Comment devenir recruteur de recruteurs ? Laura Pedro travaille dans le domaine du recrutement depuis 5 ans. Elle a tout d’abord commencé à travailler au sein d’une agence d’intérim, puis d’un cabinet de recrutement avant de se lancer à son compte en novembre 2022. Le mercredi 25 janvier 2023, Christophe Patte, Directeur de la rédaction myRHline, a interviewé Laura Pedro pour en savoir plus sur le sujet
Les recruteurs s’occupent de la carrière des candidats, ils les accompagnent, les chouchoutent. Mais aujourd’hui, qui s’occupe vraiment de la carrière des recruteurs ?
Comment devenir recruteur de recruteurs ?
Pourquoi devenir recruteur indépendant ? Laura Pedro nous a expliqué qu’après 5 années dans le domaine du recrutement, elle avait envie d’aller plus loin dans l’accompagnement de ses pairs, les recruteurs. Ces derniers dénichent de superbes opportunités pour les candidats. Mais, y a t-il une entreprise ou une agence qui s’occupe de leur carrière ? C’est ainsi que Laura est devenue recruteuse indépendante en novembre 2022.
Avant de commencer, je me disais : j’ai un super réseau sur LinkedIn, ça va cartonner dès le début ! Mais ça a été la désillusion. Mon audience sur LinkedIn est constituée de candidats et de recruteurs. Alors que mon cœur de cible commerciale, ce sont les dirigeants.
En se lançant, elle pensait que son large réseau lui permettrait de recruter sur LinkedIn et se constituer un carnet d’adresses. Son compte est suivi par plus de 100 000 membres sur le réseau social professionnel. Néanmoins, elle a rapidement été confrontée à une problématique d’audience. Son réseau, bien que très développé, était alors constitué en majorité de candidats et de recruteurs. Mais de peu de dirigeants d’entreprise. Alors elle a dû réajuster sa stratégie pour viser les dirigeants et ainsi, attirer sa véritable cible commerciale. Enfin, elle a également prospecté pour élargir son réseau.
LinkedIn lui a tout de même permis de crédibiliser sa position. “Mon réseau représente une véritable force de vente au quotidien” nous a-t-elle indiqué. Ses publications sont vues par plus de 500 000 personnes sur un seul et même post.
Alors, comment devenir recruteur de recruteurs ? Pour aborder les entreprises, Laura possède une licence LinkedIn Recruiter et elle s’appuie également sur l’outil qu’elle a créé, “mon vivier de candidats”. Aujourd’hui plus de 650 recruteurs sont inscrits sur ce vivier. Ensuite, le processus est semblable à celui d’un cabinet de recrutement classique (facturation au succès, garantie de remplacement…).
Quant à sa méthode, Laura ne fait pas de pré qualification téléphonique. Elle envoie un message sur LinkedIn ou un SMS au candidat pour prévoir un premier échange en visioconférence. L’objectif est de le mettre à l’aise. “Je lui propose qu’on se tutoie, s’il est d’accord. Et je n’ai jamais connu de refus ! Nous faisons véritablement connaissance ensemble avant d’entrer dans le vif du sujet : parcours, envies, motivations au travail… Si tout se passe bien, j’envoie ensuite directement son profil au client. Pour moi, les process les plus courts sont les meilleurs.”
Mais alors, un recruteur qui va devenir candidat est-il un bon candidat ? Selon elle, il connaît les attentes du recruteur, il sait là où il va vouloir creuser. Donc il saura trouver les bons mots. Pour autant, les facteurs tels que le stress et l’anxiété jouent beaucoup.
Le profil du recruteur idéal
Les entreprises recherchent-elles un profil spécifique ? Et bien oui, selon Laura, il y a des traits communs aux demandes des entreprises. Tout d’abord, il y a une forte demande sur les profils de recruteurs IT. “De nombreuses entreprises recherchent des recruteurs ayant déjà recruté des profils IT. “ Quant aux autres critères, les organisations recherchent généralement un candidat doté d’un diplôme bac + 5, sortant d’une grande école etc. »
Mon objectif, c’est aussi de faire évoluer les mentalités. Je peux proposer à mes clients des profils plus variés, qui ne cochent pas toutes leurs cases afin de provoquer chez eux une prise de conscience. Je ne pense pas forcément que pour devenir recruteur, ce fameux bac + 5 soit indispensable. Mais généralement, les entreprises sont rassurées par ce diplôme.
Les critères pour devenir un bon recruteur selon Laura concernent surtout les soft skills. Pourquoi ? Les compétences techniques s’acquièrent au fil du temps. Les pratiques ne cessent d’évoluer et l’apprentissage est continu dans ce métier. Par contre en termes de personnalité, le savoir-être, la motivation et la capacité d’adaptation sont des compétences ancrées en nous.
Selon Laura les soft skills indispensables pour devenir recruteur sont :
- La bienveillance
- L’empathie et la capacité à se mettre à la place de l’autre
- L’ouverture d’esprit, car il faut avoir envie de comprendre les candidats pour devenir un bon recruteur (sans s’arrêter aux trous dans le CV par exemple)
Les entreprises ne demandent pas vraiment que le recruteur en devenir sachent utiliser des outils techniques spécifiques. Les demandes restent très basiques : savoir rédiger une annonce de recrutement, faire du tri de CV… Très peu d’organisations ont compris l’enjeu d’attractivité lié au métier de recruteur.
L’attractivité du réseau professionnel sur LinkedIn n’est pas non plus mentionnée sur les descriptions de poste officielles. “D’ailleurs, peut-être que recruter quelqu’un qui a l’habitude de s’exprimer sur Linkedin peut faire peur aux entreprises” estime la recruteuse indépendante. Pourtant, devenir attractif sur ce réseau représente une vraie force. Et c’est justement ce pourquoi elle coache ses clients en ce sens. “J’essaye de les aiguiller vers ce qui est important ou non.”
Quant à la rémunération, le marché de l’emploi est plutôt avantageux pour les recruteurs, estime-t-elle. Mais le salaire fluctue fortement en fonction de l’entreprise ou de la région. “Je suis en Mayenne et ici, les recruteurs débutants démarrent quasiment au SMIC”.
Pourquoi devenir recruteur ?
Qu’est-ce-qui motive les candidats à devenir recruteur ? Il existe deux types de profils selon Laura Pedro. Certains candidats ont vécu de bonnes expériences avec le domaine RH en général et vont vouloir devenir recruteur. Pour autant, le recrutement ne va pas nécessairement être ciblé car c’est un métier finalement assez peu connu. Et enfin, il y a ceux qui se reconvertissent car ils désirent changer les choses à cause de mauvaises expériences avec des recruteurs.
Quelles sont les tendances RH de 2023 concernant le marché du travail ? “De mon côté, j’ai envie que ça évolue” nous confie Laura. Les chargés de recrutement aujourd’hui ne sont pas seulement chargés de recrutement. Ils doivent également devenir des recruteurs plus polyvalents et prendre en compte le fameux marketing RH, le copywriting et tout ce qui va avec. Elle n’est donc pas certaine que les entreprises soient prêtes à évoluer, qu’elles en aient envie et qu’elles aient compris cet enjeu.
Je suis passionnée de recrutement et j’ai envie de faire évoluer les choses, de donner au recruteur la place stratégique qu’il mérite vraiment. Les recruteurs, ce sont mes pairs. Je sais réellement ce qu’ils ressentent, cette frustration, ce manque de reconnaissance, cette envie d’aller plus loin. Devenir recruteuse de recruteurs me permet de les accompagner le mieux possible et de changer tout ça.
Mais alors, pourquoi un recruteur en devenir choisit-il de rejoindre une entreprise ? Les 4 critères les qui motivant sont :
- Les opportunités d’évolution, formation interne et de développement des compétences
- Le récompense et la reconnaissance de son manager et de son entreprise
- La culture d’entreprise
- La QVCT (environnement de travail, flexibilité horaire, work-life balance…)
La crise sanitaire a joué un rôle dans la quête de sens des candidats. Mais comme toujours, lorsqu’il y a une évolution des comportements, on assiste à un pic avant un rétropédalage. Beaucoup d’entreprises reviennent en arrière, par exemple concernant leur politique de télétravail ou de flex office. Et parfois, à la demande des salariés eux-mêmes, pas seulement de la direction. En 2023, nous allons donc peut-être faire face à plusieurs ajustements.
Qu’en est-il du salaire si l’on souhaite devenir recruteur ? Selon Laura, un recruteur débutant peut demander entre 28 et 30 000 euros à l’année. En termes d’évolution, la fourchette varie en fonction des entreprises, des secteurs et des régions. Le salaire du responsable recrutement se situe entre 60 et 70 000 euros à l’année.
Pour en savoir plus sur la rémunération dans la fonction RH, découvrez notre article : salaire RH.
À propos de Laura PEDRO, recruteuse de recruteurs
Je recrute des professionnels du recrutement pour toutes sortes de sociétés en France (ESN, Startup, PME, grands groupes…). Vous pouvez prendre contact avec moi sur mon site interne attractyourtalents.