Bienvenue dans le quatrième épisode de la saison 1 de T’as raté le coche, intitulé : “Quand l’expérience candidat devient prioritaire”.
Dans cet épisode, nous plongeons au cœur d’une problématique cruciale et contemporaine : l’évolution de l’expérience candidat dans le monde des ressources humaines. Quels sont les enjeux actuels de l’expérience candidat et comment les entreprises s’adaptent-elles pour attirer et retenir les meilleurs talents ?
Pour débattre de ces questions, nous sommes rejoints par des invités experts dans leur domaine : Irénée Berthet de leboncoin, Adrien Lomagro de Softgarden et David Bernard d’AssessFirst. Ensemble, nous allons explorer les différentes dimensions de l’expérience candidat, depuis l’attraction jusqu’à la conversion et la fidélisation. Suivez-nous dans cette discussion approfondie qui met en lumière les stratégies innovantes et les défis auxquels font face les professionnels des ressources humaines dans un marché du travail en constante évolution.
S01 E04 : Quand l’expérience candidat devient prioritaire
Christophe : Bonjour, je suis Christophe Patte, le fondateur du média myRHline.com dédié aux professionnels des ressources humaines. Bienvenue dans T’as raté le coche, le podcast qui décrypte les tendances et l’actualité du monde du travail. Dans cet épisode, on va se demander ce qui se passe quand l’expérience candidat devient une priorité pour les RH. En effet, recruter aujourd’hui est devenu ultra complexe. Comment s’assurer que les candidats vont postuler? Pour répondre à cette question, j’ai trois invités aujourd’hui : Irénée Berthet, Strategic Marketing Manager chez leboncoin, Adrien Lomagro, Country Manager pour Softgarden et David Bernard, CEO & fondateur d’AssessFirst. Venez, je vous invite à les rencontrer.
Adrien : Bonjour Christophe.
Christophe : Bonjour Adrien, David, Irénée, je te laisse te présenter bien sûr.
Irénée : Je m’appelle Irénée Berthet. Ça fait six ans que je travaille chez leboncoin et je m’occupe du marketing stratégique pour la catégorie emploi.
Adrien : Moi, je suis Adrien. Je suis le country manager de Softgarden, ATS, logiciel de recrutement pour le marché français.
Christophe : Et David, bonjour.
David : Donc je suis David Bernard, je suis psychologue du travail spécialisé en psychologie quantitative et je suis le fondateur et le CEO de AssessFirst, une société que j’ai fondée il y a 21 ans maintenant et aujourd’hui on est leader européen sur la partie recrutement prédictif et gestion prédictive des talents.
Christophe : Merci à tous d’être là ce matin. On va commencer par une question simple que je vais te poser c’est quoi un candidat en 2023? Est ce qu’il y a un portrait robot?
Irénée : C’est une très vaste question. Déjà, c’est important de se dire que c’est un candidat qui est en 2023 puisqu’on a remarqué déjà que les candidats, ils avaient énormément changé, notamment entre avant et après covid-19. Mais si je dois donner un portrait robot des candidats, je dirais que les candidats aujourd’hui sont jeunes. Ils sont à la recherche de stabilité, ils sont généralement en veille active et enfin, ils sont extrêmement exigeants. Donc pourquoi ces quatre adjectifs? (…) Déjà, il faut savoir que 43 % des personnes qui sont en âge de trouver un emploi sont de la génération Z ou des millenials. Donc ça veut dire grosso modo entre 18 et 34 ans. Le deuxième élément sur la recherche de stabilité, c’est que 98 %, pardon, 73 % d’entre eux recherchent un CDI. D’où ce sujet de stabilité et qui peut être un peu paradoxal vis à vis de tout ce qu’on peut entendre sur le marché. La deuxième chose qui est très paradoxale aussi, c’est la recherche de proximité. 94 % recherchent un travail à moins de 20 minutes de chez eux, là où on parle énormément de télétravail. Parfois en fait, on voit aussi que 6 % des offres d’emploi, c’est des offres qui suggèrent le télétravail. Tout le reste ne le suggère pas forcément. En veille, pourquoi en veille active ? C’est qu’on en a 67 % qui sont en poste. Donc du coup, qui vont avoir moins l’occasion de chercher de façon très active. Et il y en a 19 % qui sont vraiment en recherche active parmi tous ces candidats. Et enfin, très exigeants. Ça on en parle beaucoup de ce côté, l’inversion du pouvoir entre le recruteur et le candidat, c’est toujours une réalité. Et exigeants parce qu’ils sont exigeants vis à vis des politiques RSE des entreprises par exemple. Mais aussi ils attendent énormément de transparence de la part de leur des recruteurs pour pouvoir se projeter dans l’entreprise pour laquelle il postule. Par exemple 24 %. On voit que les offres d’emploi qui mettent le salaire, ça augmente leur efficacité, donc le nombre de candidatures de l’ordre de 24 %. Donc voilà un petit peu le portrait robot qu’on en fait chez leboncoin.
Christophe : Adrien, David, vous avez quelque chose à rajouter ou ça vous paraît aligné avec ce que vous avez comme image du candidat?
David : Déjà, c’est une présentation qui était extrêmement complète dans son élément. C’est très aligné avec d’autres études qu’on peut lire par ailleurs, je pense.
Adrien : Oui, exactement. Et ça rejoint aussi d’autres thématiques. Il y a des mots importants dans ce qu’a dit Irénée, par exemple le besoin de transparence, le besoin de visibilité. Il y a pas mal de choses intéressantes qui sont en corrélation, en lien étroit avec ce qu’on peut dire par la suite. Si on va un peu plus en profondeur sur ce qu’attend le candidat.
David : Oui, c’est vrai que sur les critères, notamment du salaire… afficher le salaire, et afficher également des modalités extrêmement concrètes, par exemple sur le télétravail pour les candidats qui sont en recherche de télétravail, on se rend compte quand on discute avec nos clients, que c’est que c’est quelque chose d’extrêmement important. C’est à dire que typiquement, les boîtes qui vont mettre une possibilité, une certaine flexibilité, le télétravail, mais sans préciser est ce que c’est un jour, est ce que c’est deux jours ou est ce que c’est trois jours? Est ce que c’est par semaine, par mois? On voit que ça peut, ça peut faire chuter les taux de réponse.
Irénée : Il y a des choses aussi qui sont intéressantes vis à vis des candidats, c’est comment et comment est ce qu’ils vont s’informer? Comment est ce qu’ils vont rechercher une offre d’emploi? Alors les jobs boards, ça reste quand même un élément incontournable. Mais on voit l’émergence d’autres médias, comme par exemple les réseaux sociaux qui sont vraiment des éléments prépondérants dans la recherche. Par exemple, si on prend juste la génération Z, il y en a 40 % d’entre eux qui disent vouloir privilégier la recherche sur TikTok versus la recherche sur Google. Donc c’est des chiffres qui sont ahurissants, hallucinants et qui sont à prendre en compte. Pour nous qui travaillons dans le secteur de l’emploi et pour tout recruteur qui chercherait à se rendre visible auprès de cette génération là.
Christophe : Alors c’est intéressant ce que tu dis là. Tu parles d’une population en particulier qui a des préférences et donc on en vient à l’expérience candidat en fait, parce que j’imagine qu’en fonction des tranches d’âge, des secteurs, de ce que recherche le candidat, parce que tu disais qu’il avait besoin de sécurité et de transparence. Il va rechercher une expérience collaborateur, adapté finalement presque à sa personnalité. C’est ça l’expérience candidat, Adrien ?
Adrien : Je pense que déjà pour parler, pour essayer de définir l’expérience candidat, c’est un peu un fourre-tout. Il y a plein de choses qui se trouvent là dedans. La première chose, c’est le côté temporalité : à partir de quand tu décides le moment où se déclenche l’expérience candidat ? Parce que très souvent, on va dire l’expérience candidat, c’est dès qu’il y a acte de candidature dès qu’il postule. Ben non en fait, parce que l’expérience candidat, elle commence en amont, elle commence avant ça (…) que ce soit un candidat passif ou actif, il y a de plus en plus de candidats passifs parce que t’es obligé d’aller les chasser, d’aller les chercher là où ils se trouvent. Eh bien du coup, l’expérience candidat, elle est déjà là en fait, dans la première impression qu’ils vont se faire de la personne qui va les chasser sur LinkedIn. Elle va être dans la première impression quand tu vas aller sur un job board, sur leboncoin emploi ou d’autres sites de plateformes comme ça, ça commence là, l’expérience candidat. Et ensuite après en découle toute une suite logique d’éléments qui vont se trouver sur son chemin. Mais ça commence quand même beaucoup plus en amont que ce qu’on croit.
Christophe : David ?
David : Oui, pour moi ça commence en effet très en amont, y compris dans l’image que tu vas te faire de l’entreprise, avant même que tu ne penses à postuler. C’est à dire tu as des entreprises aujourd’hui très, on va dire permissives ou très cool sur : est ce que je laisse mes collaborateurs s’exprimer sur LinkedIn? On se rend compte par exemple que ça peut avoir un impact extrêmement positif. C’est à dire que imagine toi t’es là, t’es en train de se coller, tu lis deux ou trois trucs et à un moment donné, tu vois certaines entreprises que tu suis avec des collaborateurs qui vont prendre la parole, qui vont aussi faire ressortir quelque chose des valeurs de l’entreprise. Tu vois, tu les vois même interagir avec leurs clients, avec des prospects, entre eux mêmes. Et en fait de tout ça, bah tu vas te faire des impressions, tu vas ressentir certaines émotions, tu vas te dire bah ouais, ça c’est une boîte cool, ça a l’air d’être sympa chez eux, ça me… Je me projette bien, je me vois bien dans cette entreprise. Et puis après, bien évidemment, il y a ce moment où tu considères le fait de postuler dans la boite. En tout cas tu commences vraiment te projeter, à te dire pourquoi pas? Et là, ben ouais, tout le parcours depuis le moment où peut être tu vas voir une offre, comment est ce que tu vas accéder à cette offre? Est ce que le parcours est fluide?
Christophe : Ça veut dire que la marque employeur fait parti de l’expérience collaborateur? C’est pas c’est pas un préalable en fait.
David : Là pour moi ça fait à 100 % partie.
Christophe : C’est l’introduction en fait. Alors tu parles de ça, je rebondis dessus parce qu’il y a beaucoup d’entreprises, notamment qui boycottent un peu les prises de parole libres de leurs collaborateurs sur les réseaux sociaux. Toi, c’est pas le cas?
David : Non, du tout du tout. La guideline elle est claire, c’est à dire que ils disent ce qu’ils veulent, on ne va pas chercher à interférer. Il n’y a même pas de guideline : utilisez tel ton utiliser tel mot… En même temps, c’est plutôt très raccord avec notre mission. La mission qui est de dire : on va identifier, on va permettre aux individus ou aux entreprises de comprendre en quoi ils sont uniques. Les inspirer à exprimer leur plein potentiel. A un moment donné, ce qu’on dit à nos clients, c’est de recruter les personnes sur qui elles sont plutôt que sur leur passé révolu. A un moment donné, quand tu recrutes une personne pour qui elle est, c’est pas pour derrière la museler ou chercher à contrôler sa parole. Après je comprends que dans certaines entreprises y ait quand même certaines… ouais, certaines guidelines qui soient posées. Mais je pense que plus tu vas laisser tes collaborateurs libres de s’exprimer, plus tu vas avoir cette impression d’authenticité qui va se dégager justement des échanges que tu peux lire sur les différents réseaux.
Christophe : Irénée, cette définition expérience collaborateur, candidat, te convient?