Quel est le rapport des jeunes de moins de 30 ans avec le travail ? Quelle motivation au travail pour les jeunes ? La “valeur travail” est-elle perçue comme immuable ? Souhaitent-ils modeler leur carrière selon leurs propres besoins ? Ce sont les questions qui ont été posées à 1051 jeunes français de 18 à 30 ans, pour l’étude Indeed et Le Parisien Eco, publiée le 20 octobre 2022.
Flexibilité horaires et (dé)sacralisation du week-end
La flexibilité au travail, une question qui divise les jeunes
Dans cette étude, la question de la flexibilité des horaires de travail divise beaucoup les jeunes français interrogés. Deux groupes se dessinent.
La premier groupe, où 53% des jeunes déclarent préférer un métier sans horaires précis définis. La raison ? Pouvoir organiser leur travail selon les horaires qui les arrangent. Quitte à commencer leur journée de travail très tôt le matin ou bien à finir très tard le soir.
Le second groupe représente 43% du panel. Ils aspirent, eux, à exercer une profession avec des horaires fixes, même s’ils ne peuvent pas les décaler.
Les chiffres indiquent également une disparité entre les genres :
- Les femmes sont plus enclines à souhaiter des horaires de travail flexibles : 55% contre 51% des hommes
- Les hommes ont tendance à favoriser les horaires fixes : 44% contre 41% des femmes
Les jeunes prêts à travailler le week-end ?
Sur le principe, seulement 27% des jeunes affirment tenir au fait de ne pas travailler le samedi et le dimanche. Ce sont même près d’un sur deux (42%) qui déclare être prêt à travailler un des deux jours du week-end, le samedi idéalement. 30% des répondants se disent même d’accord pour travailler les deux jours du week-end.
Pour être précis, les jeunes qui ne possèdent pas le diplôme du bac sont les plus nombreux à ne pas vouloir travailler le week-end. Ce qui semble être un paradoxe car ils sont les plus exposés aux métiers de services travaillant le week-end, notamment la vente, l’hôtellerie et la restauration.
Les modes de travail plébiscités chez les jeunes
Parmi les modes de travail plébiscités, on retrouve la semaine de 4 jours, souhaitée par 53% des jeunes, ainsi que l’obtention d’un CDI à mi-temps à 44%.
L’équilibre vie professionnelle vie personnelle est central dans la vie des jeunes français. Cette quête d’épanouissement au travail s’illustre par leur souhait d’adapter leurs horaires à leur vie personnelle et les moduler selon leurs besoins. Ce qui pourrait sembler contre intuitif par rapport à l’inflation croissante et la forte précarité chez les jeunes. En effet, ces modes de travail impliquent une diminution de leurs revenus.
Une part non négligeable des jeunes générations est donc prête à favoriser leur épanouissement et leur work-life balance aux dépens de leur sécurité financière et leur travail.
Les jeunes et le travail : une relation à la carte ?
Des différences entre ce qui semble être dépassé et la réalité
Alors que les jeunes sont souvent dépeints comme peu enclins à évoluer pendant longtemps au sein de la même organisation, 45% d’entre eux indiquent préférer rester dans la société où ils travaillent ad vitam eternam.
→ 27% des jeunes souhaiteraient par contre exercer différents postes dans différentes entreprises.
Pourtant, lorsque les jeunes ont dû choisir trois affirmations dépassées ou “has been”, ils ont cité :
- Rester dans la même entreprise pendant 10 ans (28%)
- Le fait d’exercer le même travail pendant 10 ans (28%)
- Avoir un responsable à qui rendre des comptes (27%)
La mobilité interne représente donc un enjeu de taille pour les entreprises qui vont accueillir ces nouvelles générations de talents.
Une carrière sur-mesure ?
9 jeunes sur 10 envisagent de faire une pause dans leur carrière professionnelle à un moment essentiel de leur vie. Les raisons ? À 36% pour voyager et à 30% pour se consacrer à leur vie familiale.
La réponse du voyage est plus représentée chez les jeunes ayant un niveau de diplôme supérieur à Bac +2 et chez les hommes. Celle concernant la vie de famille est plus populaire chez les personnes les moins diplômées et chez les femmes.
Cette conception sur-mesure du travail altère donc comment pourrait s’orienter leur carrière sur le long terme. Car cette flexibilité s’illustre dans le côté pratique du métier (horaires, organisation du travail) mais aussi dans la conception même de la carrière.
Un équilibre précieux travail – vie privée
Les jeunes ont donc des attentes précises en matière d’équilibre travail et vie personnelle. Ils désirent concilier leurs temps de vie pour s’épanouir et répondre à leurs aspirations à la fois personnelles et professionnelles.
La flexibilité n’est donc pas seulement une question d’horaires et de modes de travail. Elle concerne également leur carrière et leur trajectoire professionnelle à court et moyen terme.
La perception des jeunes français est révélatrice de leur quête de sens du travail. Les entreprises doivent désormais répondre à la quête d’épanouissement des jeunes pour permettre la rétention et la fidélisation des talents.