La charge mentale n’est plus un concept théorique ou réservé à quelques métiers. En quelques années, elle est devenue un élément structurant du rapport au travail. Le dernier baromètre IFOP/News RSE (octobre 2025) le confirme : les salariés jonglent désormais avec une accumulation de contraintes, professionnelles comme personnelles. Et les conséquences de cette surcharge, se mesurent dans ces deux sphères.
Décryptage d’un phénomène devenu incontournable au regard des enjeux de qualité de vie et des conditions de travail.
Charge mentale au travail, de quoi parle-t-on ?
La charge mentale au travail est définie comme « l’encombrement psychologique provoqué par des préoccupations d’ordre professionnel, y compris en dehors des horaires de travail ». Celle-ci peut affecter la QVCT (Qualité de Vie et des Conditions de Travail) des salariés et leur santé psychologique.
En pratique, l’on dénombre 6 critères pour calculer la charge mentale. Les voici :
- Le stress ressenti au travail
- L’hyperconnexion
- Les troubles du sommeil
- L’impression de « ne pas s’en sortir »
- Le sentiment d’intrusion de sa vie professionnelle dans son quotidien
Aujourd’hui, 81 % des actifs déclarent ressentir au moins un de ces effets négatifs dans leur quotidien. Et pour 37 % d’entre eux, proportion qui grimpe fortement chez les catégories les plus modestes, l’impression d’être “dépassés” devient un état quasi permanent.
Un phénomène ancien, mais désormais visible
Si la pandémie a servi de révélateur, ce phénomène était pourtant déjà bien présent. Avec le travail devenu ATAWAD (Any Time, AnyWhere, Any Device), la capacité à se déconnecter s’est fragilisée. Le « penser travail » s’invite dans les soirées, les week-ends, voire dans le sommeil.
La charge mentale que l’on attribuait autrefois surtout aux « cols blancs », est aujourd’hui mieux identifiée, et les facteurs qui l’exacerbent sont désormais mieux documentés.
Quels sont les facteurs qui accentuent la charge mentale ?
La charge mentale ne touche pas un métier ou un secteur en particulier : elle résulte avant tout d’une accumulation de contraintes personnelles et professionnelles.
Le contexte personnel : un terrain de vulnérabilité accru
Certaines situations de vie augmentent significativement la probabilité d’être en surcharge. Par exemple, les :
- parents d’enfants en bas âge,
- familles monoparentales,
- salariés aidants,
- femmes (67 %, contre 57 % des hommes), sont davantage touchés.
Le contexte professionnel : responsabilités, organisation et complexité du travail
Sur le plan professionnel, plusieurs facteurs amplifient la charge mentale :
- l’encadrement d’équipe (82% des managers supervisant 5 personnes ou plus se disent concernés),
- les salariés de la fonction publique, qui figurent parmi les plus exposés (en lien avec des contraintes organisationnelles fortes, une charge administrative dense et une baisse perçue des moyens) ;
Plus largement, l’augmentation de la complexité des missions, de l’incertitude, des interruptions et des arbitrages permanents, font basculer vers ce phénomène d’encombrement psychologique. Additionnés, ces facteurs influencent aussi bien les trajectoires professionnelles que la santé.
Quand la charge mentale déborde : les effets sur la carrière et la santé
La première conséquence observée d’une charge mentale trop importante est la détérioration des conditions de travail. Toujours selon le baromètre IFOP/News RSE, de nombreux collaborateurs expliquent avoir dû renoncer à un projet professionnel ou décliner une opportunité pourtant désirée. Et la charge mentale agit aussi sur la sphère personnelle : stress qui s’installe, fatigue chronique qui ne disparaît plus totalement, sommeil de moins bonne qualité…
À mesure que la charge mentale augmente, les individus se retrouvent pris dans un cercle où les contraintes s’accumulent plus vite que les ressources pour y faire face. Sans régulation, cette spirale peut mener à l’épuisement professionnel, voire à des troubles anxieux ou dépressifs.
Réduire la charge mentale en France, quelles sont les pistes ?
Face à cette réalité, de mieux en mieux documentée, reste une question : quel rôle les entreprises peuvent-elles jouer ? Des petits gestes ou des dispositifs plus conséquents peuvent contribuer à enrayer l’accroissement de charge mentale.
La mise en place du congé de naissance plébiscitée
Le futur congé de naissance semble une des réponses à cet objectif. Prévu pour 2026, il transformerait l’actuel congé parental pour le rendre plus court mais plus flexible et mieux rémunéré. L’objectif : rendre ce congé plus égalitaire.
Congé parental actuel |
Projet congé de naissance 2026 |
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| Quelle durée ? | 1 an, renouvelable jusqu’aux 3 ans de l’enfant selon les cas. | 2 mois supplémentaires par parent aux congés maternité/paternité existants. |
| Qui peut en bénéficier ? | Un seul parent, ou un parent à la fois, à plein temps ou temps partiel | Les deux parents, simultanément ou en alternance, à plein temps ou à temps partiel. |
| Quelle indemnisation ? | Environ 429 €/mois. | Pas de chiffre officiel définitif mais hypothèse de 70% du salaire net le 1er mois, puis 60% le 2ᵉ mois. |
Inciter à des pratiques plus équitables peut réellement faire bouger les lignes. À titre d’exemple, des études montrent une corrélation nette : les pères qui prennent un congé dès la naissance s’impliquent davantage par la suite dans les tâches parentales. En créant un cadre qui légitime cette prise de congés, l’entreprise participe à alléger la charge mentale de ses collaborateurs.
Des actions managériales qui font la différence
Au-delà du cadre légal, certaines organisations expérimentent déjà des mesures simples mais efficaces pour réduire la saturation mentale au quotidien :
- Suppression des notifications internes chez Alan
- Vendredi après-midi sans mails ni réunions chez Danone
- Feedback continu et rituels d’ajustement réguliers chez Adobe
Toutes vont dans la même direction : faciliter la concentration sur une tâche et une plage horaire définies pour, à nouveau, reprendre le contrôle de son temps.
Source(s) documentaire(s) :
- 2ème Baromètre IFop & News RSE de la charge mentale des actifs et des impacts sur la vie professionnelle
Article publié pour la première fois en 2023, actualisé en décembre 2025

