Le syndrome de l’épuisement professionnel, aussi appelé burn out, peut provoquer des séquelles sur la santé physique et mentale des salariés. En 2023, 44% des salariés se trouvent en situation de détresse psychologique selon le baromètre Empreinte Humaine.
Alors, quelles sont les séquelles d’un burn out ? À quels problèmes une personne en ayant souffert peut-elle être confrontée ?
Qu’est-ce qu’un burn out ?
Avant d’identifier les séquelles d’un burn out, intéressons-nous à sa définition.
Le terme « burnout » est apparu dans les années 1970. Il décrivait l’épuisement au travail de professionnels de l’aide et du soin. Conceptualisé pour la première fois par le psychiatre Freudenberger en 1975, il a fait l’objet de nombreux travaux.
Le burn out se traduit par un état d’épuisement professionnel (à la fois émotionnel, physique et psychique) ressenti face à des situations professionnelles émotionnellement exigeantes.
Il est dû aux risques psychosociaux (RPS), eux-mêmes causés par divers facteurs liés aux conditions d’emploi, à l’organisation du travail ainsi qu’aux relations sociales.
- Le saviez-vous ? Selon le Code du travail, l’employeur a l’obligation d’évaluer les risques auxquels les salariés sont confrontés, qu’ils soient liés à leur sécurité ou à leur santé. Il doit instaurer les mesures nécessaires permettant d’assurer leur sécurité et de protéger leur santé physique et mentale.
Une QVCT dégradée, le stress (surcharge de travail, manque de moyens, manque de reconnaissance, d’autonomie, rythme de travail…), les violences internes (harcèlement, gestion des conflits difficile…), externes à l’entreprise (insultes, menaces, agressions au quotidien), les exigences émotionnelles, l’hyperconnexion ou encore les conflits de valeurs peuvent conduire à un burn out.
Selon les travaux de la psychologue Christina Maslach, le syndrome du burn out s’illustre au travers de 3 dimensions :
- L’épuisement professionnel : un épuisement émotionnel, des troubles psychiques et physiques pouvant se traduire par une fatigue extrême liée due à l’exposition à des facteurs RPS
- Le cynisme vis-à-vis du travail : progressivement l’individu se désengage de son travail et de l’organisation
- La diminution de l’accomplissement personnel au travail : dévalorisation de soi, sentiment de se trouver dans une impasse
Le burn out est évidemment étroitement lié au niveau d’engagement collaborateur. Généralement, les personnes qui souffrent des séquelles d’un burn out étaient très investies dans leur travail. Une culture d’entreprise toxique, qui n’autorise pas le droit à l’erreur, favorise également le risque de burn out.
Même si le burn out ne figure pas directement parmi les tableaux des maladies professionnelles, un salarié peut demander sa reconnaissance auprès de la CPAM.
La CPAM dispose d’un délai de 3 mois pour statuer sur le caractère professionnel de la maladie. Pour qu’il soit reconnu comme une maladie d’origine professionnelle, le taux d’incapacité au travail, évalué par la CPAM, doit être supérieur à 25 %.
Quelles sont les séquelles d’un burn out ?
Selon le Ministère du travail, l’INRS et l’ANACT, les séquelles d’un burn out sur l’individu peuvent impacter sa santé mentale et physique. Elles sont différentes d’un individu à l’autre selon la sévérité et la gravité des signes d’épuisement professionnel.
Le burn out peut se traduire de 5 manières, de façon cumulative ou non :
- par des manifestations émotionnelles,
- par des manifestations physiques,
- par des manifestations cognitives,
- par des manifestations comportementales,
- par des manifestations motivationnelles ou liées à l’attitude.
Dans certains cas avancés, le salarié peut développer des symptômes dépressifs. Un arrêt maladie plus long est alors envisageable par le médecin. La durée d’un arrêt de travail pour burn out varie de quelques jours à plusieurs semaines en fonction de la sévérité des symptômes.
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Mais une fois guéri : quelles sont les séquelles d’un burn out à long terme ?
Les burn out longs sont ceux qui laissent le plus de traces à long terme. Ses séquelles peuvent être d’ordre émotionnel, cognitif et physique.
Au niveau de la santé physique, les conséquences à long terme peuvent être lourdes. Les séquelles peuvent s’illustrer au niveau du système cardiovasculaire, des douleurs musculaires et autres TMS. Les personnes ayant souffert d’un burn out ont plus de risque d’être sujettes à des anomalies du rythme cardiaque, augmentant de fait le risque d’un accident vasculaire cérébral. En effet, d’après les chercheurs de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, travailler plus d’une dizaine d’heures par jour, au moins 50 jours par an, augmenterait de plus de 29% les risques de faire un AVC. En dehors du stress, une mauvaise hygiène de vie (manque de sommeil etc.) peut être en cause.
Par ailleurs, la fatigue chronique peut être une des séquelles d’un burn out.
Concernant les séquelles cognitives du burn out, elles sont en mesure d’impacter notamment la mémoire, la logique et la concentration, dans le cadre professionnel comme privé. Selon Jean-Denis Budin, chercheur en sciences de gestion à Paris Dauphine, la fatigue générale due au surmenage finit par porter sur le cerveau. “ Il peut y avoir une altération neuronale voire une destruction de certaines zones du cerveau. Beaucoup se plaignent de pertes de mémoire. Effectivement, la zone de la mémoire est une des premières touchées” affirme-t-il.
Enfin, un syndrome d’épuisement professionnel peut provoquer chez le salarié de nombreuses remises en question liées à son rapport au travail, à la quête de sens et au work-life balance (équilibre entre vie professionnelle et privée).
Il pourrait aussi avoir tendance à se dévaloriser, à culpabiliser, à ressentir de l’angoisse, des difficultés émotionnelles, à se surinvestir ou au contraire à se détacher de son travail. Il pourrait également devenir plus propice à éprouver le syndrome de l’imposteur.
Toutes ces conséquences peuvent ainsi avoir un impact sur sa vie sociale et personnelle.
Dans les cas les plus sévères, la personne pourra vivre un état de stress post-traumatique, ou développer les premiers symptômes liés à une dépression, être en proie à l’isolement et à la dépersonnalisation.
Comment prévenir le burn out en entreprise ?
Alors comment prévenir le burn out et les autres risques psychosociaux ?
L’entreprise peut mettre en place des mesures de prévention adaptées ayant pour objectif de faire diminuer la surcharge de travail, les exigences émotionnelles et d’améliorer la QVCT globale. Et cela, dès les premiers signes ou les premières difficultés.
Par exemple, l’employeur peut veiller à répartir équitablement et raisonnablement la charge de travail au sein de l’équipe.
La mise en œuvre de groupes d’échanges sur les pratiques professionnelles permet de renforcer la cohésion d’équipe et de renforcer les liens sociaux.
Le modèle managérial doit être repensé pour s’adapter aux besoins des collaborateurs. Il est essentiel de lutter contre le manque de reconnaissance pour améliorer le bien-être des salariés et la performance globale.
En outre, apaiser et veiller à instaurer un climat social bienveillant et positif est indispensable pour éviter les conflits et améliorer les relations sociales.
Pour rappel, selon l’article L. 4121-2 9 du Code du travail, en matière de RPS, l’entreprise doit :
- Éviter les risques
- Evaluer les risques qui ne peuvent être évités
- Agir contre l’origine de ces risques
- Œuvrer pour l’ergonomie des postes de travail
- Prendre en considération l’état d’évolution de la technique
- Faire en sorte de diminuer la dangerosité du travail
- Planifier des actions de prévention
- Prendre des mesures de protection collective
- Donner des instructions claires