La connaissance de soi et la coopération sont deux soft skills indispensables dans le monde professionnel. Pour quelles raisons ? Comment les développer ? Pour répondre à ces questions, la rédaction a interviewé Lionel Ancelet (coach de carrière, formateur en soft skills et en interculturel auprès de grandes écoles d’ingénieurs, de management et de communication, et de grands groupes internationaux) et Jean-Yves Arrivé (psychologue et consultant RH, auteur de 7 ouvrages sur l’intelligence émotionnelle, la psychologie comportementale et le coaching, dirigeant du cabinet Co’acting).
Quel est l’intérêt des soft skills en entreprise ?
Les soft skills sont des compétences transversales et comportementales qui ne sont ni des compétences techniques ni technologiques. “ Pour que les compétences métier puissent pleinement s’exprimer, chacun doit posséder des compétences intra et interpersonnelles dites soft skills “ affirme Lionel Ancelet.
Les soft skills correspondent à toutes les compétences relationnelles qui vont permettre aux collaborateurs de travailler en équipe et de gérer leurs propres émotions pour les transformer en un résultat constructif. Selon Gardner, l’intelligence intrapersonnelle et interpersonnelle sont globalement ce qu’on nomme aujourd’hui les soft skills.
En France, le système éducatif est inadapté aux besoins actuels. Il montre une incapacité chronique à mettre en œuvre le développement des soft skills. Il privilégie l’intelligence linguistique et logico-mathématique. Pourtant, nous le savons depuis les travaux d’Howard Gardner : il n’y a pas une seule intelligence mais 8 formes d’intelligence.
Elles englobent les compétences comportementales, humaines, relationnelles mais aussi analytiques nommée les 4 C : la pensée critique, la créativité, l’art de la communication et la coopération.
Alors, pourquoi le développement des soft skills est-il indispensable en entreprise ? Les collaborateurs sont passés d’un rôle “d’exécutant” reproduisant des gestes répétitifs, à un rôle d’acteur, gérant des opérations complexes et supposant plusieurs intervenants sur un même projet. “ La complexité des actions suppose des interactions pour atteindre les objectifs communs fixés “ affirme Jean-Yves Arrivé. “ Sans soft skills, aucun projet commun n’est envisageable. ”
Pour embarquer son équipe et faire aboutir son projet, il ne suffit donc pas de posséder des compétences techniques. Développer le leadership, l’intelligence émotionnelle, et la capacité d’écoute de l’autre est indispensable pour bien manager une équipe.
Ce qui est d’autant plus vrai à une époque où le télétravail se démocratise dans certains métiers. Le développement des soft skills devrait donc être prioritaire dans l’éducation ainsi que lors de la formation continue, notamment au sein des fonctions dirigeantes et des comités de direction.
Comment définir la connaissance de soi et la coopération ?
“ Si je ne me connais pas, je ne peux pas entrer en relation avec l’autre “ affirme Lionel Ancelet. Développer la connaissance de soi est une condition essentielle pour réussir à communiquer avec autrui.
La connaissance de soi représente la capacité à comprendre comment nous réagissons face aux comportements des autres. Mais elle permet aussi d’identifier ce qui peut déclencher des émotions négatives chez autrui et de mettre en place des stratégies individuelles pour construire de bonnes relations interpersonnelles.
Dans le monde professionnel, cette compétence est indispensable pour comprendre comment communiquer de façon efficace et recueillir des informations de la bonne manière en fonction de son interlocuteur. Au fur et à mesure du temps, chacun d’entre nous va développer des modes de fonctionnement et des automatismes qui peuvent bien fonctionner ou bien être totalement contre productifs. Une part d’inné et d’acquis se mélangent en fonction de notre expérience de vie, de notre éducation, de nos études etc.
La connaissance de soi permet donc aux collaborateurs de prendre conscience de leur mode de fonctionnement et de prendre du recul voire de sortir de leurs automatismes pour changer de direction. “ Parfois, nous avançons en mode “pilote automatique”. Mais nous devons être capable de prendre du recul sur nos automatismes, pour les laisser fonctionner lorsqu’ils sont pertinents, sans en être prisonniers “ explique Lionel Ancelet.
Dans le cadre professionnel, la connaissance de soi représente aussi la capacité à savoir dire qu’on ne sait pas lorsque c’est le cas, mais à ne pas rester bloqué et à trouver des solutions pertinentes. En ce sens, le droit à l’erreur doit être permis car l’analyse de nos actions nous permet de progresser.
Selon Jean-Yves Arrivé “ Chacun devrait être en mesure de se connaître afin d’être un modèle de comportement pour les autres. L’exemplarité est très importante au sein d’une équipe et permet de maintenir la motivation au travail et la QVCT. “
La coopération permet de fédérer les énergies et les compétences de chacun pour atteindre un objectif commun. Le tout, en dépensant le moins d’énergie possible. La coopération est liée à la connaissance de soi car elle permet justement d’être capable de comprendre les besoins des autres tout en exprimant les siens. Il est donc plus simple d’adapter son style de management et de communication. La coopération possède de nombreux atouts dans le monde du travail car elle permet de comprendre pourquoi la personne n’est pas réceptive à nos propos, pour ainsi gagner en flexibilité.
Peut-on développer la connaissance de soi et la collaboration ?
La connaissance de soi et la collaboration correspondent à deux compétences comportementales qui peuvent être développées. Pour cela, il est utile de s’appuyer sur des modèles de personnalité qui simplifient la réalité mais permettent de s’appuyer sur une grille de lecture, afin de comprendre son fonctionnement et celui des autres.
Lionel Ancelet explique que les questionnaires de personnalité s’apparentent à un plan de Paris. À l’image d’une carte, ces inventaires dressent un “portrait simplificateur” de la réalité mais présentent des informations clés permettant de se repérer.
Un modèle de personnalité correspond en quelque sorte à une carte. Comme cette dernière, il permet de se repérer dans le territoire de sa personnalité et celle des autres, pour mieux comprendre où on se situe et où on pourrait aller.
Le développement de ces soft skills peut être amorcé en autonomie. Le livre de Lionel Ancelet Devenir complet plutôt que parfait” (Connaissance de soi & coopération) édité par Pearson dans la collection « Human skills » coordonnée par Jean-Yves Arrivé a d’ailleurs vocation de démarrer un travail sur soi en autonomie. L’objectif est double. D’une part, chacun peut identifier ses forces pour les cultiver et ainsi repérer ses talents naturels (“zones de confort”). D’autre part, l’intérêt de mieux se connaître réside dans le fait de repérer et prendre conscience de ses zones d’inconfort pour s’améliorer et travailler dessus.
Le livre offre une grille de lecture permettant de repenser à des situations vécues et d’observer ses collègues pour comprendre leur modèle de fonctionnement.
Pour aller plus loin dans cette démarche, le collaborateur peut se faire accompagner par un coach ou un consultant qui propose un inventaire typologique de personnalité tel que le Golden Personality Profiler édité par Pearson TalentLens, qui conduit à une meilleure connaissance de soi-même et des autres. Travailler avec quelqu’un d’extérieur est très important car c’est grâce à l’effet miroir et aux feedbacks reçus qu’il est possible de prendre du recul sur son mode de fonctionnement.
Cette démarche n’a d’intérêt que sur la durée et suppose un accompagnement respectueux ainsi que l’utilisation d’outils reconnus scientifiquement, tels que les inventaires de personnalité édités par Pearson TalentLens. De plus, si la personne n’est pas motivée à s’engager dans une évolution comportementale, la démarche n’aura que peu de chance d’être fructueuse.
Il faut également prendre en compte le fait que la personne évaluée va remplir le questionnaire dans un certain état d’esprit, à un instant T. Celui-ci offre une photo de la personnalité telle que vécue à un moment précis. C’est pourquoi il doit être administré par quelqu’un de formé, qui va ensuite expliquer et commenter les résultats.
Les inventaires de personnalité permettent ainsi d’améliorer ses automatismes dans le but de prendre des décisions de meilleure qualité. Par ailleurs, une fois le questionnaire réalisé, la personne qui le réalise sera en mesure d’identifier son style de leadership, de management et ses tendances pour s’adapter à un contexte particulier, tout en sortant de ses automatismes.
De la même manière, il est possible de développer sa capacité à collaborer. Lorsqu’on se comprend et qu’on comprend l’autre, on peut alors adapter son discours à son interlocuteur et recourir à des arguments qui vont directement lui parler. C’est pour cette raison qu’adapter son style de communication permet d’être plus convaincant et de gagner en flexibilité.
➡️ Pour approfondir le sujet, rendez-vous le 21 juin à 11 heures pour le webinar Connaissance de soi et coopération : deux soft skills incontournables. Lionel Ancelet et Jean-Yves Arrivé interviendront sur l’importance des soft skills, notamment la connaissance de soi et la coopération. Ces compétences sont essentielles pour mieux comprendre ses comportements et ceux des autres, être plus à l’aise dans ses missions et mieux collaborer avec les autres.