Slasheur, slasheuse : un nouveau terme qui est entré dans le Larousse en 2019.
Le slashing désigne une multipotentialité professionnelle, tendance émergeante dans le monde du travail. Cela concerne pas moins d’un quart des actifs en France, dont 96 % le seraient par choix, selon une étude du salon SME (Septembre 2022). Mais comment cela se traduit-il au quotidien ? Qui sont ces slasheurs et ces slasheuses ? Le slashing permet-il de favoriser l’épanouissement professionnel des salariés ? Les explications de myRHline dans cet article.
Un slasheur, c’est quoi ?
Le slasheur est un collaborateur qui a la possibilité d’exercer plusieurs activités ou plusieurs métiers au sein de son travail. Il s’agit d’une personne généralement issue de la génération Z.
Mais comment les reconnaître ? Si avez tendance à recruter sur LinkedIn ou à y naviguer, vous les repérerez via les signes « / » qui sépare les différentes activités que les slasheurs émunèrent sur leur profil LinkedIn.
Par exemple :
- « Journaliste / Décoratrice d’intérieur » ;
- « Coach professionnelle / Consultante » ;
- « Danseur / Ingénieur du son » ;
- « Consultante en communication / Influenceuse LinkedIn ».
Les professions qu’exerce un slasheur peuvent être tout à fait différentes comme elles peuvent être étroitement liées les unes aux autres. En tout cas, elles sont étroitement liés à la personnalité du slasheur qui a besoin de s’épanouir en combinant ces diverses fonctions pour atteindre une forme de complétude sur le plan professionnel.
Ces collaborateurs multi-casquette ne se reconnaissent pas dans un métier unique, ils ont besoin d’être polyvalents.
La pratique du slashing permettrait en outre d’acquérir de nouvelles compétences, et notamment les soft skills, si prisées par les recruteurs de nos jours.
Selon Marielle Barbe, experte du phénomène du slashing et de la multipotentialité, autrice du livre « Profession slasheur » (Marabout), le slashing vient répondre à la nécessité et à l’envie de vivre sa vie professionnelle de façon plurielle, mais aussi « organique et évolutive », dans un monde professionnel de plus en plus incertain et où les modes de travail sont en constante transformation.
Témoignage d’une slasheuse
Mais qui sont ces travailleurs multi-casquette ? Pourquoi ont-ils fait ce choix ? Tour d’horizon avec le témoignage de Clémence Thévard Hurbault, Consultante en stratégie et formatrice.
Aujourd’hui, Clémence accompagne les entreprises dans leur stratégie de développement et d’innovation. Mais elle intervient également auprès d’étudiants (Master, BTS) sur diverses thématiques : éco-droit-gestion, marketing, innovation. Mais comme vous pourrez le lire dans ce témoignage ci-dessous, le champ de compétences et de métiers exercés par Clémence est vaste. Elle a aussi été praticienne en bilan de compétences et équicoach. Mais elle sentait qu’elle perdait ses interlocuteurs avec toutes ces casquettes.
Dans son témoignage paru sur CTH Conseils puis sur Huffpost, elle raconte :
Je me suis donc vite rendu compte qu’il fallait que je trouve un terme pour essayer d’expliquer ce que je faisais sans rentrer dans les détails car je risquais de perdre la personne et de perdre en crédibilité : « Mais comment on peut faire autant de choses différentes à la fois ? On ne peut pas être bon dans plusieurs domaines, on doit avoir une seule spécialité… » ; les bons vieux écueils français… En cherchant un peu, je suis vite tombée sur plusieurs articles qui expliquent le terme « slasheur » (…) Lorsque j’ai découvert le terme, sa définition m’a tout de suite fait penser à la réponse que je donnais à l’école quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard : « Un métier différent chaque jour de la semaine : lundi archéologue, mardi astronaute, mercredi danseuse étoile… etc. » Bien évidemment, on me regardait déjà avec des gros yeux en me disant « Mais ce n’est pas possible ! ».
Eh bien si, il est possible d’être slasheur, surtout de nos jours, selon Clémence qui insiste sur le fait que les collaborateurs d’aujourd’hui seraient de plus en plus nombreux à ne plus pouvoir se contenter d’un métier unique, « avec des missions redondantes et des horaires identiques chaque jour où on doit faire semblant de bosser jusqu’à pas d’heures parce que cela fait sérieux de finir tard (…) »
Être slasheur, slasheuse et donner du sens à son travail
Clémence insiste aussi sur le fait qu’il ne s’agit plus seulement de travailler pour gagner un salaire mais de travailler pour une cause qui a du sens. Cette fameuse quête de sens dont on parle si souvent aujourd’hui. Donner du sens au travail fait partie des fondamentaux pour renforcer l’engagement collaborateur.
Dans le cas de Clémence, ce qui lui tient à coeur est de faire en sorte que les étudiants n’aient pas à souffrir de phobies scolaires, « que cela soit agréable de venir à mes cours, de leur transmettre les valeurs de la bienveillance et de l’empathie dans le cadre professionnel ».
Quant à ses clients, elle souhaite que ces derniers puissent comprendre qu’il est fondamental de s’intéresser à l’autre, de ne pas croire que les collaborateurs ne sont que des employés, « mais qu’ils peuvent être tellement plus de choses. »
En outre, Clémence exprime le souhait de déconstruire les idées reçues sur le slasheur. Car selon elle, il est possible d’exercer plusieurs métiers dès lors que c’est un choix. En ce sens, elle se dit convaincue que le slashing permet d’être « encore meilleur dans les différents métiers. C’est stimulant et enrichissant de voir différentes choses, d’évoluer dans différents milieux, d’échanger avec différentes personnes. Cette pluralité alimente nos différents domaines et je suis convaincue qu’elle permet d’être encore plus compétente ».
Cette approche permaculturelle du travail, en combinant des activités faisant appel à la fois, à la tête, au corps et au coeur, nous permet de tendre vers un équilibre global et de s’épanouir dans notre « complétude ». Mais plus que tout, slasher nous offre la possibilité de ré-aligner sens et valeurs, compétences et appétences, évolution personnelle et évolution professionnelle, tout au long de notre parcours, pour nous assurer d’être toujours, à la plus « juste et singulière place » qui est la nôtre.
- Pour aller plus loin : être slasheur n’est pas nouveau ?
Si le phénomène est loin d’être tout à fait nouveau, le fait de nommer les choses (« je suis slasheur ») permettrait de mieux l’assumer et de contribuer à sa valorisation dans le monde du travail. Les normes socioprofessionnelles tendraient encore à valoriser la « carrière » où il s’agit d’évoluer dans la hiérarchie ou de gravir les échelons d’un même job. On pourrait se dire « ces collaborateurs sont instables », plutôt que de s’attarder sur les avantages d’avoir un slasheur dans son équipe (soft skills, motivation au travail, engagement collaborateur, montée en compétences, etc.)