ce que les personnes ne peuvent pas rester dans leur pays d’origine ? Cela multiplie les possibilités de recrutement. Souvent, les femmes, pour des raisons familiales, ont plus de difficultés pour se déplacer au travail. C’est donc un bon compromis », rappelle Sarah Lupi.
Selon Séverine Loureiro, il est essentiel de construire la marque employeur sur l’alignement de la commerciale.
« Vos clients sont peut-être demain des collaborateurs. Si leur expérience client est mauvaise, ils n’iront pas postuler chez vous et vice versa, le candidat aura aussi une vision client », dit-elle.
Zoom sur l’importance du numérique
Pour une bonne marque employeur, il faut naturellement adapter la technologie dans l’expérience de recrutement. Selon Mathilde Le Coz, « On dit parfois que les robots vont recruter à la place des humains, mais je n’y crois pas. Je crois que c’est le contraire. Je ne peux pas recruter sans avoir un compte instagram, un chatbot pour embaucher les millenials ». Dans le recrutement, c’est là qu’il y a le plus d’innovations pour aider les professionnels des ressources humaines à être meilleurs dans leurs métiers. Les intelligences artificielles devraient les aider à comprendre plus rapidement les choses. Au quotidien, on a intégré beaucoup d’usages qui sont liés au numérique et dans le recrutement, il s’agit de parler le même langage. La mission des professionnels des RH n’aurait pas changé : ce serait les armes et les ressources qui seraient différentes aujourd’hui. Donc naturellement, la technologie est très importante – notamment d’un point de vue site carrières. Mais pour une bonne marque employeur, il ne s’agit pas seulement d’écrire une belle histoire sur son site carrières. Construire une marque employeur est un processus long.
L’expérience candidat débute quand une personne entre en contact avec l’entreprise et les enjeux de fidélisation commencent ici. Il doit y avoir une certaine cohérence en termes de valeur.
Les mots-clés liés au renforcement de sa marque employeur ? Expérience collaborateur, ambassadeurs de marque, engagement collaborateur, rétention des talents ou fidélisation de ceux-ci et expérience candidat. La marque employeur est un processus long qui englobe un certain nombre d’enjeux stratégiques liés à la fonction RH. Comme l’indiquait notamment le Ministère de l’Economie des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique, il s’agit d’un facteur de compétitivité sur le marché de l’emploi à l’heure actuelle.