Santé mentale des jeunes, quel est l’impact de la crise sanitaire ? Depuis deux ans, la crise sanitaire bouleverse la santé psychologique des collaborateurs et l’organisation du travail. Alors que la France entre dans une nouvelle vague de Covid, dans la dernière enquête du 6 juillet 2022, Malakoff Humanis a observé une augmentation des arrêts maladie au premier trimestre 2022, par rapport à la même période en 2021. Au mois de mars 2022, 18% des salariés ont été arrêtés au moins une fois, contre seulement 11% en mars 2021. L’étude démontre que la santé mentale des jeunes est particulièrement touchée : 36% des moins de 30 ans ont été en arrêt de travail pour dépression en mars 2022. Ils étaient 21% en mars 2021.
Vers une dégradation de la santé mentale des jeunes
Plus de la moitié des arrêts maladie du premier trimestre 2022 sont liés au Covid-19 avec 56% pour l’ensemble des salariés et 58% pour les moins de 30 ans. Mais au-delà des cas de contamination, le nombre d’arrêts maladie est lourdement impacté par la dégradation de la santé mentale des collaborateurs et plus particulièrement des jeunes. Les jeunes actifs sont notablement touchés par cette augmentation et leur santé mentale semble donc plus fragile. En effet, 36% des jeunes de moins de 30 ans ont été en arrêtés une fois en mars 2022, alors qu’ils n’étaient que 21% en mars 2021.
Les 44% des jeunes qui jugent négativement leur santé mentale l’attribuent au contexte professionnel et à une mauvaise QVCT. Effectivement, 67% d’entre eux imputent l’état de leur santé mentale à l’intensité et au temps de travail et 47% aux rapports sociaux au travail dégradés. Quant aux autres causes, 28% des jeunes évoquent des raisons personnelles avec tout d’abord leur situation financière (56%) puis des difficultés psychologiques personnelles (44%) impactant leur santé mentale. Sur le plan de la santé physique et non mentale, 18% des jeunes de moins de 30 ans la jugent mauvaise, contre 14% de l’ensemble des collaborateurs.
- 23% des jeunes de moins de 30 ans jugent négativement leur santé mentale (vs 16% pour l’ensemble des collaborateurs)
- 48% d’entre eux déclarent mal dormir (vs 32% de l’ensemble)
- 42% se disent stressés (vs 28%)
- 34% sont émotionnellement et mentalement épuisés (vs 22%), voire à bout de force (29% vs 19%).
- 43% des salariés qui jugent leur santé mentale médiocre ont été arrêtés en mars 2022. Ce chiffre atteint 51% chez les jeunes de moins de 30 ans
Les jeunes actifs et les salariés aidants plus touchés
Le Covid est à l’origine de 56% des arrêts de travail, contre 45% en mars 2021.
En mars 2022, 18% des collaborateurs ont été arrêté au moins une fois. Ce taux est fortement élevé chez les proches aidants puisqu’il atteint 40%. En 2021, ce taux atteignait 25% pour les aidants.
Hors période de crise sanitaire, les accidents ou traumatismes (29%) en sont la première cause, suivie par les troubles psychosociaux détériorant la santé mentale tels que la dépression, l’anxiété, le stress ou encore l’épuisement professionnel (14%) et enfin les troubles musculosquelettiques (13%). Chez les jeunes de moins de 30 ans, 16% des arrêts hors Covid sont dûs à des motifs psychologiques, donc à leur santé mentale.
Le renoncement ou le report des soins concerne 54% des aidants, 37% des jeunes et 33% des managers. Les 3 raisons évoquées sont tout d’abord, le manque de temps à 35%, puis les difficultés à obtenir un rendez-vous et enfin les raisons financières. Face à la 7ème vague, la santé mentale des jeunes et des aidants va-t-elle continuer à être impactée ?
Laurène Boussé