32% des recruteurs envisagent de changer de métier dans les 12 prochains mois. À quelles difficultés sont-ils confrontés ? Quels sont les leviers à actionner ? L’enquête CleverConnect et PageGroup, publiée en juillet 2022, interroge les évolutions et les enjeux liés au métier de recruteur.
Recruter de nouveaux talents, un challenge impossible ?
Dans un contexte de pénurie des talents où le marché de l’emploi est ultra-concurrentiel, l’enquête CleverConnect et PageGroup révèle que 95% des dirigeants et 82% des recruteurs ont connu des difficultés de recrutement au cours des six derniers mois. Ces difficultés ont sans aucun doute participé à la perte de motivation des recruteurs et à leur envie de quitter la profession. Menée en partenariat avec l’IFOP auprès de 200 recruteurs et 200 dirigeants d’entreprise, l’étude révèle que certains secteurs sont plus touchés que d’autres. Pour le secteur du commerce par exemple, le constat est sans appel : 100% des dirigeants y ont été confrontés.
Lorsqu’on interroge les chefs d’entreprise, 98% estiment que les recruteurs jouent un rôle stratégique pour l’entreprise. Côté recruteurs, ils sont 81% à juger que leur rôle est devenu plus important ces dernières années. Malgré ce constat, seules 30% des entreprises ont augmenté leur budget dédié au recrutement entre 2021 et 2022.
« Un point majeur qui se dégage de l’étude est que les dirigeants sont conscients des difficultés vécues par les recruteurs mais que cette prise de conscience ne se matérialise pas assez en actes. Or, la profession a besoin de se sentir valorisée et soutenue dans les faits. Les managers opérationnels doivent être davantage impliqués dans les processus de recrutement pour contribuer à la valorisation de la marque employeur et à l’amélioration de l’expérience candidat. Il est également nécessaire de mieux les sensibiliser à l’état du marché car les recruteurs le confirment : un décalage existe entre leurs demandes et la réalité du marché candidats. »
Les difficultés rencontrées par le recruteur
Le recruteur est confronté à deux types de difficultés : les difficultés exogènes, liées au marché et aux attentes des candidats, et les difficultés endogènes qui incombent à l’organisation interne.
Parmi les difficultés exogènes “Le déficit de qualité des candidats et le manque d’adéquation avec les besoins recherchés “ est mentionné par 65 % des dirigeants et 44% des recruteurs. Ils citent ensuite les rémunérations proposées, jugées trop peu attractives par 40% des recruteurs et 27% des dirigeants.
Quant aux difficultés difficultés endogènes, 3 facteurs principaux sont cités :
- La « difficulté à bien évaluer les candidats » côté recruteur (46%) et 37 % des dirigeants
- Le « manque de moyens humains dans l’équipe recrutement » selon 27 % des recruteurs et 34 % des chefs d’entreprise
- Le « processus de recrutement trop long ou complexe » selon 27 % des recruteurs et 18 % des dirigeants
En plus d’un contexte marché compliqué et bouleversé par la crise sanitaire, les recruteurs estiment que leur quotidien s’articule autour de nombreuses tâches chronophages et à faible valeur ajoutée. Parmi celles qui leur demandent le plus de temps, nous pouvons citer le tri des candidatures reçues (présélection des CV, réponses aux candidats…) à 45 %, le sourcing ou processus de recherche de candidats à 42 % et la rédaction et la diffusion des annonces à 24 %.
Quand les recruteurs veulent changer de métier
Même si 94% des recruteurs ont quasiment tous confiance dans la capacité de leur entreprise à recruter tous les profils recherchés, les difficultés rencontrées peuvent avoir un impact sur leur attachement au métier. Ils sont 72% à penser que le métier de recruteur est devenu plus compliqué et pour 38%, il n’a pas beaucoup évolué. C’est pourquoi ils sont 32% à envisager de quitter le métier de recruteur dans les douze prochains mois. Chez les moins de 35 ans, le pourcentage atteint 49%, 64% chez les professionnels ayant systématiquement rencontré des difficultés de recrutement au cours des six derniers mois.
Les trois leviers à actionner pour changer l’image du métier de recruteur
- Simplifier le quotidien du recruteur : en automatisant ou en externalisant certaines tâches chronophages, il pourra se consacrer à la rencontre et l’évaluation des candidats.
- Améliorer l’expérience candidat : en valorisant la culture d’entreprise et la marque employeur
- Ré-enchanter et valoriser le métier : chaque personne souhaite donner du sens à son métier
Laurène Boussé