UN LXP AU SEIN DE L’UNIVERSITÉ GROUPE EDF. Nicolas Oscillante est responsable du Studio Digital de l’Université Groupe EDF. Présent à l’international, le Groupe compte près d’une cinquantaine de filiales, et plus de 230 métiers différents. Chaque année, les 180 000 salariés bénéficient de près de 7 millions d’heures de formation professionnelle.
myRHline a rencontré Nicolas Oscillante afin de mieux comprendre pourquoi et comment l’organisation a transformé la formation dans le but d’accroître l’engagement apprenant.
Quelles étaient les problématiques de la formation du groupe EDF ?
Historiquement, nous avions une architecture de formation un peu complexe avec, d’une part, une plateforme destinée au développement des compétences transverses et techniques de l’ensemble des salariés. Et, d’autre part, une plateforme avec des offres de formations managériales.
Or, par les remontées du terrain, les enquêtes de satisfaction réalisées auprès de nos apprenants, le constat suivant a été fait : les salariés avaient du mal à se retrouver dans l’offre de formation de l’entreprise.
En effet, selon le contenu pédagogique recherché, il fallait naviguer sur des espaces différents. Par exemple : un LMS pour identifier une formation technique digitale, un autre pour ma formation managériale, et encore une autre plateforme TMS pour retrouver l’offre présentielle. Cette dilution des ressources pédagogiques empêchait ainsi nos salariés d’avoir une vision globale de l’offre d’apprentissage mise à leur disposition. Des retours confirmés par des niveaux de consommation bas sur certains de nos produits pédagogiques.
Autre constat : nous pouvions encore progresser dans la mise en place de synergies de niveau Groupe. En particulier sur des thématiques communes telles que la cybersécurité, l’éthique et la conformité, la sécurité, etc. Des sujets inhérents aux politiques déployées à l’échelle du groupe et qui, pourtant, amenaient parfois à réaliser plusieurs fois un même travail d’ingénierie pédagogique.
Ainsi, nous pouvions, par exemple, avoir nos équipes d’ingénierie qui déployaient un parcours au sein d’EDF SA. Puis, quelques mois plus tard, découvrir un parcours proche en cours de déploiement dans l’une de nos filiales. Nous avions donc du contenu pédagogique produit en double, voire en triple. L’une des causes identifiées est l’absence d’un véritable outil commun rendant visible au plus grand nombre l’offre de formation ouverte au Groupe.
En définitive, c’est la fin du contrat de notre plateforme historique « managers » qui nous a conduits à nous poser la question suivante : comment bâtir une nouvelle stratégie qui va répondre à ces enjeux ? C’est-à-dire permettre de déployer une offre beaucoup plus claire et lisible pour les salariés avec un focus particulier sur l’expérience utilisateur, et permettant plus de synergies au niveau du Groupe.
Pourquoi avez-vous fait le choix d’une solution LXP au sein de l’Université EDF ?
Vous l’avez compris, pour nous, l’enjeu était de réussir à unifier l’écosystème d’apprentissage de nos apprenants. Ou, en tout cas, à réussir à en masquer les coutures aux yeux de nos apprenants.
Bien évidemment, il était important pour nous de réaliser ce projet de manière performante : avec une durée la plus courte possible, sans remettre en cause dans un premier temps l’ensemble de l’écosystème actuel du Groupe et, bien entendu, en limitant les coûts.
Nous avons donc cherché à répondre de façon très réactive au besoin d’un catalogue unifié. Ainsi, des premiers travaux en mode « start-Up » se sont montés et ont mené à la mise en ligne dans notre outil de communication Groupe d’un annuaire des formations. C’est-à-dire un catalogue regroupant les formations disponibles. Mais nous voulions aller plus loin, et offrir une expérience encore meilleure auprès de nos apprenants.
De fait, nous avons commencé à lister les fonctionnalités attendues en fonction de nos enjeux avant d’essayer d’identifier des solutions. Nous avons commencé par étudier la possibilité d’utiliser le LMS de notre partenaire Syfadis. Malheureusement le dispositif ne répondait pas à tous nos besoins.
Et pourtant, c’est bien ce partenaire qui a fini par nous proposer la solution : le LXP Bealink (Bealink a été rachetée par Syfadis en décembre 2023), dont les fonctionnalités correspondaient en tous points à nos attentes pour créer un portail unique d’accès à la formation à destination des salariés du Groupe. Et ce, tout en limitant les coûts de l’opération.
En effet, le choix de cette solution nous a permis de réduire les coûts de migration. En effet, dans la mesure où nous avons conservé la plupart des contenus hébergés par ailleurs et sur nos différentes plateformes, nous n’avons eu qu’à transférer les ressources issues de notre plateforme « managériale » arrivant à échéance. Pour ce faire, nous avons su compter sur l’expertise et la réactivité de Bealink.
Au-delà de faire office d’agrégateur de contenu, ce LXP a aussi l’avantage de s’illustrer comme un véritable espace d’hébergement pour les ressources de niveau Groupe.
En clair, celui-ci nous permet désormais d’avoir un espace ouvert et simple à l’usage.
Du LMS au LXP, comment l’université EDF a-t-elle piloté cette transformation ?
Pour piloter cette transformation, je dirais que nous l’avons appréhendée comme un projet global sur lequel il fallait, entre autres, travailler le marketing de l’offre.
En pratique, cela fait plusieurs années que nous avançons déjà sur ce sujet de comment marketer la formation pour donner envie aux apprenants de développer leurs compétences, d’avancer dans leur parcours professionnel. Mais la refonte du portail de formation nous a offert l’opportunité d’aller plus loin.
Pour ce faire, nous avons pu compter sur l’expérience et le dynamisme de notre chef de projet marketing, Stephany Kong, qui a pris cette mission à bras le corps, depuis quelques années au sein de l’Université EDF. Outre la mise en avant du LXP Bealink en lui-même et des contenus propulsés, il a ainsi fallu aborder différentes questions telles que :
- Comment susciter l’intérêt chez les apprenants ? Leur donner envie de revenir ?
- Comment mettre en place de nouveaux formats pédagogiques ?
- Comment diffuser les informations adaptées, selon les profils apprenants ?
- Comment communiquer de manière ciblée et directe sur les besoins d’apprentissage ? Les dispositifs de formation ? Etc.
Une approche somme toute assez logique, où les enjeux, la solution technique et les moyens de déployer le dispositif devaient être cohérents les uns avec les autres. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’à une échelle plus globale, la mise en œuvre du LXP a été orchestrée par notre chef de projet marketing et un chef de projet IT. Tous deux étant accompagnés de nos partenaires.
Dans un premier temps et depuis fin 2023, le déploiement du LXP s’est limité au ciblage managérial de l’entreprise : managers d’équipe, managers de projet, dirigeants et futurs dirigeants.
Au sein du Groupe EDF, cela représente environ 40 000 salariés. Ce qui constituait un excellent panel pour des premières expérimentations.
Depuis le mois de juin 2024, nous sommes entrés dans la deuxième phase du déploiement. Celle qui consiste à ouvrir le portail à l’ensemble de nos collaborateurs.
Quels sont les retours de la ligne managériale dont l’accès au LXP est effectif depuis fin 2023 ?
Comme je l’évoquais un peu plus tôt, le département formation a l’habitude de mener des enquêtes internes. Notre chef de projet marketing LXP est aussi dans cette démarche-là de jauger l’expérience apprenant pour cerner leur perception.
Lors de la dernière enquête diffusée début 2024, nous avons bien entendu introduit des questions autour de l’outil et nous avons eu des retours très positifs.
D’abord sur la fluidité, l’ergonomie, la modernité de l’interface avec beaucoup de feedbacks positifs sur la — tant attendue — centralisation des contenus et la simplicité de navigation dans le catalogue.
De même, nous avons également interrogé le niveau de satisfaction vis-à-vis de cette nouvelle plateforme. Avec environ un millier de répondants, celle-ci obtient une note de 3,5/4. Ce qui, entre nous, est un excellent résultat.
En parallèle, nous avons aussi observé des chiffres en cohérence avec ces premiers retours. Parmi les indicateurs suivis, la croissance du trafic sur les plateformes est flagrante. Tout comme celle du nombre d’heures de formation digitale réalisées (e-learning), du temps de connexion des apprenants ou encore plus globalement du taux de salariés formés.
D’une année à l’autre, toutes ces démarches ont ainsi permis de doubler le nombre de dirigeants participant à nos programmes pédagogiques (tous types confondus) : de 25 % nous atteignons aujourd’hui plus de 50 % des dirigeants touchés par un de nos moyens de développement dans l’année.
Autant de données, à la fois qualitatives et quantitatives, qui démontrent que notre démarche a atteint une autre ambition : celle de rendre les salariés plus acteurs de leur parcours de formation continue. Et ce, même si, en pratique, il est toujours difficile de savoir avec précision ce qui a pu faire la différence.
Est-ce que le social learning fait partie de votre approche de la formation ?
Je viens de l’évoquer, rendre les salariés acteurs de leur développement est important pour nous. Le social learning fait donc effectivement partie des modalités pédagogiques que nous souhaitons déployer davantage à l’avenir.
Pour l’heure, ce sont principalement les salariés des organismes internes de formation qui ont la charge d’alimenter nos LMS et/ou de promouvoir les offres pédagogiques. Nous réfléchissons à donner davantage la main aux métiers, voire aux salariés eux-mêmes, sur ces sujets-là. Après tout, qui de mieux placé que les salariés présents sur le terrain pour identifier et étoffer les ressources nécessaires à leurs pratiques professionnelles ?
Avec le LXP, nous avons une opportunité d’offrir à chaque salarié un outil lui permettant de partager ses connaissances en venant déposer lui-même son contenu, quel que soit le format. Tout en ayant bien évidemment la possibilité d’en faire une modération par des administrateurs lorsque cela est nécessaire.
Quels sont les projections 2025 ?
Il y a beaucoup de choses qui vont nous occuper dans les prochains mois. Tout d’abord, nous devons réactualiser nos offres et le catalogue de formations pour arriver à articuler nos différentes académies. Ce projet s’inscrit en cohérence avec notre partenariat avec Edflex, signant l’arrivée de nombreux contenus sur étagère en libre-service accessibles depuis le LXP. Ces contenus pourraient ainsi nous permettre de revoir une partie de notre offre pour la moderniser ou encore l’étoffer sur des sujets d’actualité.
Ensuite, en ce qui concerne les grandes orientations, l’un de nos grands enjeux sera d’accompagner et promouvoir les transformations impulsées au sein du Groupe, tant sur les axes stratégiques que culturels. C’est bien là qu’un produit tel que le LXP prendra tout son sens, en s’inscrivant pleinement dans cette démarche.
© Photo : médiathèque EDF