A l’heure où le concept d’épanouissement professionnel a le vent en poupe, le manque de reconnaissance au travail a des répercussions notables sur la santé mentale des collaborateurs qui risquent de se désengager, voire de mettre les voiles. Un manque de considération, de valorisation qui pourrait d’ailleurs avoir d’autres conséquences qu’il convient de pallier. Les explications de myRHline dans cet article.
Manque de reconnaissance au travail : de quoi parle-t-on ?
Définition, état des lieux
La reconnaissance au travail est parfois confondue avec la récompense financière alors qu’elle regroupe plusieurs concepts. Cette marque de considération repose en effet sur les accomplissements du collaborateur, sur son efficacité, mais aussi sur des récompenses matérielles (ex : augmentation de salaire) ou immatérielles (ex : encouragements).
En outre, ce phénomène impacte la QVCT. Selon une étude (Brun et al., 2004), le manque de reconnaissance au travail est le second facteur de risque de détresse psychologique le plus important. Les risques psychosociaux (RPS) sont donc associés à ce manque de reconnaissance qui pourrait bien affecter l’estime de soi des salariés, leur confiance en eux.
Ce phénomène peut aussi nuire à l’engagement collaborateur – lequel n’aura, à terme, plus envie de collaborer avec vous. Un cercle vicieux peut alors se déclencher (le manque de reconnaissance affecte l’engagement collaborateur, nuit à la santé des salariés – tout cela ayant un impact sur la productivité de votre entreprise, sur le taux d’absentéisme, de turnover et même sur votre marque employeur). D’ailleurs, il peut y avoir un effet boule-de-neige : une absence systématique de considération en milieu professionnel peut aussi démotiver les autres talents de l’entreprise.
Par ailleurs, une récente enquête menée auprès de 1146 personnes par Moodwork – spécialiste de l’accompagnement des salariés dans leurs démarches liées à la santé mentale – révèle à quel point la considération professionnelle est d’autant plus importante depuis la crise sanitaire (télétravail, manque de contact avec son équipe, etc.)
Mais si 58 % des personnes interrogées estiment recevoir de la reconnaissance de la part de leurs collaborateurs, la tendance prédomine davantage chez les hommes que chez les femmes (67,9 % contre 55,9 %).
La fonction RH affectée par ce phénomène ?
En première ligne de la vie des entreprises, la crise sanitaire a laissé à la fonction RH plusieurs séquelles. Selon une enquête menée par Empreinte Humaine (février 2022), 64 % des collaborateurs de la fonction RH interrogés étaient en état de détresse psychologique. En outre, 63 % étaient en proie au burn-out.
En juillet 2022, le Président de la plateforme Supermood, Kevin Bourgeois, témoignait en ce sens pour Cadre & Dirigeant Magazine :
Stress, manque de reconnaissance, augmentation de la charge de travail, croissance des responsabilités et de la complexité des missions : la fonction RH est en souffrance. Au point d’assister à une vague de démissions alors que l’activité économique repart.
Comment pallier le manque de reconnaissance au travail ?
L’étude Moodwork susmentionnée indique encore que 76 % des personnes interrogées considèrent que cette marque de considération se manifeste autant par les paroles que par les actes.
4 façons de manifester sa reconnaissance
Pour pallier le manque de reconnaissance dans le monde du travail, voici 4 façons de la manifester dans votre quotidien professionnel :
- La valorisation de la personne ou “reconnaissance existentielle” : il s’agit de lui porter de la considération et de la respecter en tant que personne. Ici, on ne s’intéresse pas au poste exercé par l’employé(e). Reconnaître une personne de façon existentielle passe notamment par des mots et des gestes de respects lors des échanges interpersonnels.
- La valorisation des résultats : il s’agit de valoriser les résultats portés par votre collaborateur. Cette valorisation du travail accompli et des résultats obtenus peut se manifester par des avantages financiers, par des petites attentions (ex : cadeaux, proposer de partir plus tôt un vendredi) ou même via une prime exceptionnelle par ailleurs. De quoi (re)motiver ses équipes. Vous pouvez aussi valoriser ses résultats auprès d’un tiers.
- La valorisation de l’effort accompli : sachez exprimer votre reconnaissance de l’engagement et des qualités du collaborateur dans son travail.
- La valorisation des hard skills ou des soft skills : instaurez une culture du feedback en complimentant régulièrement vos salariés sur la qualité de leur travail, leurs compétences, et leur capacité à travailler en équipe. Cette approche favorise un environnement de travail où chaque contribution est reconnue et valorisée.
Plus concrètement, cette marque de considération peut aussi s’exprimer par le fait de valoriser le travail d’un collègue auprès d’un tiers ou de lui octroyer une récompense financière. Ne lésinez pas sur cette dernière si elle a lieu d’être et si vous en avez les moyens : une augmentation de salaire pendant l’inflation peut notamment être la bienvenue. D’autant plus que dans le contexte actuel, la santé financière de vos pairs fait partie intégrante de leur qualité de vie en milieu professionnel.
Le rôle des managers
En tant que manager, vous avez un rôle très important à jouer dans le bien-être des salariés ainsi que dans leur engagement, leur investissement au quotidien et donc dans la rétention des talents.
Ainsi, les managers doivent pouvoir exprimer à leurs équipes leur considération. On dit souvent qu’on ne quitte pas une entreprise, mais qu’on quitte son manager, et c’est vrai :
Comme l’indiquait une étude Gallup, 50 % des employés quittent leurs emplois à cause de leurs relations avec leurs supérieurs, leurs managers.
En tant que managers, sachez valoriser le travail et les compétences de vos salariés quand cela a lieu d’être et enrayez le cercle vicieux lié au manque de reconnaissance au travail. On sous-estime souvent la portée d’un “petit compliment” de la part de sa hiérarchie. Pourtant, le réengagement pourrait bien passer par là.
- Zoom sur la communication solutionnelle
Selon Marine Baranes, Coach en communication solutionnelle, nous sommes sociabilisés depuis l’enfance à pointer du doigt ce que l’autre n’a pas fait – ou mal fait – plutôt que de s’intéresser à ce qu’il a fait de bien. Une règle qui s’applique évidemment dans le milieu professionnel. Pour pallier cette mauvaise habitude communicationnelle (notamment liée au manque de reconnaissance au travail) , Arnaud Bochurberg a développé la communication solutionnelle. Le but ? Apprendre à communiquer sur la solution, plus sur le problème. La finalité ? Instaurer une relation bienveillante avec ses pairs.
Les bienfaits de la reconnaissance au travail
Parmi les réponses données à l’enquête Moodwork, on se rend bien compte de l’impact positif : “A distance, sans contact visuel, les managers ont besoin encore plus de dire les choses. Et les salariés ont besoin d’entendre cette reconnaissance pour rester mobilisés« .
Moodwork a demandé à ses interrogés quel était l’impact de la reconnaissance au travail sur celui qui la reçoit :
Parmi les réponses proéminentes, la motivation au travail (41 %), la satisfaction (28 %) mais aussi la fierté (26 %), la joie (18 %) ainsi que la confiance (15 %).
Et tout cela favorise l’apparition d’un cercle vertueux lié à l’engagement collaborateur et à la rétention des talents.
En résumé, le fait de manifester sa considération au travail est un levier d’engagement extrêmement puissant. C’est un enjeu essentiel à investir dans la fonction managériale. Si le manque de reconnaissance impacte la motivation et favorise la fuite des talents et des compétences, le fait d’exprimer sa considération est un acte de fidélisation. En outre, être reconnaissant envers ses salariés a un impact positif sur leur confiance en eux, leur sentiment d’utilité – leur permettant par ailleurs de donner du sens au travail.
En outre, pallier le manque de considération au travail – via notamment des petites attentions ou petits compliments au quotidien – permet de prévenir les risques psychosociaux, le burnout, ainsi que les phénomènes de turnover (avec un effet boule-de-neige indésirable).
A l’approche de la journée mondiale du compliment ayant lieu le 1er mars, et si chacun apprenait à valoriser ses pairs dans le milieu professionnel pour favoriser la cohésion d’équipe et renforcer l’engagement de chacun ?