Ce n’est un secret pour personne : dans notre société, parler d’argent est considéré comme un sujet tabou. Et pourtant, le bien-être financier y occupe une place de plus en plus centrale. Un paradoxe ? Pas vraiment.
Dans un contexte marqué par l’incertitude et le stress économiques, le concept ne se limite plus au salaire et aux avantages que nous connaissons tous. En réalité, il englobe un ensemble de facteurs visant aussi bien la stabilité que la sécurité financière des salariés français.
Alors, comment définir le bien-être financier ? Pourquoi les entreprises doivent-elles l’intégrer à leurs stratégies RH ? Et d’ailleurs comment faire ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.
Bien-être financier : de quoi parle-t-on ?
Commençons par la définition du bien-être financier. En pratique, il s’agit d’un état d’équilibre ressenti par une personne ayant la capacité à gérer ses revenus et ressources financières de manière sereine.
Souvent réduit à la rémunération, le bien-être financier est en réalité une notion bien plus complexe. Car, plus que de percevoir un salaire, le concept intègre la capacité à honorer ses engagements financiers récurrents à court terme. Payer les factures, donc. Et ce, tout en conservant un niveau de vie suffisant pour :
- couvrir les dépenses de la vie courante (alimentation, santé, loisirs, etc.) ;
- maîtriser son endettement ;
- constituer une épargne et l’optimiser.
Vie quotidienne. Épargne de précaution. Investissement d’avenir (l’éducation des enfants ou la retraite, par exemple). Et, de manière plus globale, sentiment de liberté économique, le bien-être financier permet aux individus de se sentir en confiance quant à leur situation financière et, donc leur qualité de vie, à court, moyen et long terme.
Pourquoi investir dans le bien-être financier des salariés ?
Entre inflation et baisse du pouvoir d’achat, les dernières années ont démontré, s’il le fallait, l’importance de la stabilité économique. Or, seulement 4 Français sur 10 déclarent une forme de bien-être financier (infographie B for Bank). Un chiffre qui confirme, encore aujourd’hui, ceux révélés par le baromètre Opinion Way pour May en juillet 2023 dans lequel 57 % du panel indiquait avoir l’impression de survivre plutôt que vivre.
En pratique, le stress financier est étroitement lié à l’augmentation des risques sur la santé physique et mentale des personnes (anxiété, fatigue, etc.). Investir dans le bien-être financier des collaborateurs est donc un choix stratégique pour les entreprises qui peuvent, par ce biais, améliorer la qualité de vie des individus à une échelle plus globale que la simple question des revenus.
Mais les effets positifs d’un tel investissement dépassent cette dimension sociale et sociétale. Car la stratégie, étroitement liée à la RSE, visant à promouvoir le bien-être financier des équipes impacte d’autres volets RH. Tels que la marque employeur, l’engagement, la productivité et la compétitivité.
Culture financière en entreprise : un levier RH à part entière
Nous le savons, le bien-être financier est devenu un critère important pour les candidats sur le marché du travail. De plus en plus, ces derniers cherchent à s’assurer que leur futur employeur se soucie de leur stabilité financière.
Ainsi, les organisations qui mettent en place des initiatives allant en ce sens voient leur marque employeur renforcée. En soutenant le pouvoir d’achat de leurs employés, elles répondent à une attente formulée par 89% des salariés et suscitent davantage l’intérêt. Ces entreprises sont alors plus attractives, ce qui facilite à la fois le recrutement et la fidélisation des talents.
En toute logique, la culture financière en entreprise joue aussi un rôle dans l’expérience collaborateur.
Un salarié moins exposé au stress lié à ses finances est aussi moins exposé aux risques associés évoqués plus haut. Il évolue dans un environnement positif, où il peut s’épanouir sans être parasité par toutes les problématiques inhérentes à ses ressources, son budget, ses dépenses, ses projets d’avenir. Grâce à ce sentiment de confort financier, il est aussi probable que ce salarié soit plus engagé et plus productif. Et, bien entendu, moins enclin à quitter l’entreprise.
Promouvoir le bien-être financier en entreprise : comment s’y prendre ?
À l’échelle de l’organisation, soutenir la santé financière des collaborateurs ne se résume pas à les aider à comprendre leur fiche de paie ou à proposer une augmentation de salaire annuelle. Plus qu’une question d’argent, il s’agit de construire une culture d’entreprise qui reconnaît l’importance de la santé et de la sécurité économiques. Cette approche RH consiste ainsi à proposer aux équipes l’accès à des dispositifs et outils allant en ce sens. Et ce, à différents niveaux.
Pédagogie autour de la gestion financière
En premier lieu, il peut par exemple s’agir d’avoir une approche pédagogique via des programmes, des ateliers, des modules de formation. Centrés sur des sujets propres à la culture financière, ceux-ci visent à aider les salariés à mieux maîtriser leur gestion budget/dépenses. Mais aussi à appréhender d’autres thématiques telles que la :
- constitution d’une épargne ;
- préparation de la retraite ;
- gestion de l’endettement.
Autre pratique déjà répandue dans d’autres pays : faciliter la mise en relation des collaborateurs avec des conseillers financiers. Ceci dans l’objectif de leur dispenser des conseils et informations. Voire d’établir des projets personnalisés, selon leurs finances et objectifs individuels.
Les finances par le prisme de la QVCT
Deuxième levier à disposition des employeurs : la qualité de vie et les conditions de travail. En effet, outre l’acculturation à la gestion du budget, certains dispositifs mis en œuvre dans le cadre de la QVCT contribuent au bien-être financier des employés.
C’est un fait : les petits bonheurs comme les accidents de la vie sont à l’origine de préoccupations financières. Congés spécifiques pour les salariés aidants ou liés à la parentalité. Dispositifs de prévention santé. Les organisations qui déploient ce type d’outils RH participent, entre autres, à réduire la charge — mentale & économique — liée à la situation personnelle des salariés.
À titre d’exemple : Mailinblack a mis en place un congé parental 100 % rémunéré au profit de ses salariés parents.
La politique de rémunération
Bien entendu, parler de bien-être financier au travail sans évoquer la politique de rémunération n’aurait aucun sens. Cela va de soi : proposer un salaire compétitif sécurise les employés, tout en valorisant leurs compétences.
En parallèle, différents avantages sociaux servent à soutenir la santé financière des employés. Pour rappel, quelques exemples :
- intéressement et participation ;
- prime de partage de la valeur (PPV) ;
- plans d’épargne salariale (PEE, Perco, PER) ;
- acompte ou avance sur salaire ;
- régimes d’assurance santé ;
- participation aux dépenses (forfait mobilité durable, chèques cadeaux, titres culture, tickets restaurants, prime vacances, etc.).
Autant d’outils qui permettent — directement ou indirectement — de préserver les ressources et les revenus des salariés.
Un adage dit : « L’argent appelle l’argent »
Derrière ce dernier titre un peu tape à l’œil, l’intention est surtout de conclure sur l’idée que se préoccuper du bien-être financier des salariés contribue, entre autres choses, à la mise en place d’un cercle vertueux. Au sein des entreprises et de notre société.
Ces dernières années, le bien-être financier est devenu une attente à part entière sur le marché de l’emploi. TPE/PME ou grands groupes, toutes les structures n’ont évidemment pas la même capacité.
Néanmoins, quelle que soit leur taille, celles qui s’approprient cet enjeu RH participent à étoffer la définition du bien-être des salariés que nous connaissons. Mais aussi à développer l’engagement et la performance de la sphère professionnelle au sens large. Et ce, tout en disposant d’un nouveau levier de marque employeur et de fidélisation des talents à l’échelle de l’organisation elle-même.
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