Classe virtuelle : Selon le dernier baromètre Transformations, Compétences et Learning publié par Cegos, 69% des organisations apprenantes ayant opté pour la formation à distance ont aussi intégré la classe virtuelle à leur arsenal pédagogique en 2021.
Pour aller plus loin sur le sujet de la réalité virtuelle découvrez notre article sur le metaverse RH.
L’usage des classes virtuelles a été renforcé lors de la crise sanitaire. Nombreuses sont les organisations qui ont dû adapter leurs modalités de formation interne. L’INTEFP a notamment vu ses besoins de formation évoluer. La classe virtuelle s’est donc inscrite dans la durée. Retour sur la conférence “L’évolution des usages de la classe virtuelle au sein du Ministère du travail” du salon du Learning Technologies France animé par Sophie Guillemin, expert ingénierie pédagogique numérique – INTEFP et Cyrille Redeau, Cheffe de projet Digital Learning – CLASSILIO au salon Learning Technologies 2022.
Tour d’horizon sur cette solution digitale qui a su faire ses preuves au-delà des impacts de la pandémie.
Classe virtuelle : définition
Un outil de formation à distance devenu incontournable
La classe virtuelle est un dispositif qui vise à reproduire les conditions d’une formation présentielle en visioconférence. Il s’agit donc d’une modalité pédagogique où le formateur et les apprenants se retrouvent au même moment, mais en ligne.
L’apprentissage en synchrone permet ainsi d’exploiter les atouts du présentiel en s’appuyant sur ceux du digital. C’est donc en quelque sorte un mode d’apprentissage hybride utilisé pour dispenser un enseignement et réaliser des activités d’apprentissage en groupe. Et ce, malgré l’éloignement géographique qui sépare l’ensemble des participants.
Reléguée au rang des options « bis » de la formation pendant plusieurs années, la classe virtuelle s’inscrit désormais comme une modalité pédagogique à part entière : flexible, engageante, humaine, économique et digitale. Il est aujourd’hui difficile d’imaginer de former sans la classe virtuelle car elle répond aux besoins “sociaux” des apprenants.
Néanmoins, animer le contenu du présentiel par webcams interposées ne suffit pas à former en classe virtuelle. En réalité, cette stratégie suppose un véritable travail de conception pédagogique adapté au digital.
Il convient alors de repenser la structure de la formation à plusieurs niveaux :
- techniques d’animation du formateur ;
- révision du rythme d’apprentissage ;
- redécoupage du déroulé pédagogique ;
- création et utilisation d’outils digitaux (supports de cours, suivi…), etc.
Les différences entre la classe virtuelle et le parcours en e-learning
Comme le parcours en e-learning, la classe virtuelle relève de la formation à distance. Mais les deux ne fonctionnent pas selon les mêmes principes.
Les classes virtuelles s’appuient sur la mise en relation simultanée du formateur et de la communauté apprenante. Cette modalité pédagogique offre une simulation en ligne d’une classe réelle. Les apprenants et formateurs peuvent interagir et partager des documents via le chat.
Un climat d’apprentissage qui permet aux apprenants de poser des questions, d’échanger et/ou de s’entraider en temps réel. Comme ils le feraient lors d’une session en présentiel, par exemple.
À l’inverse, les capsules vidéos d’un parcours e-learning sont déjà enregistrées. De ce fait, l’interactivité n’est pas possible dans ce contexte puisque les apprenants restent seuls face à leur écran.
Le fonctionnement asynchrone du e-learning peut d’ailleurs être à l’origine de ce qu’on appelle la solitude de l’apprenant. Toutefois, il contribue en même temps à la flexibilité de ce type de parcours pédagogique. Une liberté qui n’existe plus en classe virtuelle dans la mesure où celle-ci reste soumise à certaines contraintes d’organisation.
Le formateur en classe virtuelle devient animateur
Imaginons. Vous participez à un évènement en visioconférence. Le formateur dispense un cours magistral et se contente de faire défiler un PowerPoint…
Il est probable que son monologue reste dans votre mémoire comme une expérience d’apprentissage barbante qui vous aura fait perdre du temps, malgré un emploi du temps professionnel déjà chargé. Vous serez d’accord, c’est loin d’être optimal pour l’engagement collaborateur.
Pour éviter ces situations néfastes, la classe virtuelle doit donc être vectrice de proximité. En fait, c’est même l’un des secrets de son efficacité. En ce sens, le formateur d’une classe virtuelle doit se détacher de sa posture traditionnelle d’enseignant pour adopter celle propre à l’animateur du parcours d’apprentissage. Ceci afin d’attirer l’attention et de susciter des interactions avec les participants.
Avantages et inconvénients de la formation en classe virtuelle
Les atouts de la formation en classe virtuelle
- Enrichir les parcours pédagogiques
La classe virtuelle est un outil pédagogique polyvalent de la learning experience. Grâce à son format court, elle peut ainsi servir à enrichir n’importe quelle modalité d’apprentissage (100% e-learning, blended learning, coaching individuel…) afin de diversifier les parcours d’apprentissage.
- Réduire la solitude de l’apprenant en e-learning
La solitude de l’apprenant est l’un des principaux inconvénients du e-learning. Or, les classes virtuelles reposent sur la mise en relation des individus. Elles apportent donc la dimension humaine qui fait souvent défaut au distanciel « classique ».
- Instaurer une synergie au sein du groupe d’apprenants
Dans l’idéal, la formation en classe virtuelle prévoit de réunir un nombre réduit de participants. Ce qui facilite la mise en œuvre des exercices en ligne d’une part, mais aussi la création d’une cohésion de groupe.
Une approche basée sur la proximité qui, malgré la distance, contribue ainsi à :
- développer des liens entre les stagiaires ;
- entretenir le sentiment d’appartenance des collaborateurs ;
- cultiver l’esprit d’équipe au sein de la communauté apprenante, et au-delà.
- Favoriser une progression pédagogique par étape
On peut difficilement prévoir des journées complètes derrière un écran. De ce fait, le cours virtuel s’appuie sur des modalités temporelles différentes de la formation en présentiel.
Ainsi, on raisonne désormais en heures — et non plus en journées — quand il s’agit de construire les séquences d’une learning experience en classe virtuelle.
Dans cette configuration, les activités et la progression pédagogiques sont plus fragmentées. Le renforcement des connaissances s’en trouve donc simplifié puisque celles-ci sont transmises, acquises et contrôlées par palier.
TOP 4 des erreurs à éviter
Voici 4 erreurs à ne pas commettre lors de classe virtuelle :
- Vouloir retrouver dans le distanciel exactement les mêmes résultats du présentiel : les résultats du présentiel ne peuvent pas toujours être transposés en distanciel
- Vouloir transmettre sans faire du transmissif : être dans l’échange, dans le collaborative learning
- Penser que les apprenants ont des « super-pouvoirs» : il faut se mettre à la place de l’apprenant. Pour qu’une classe virtuelle soit efficace, elle doit durer entre 40 minutes et 1h30 avec des activités interactives toutes les 7 à 8 minutes.
- Animer les mêmes activités qu’en présentiel
Attention : dans le cadre d’un passage du présentiel en distanciel, il est important de former les formateurs de cours en présentiel à devenir animateurs de classe virtuelle. Même si les rôles sont très similaires, les compétences ne sont pas les mêmes.
Cas d’usage : la classe virtuelle à l’INTEFP
Chez INTEFP, la classe virtuelle a permis de :
- Dynamiser le parcours : partage de ressource via la bibliothèque numérique / sondage / quizz
- Engager les apprenants grâce à des activités immersives : en créant de l’interaction spontanée ou en partageant l’écran du professeur ou celui d’un participant
- La classe virtuelle développe la créativité : les participants peuvent créer leur propre atelier, c’est un réel levier de social learning
- Elle réduit la solitude de l’apprenant en e-learning grâce au infractions et au chat
- Les classes virtuelles instaurent une synergie au sein du groupe d’apprenants
- Favorise une progression pédagogique par étape
Retour d’expérience de l’INTEFP : évolution des usages de la classe virtuelle
Quel plan d’action concernant les classes virtuelles a été mis en place à l’INTEFP pour répondre à la demande et corriger les difficultés rencontrées ?
2016 : Premier module de classe virtuelle
La première expérience de classe virtuelle pour l’INTEFP date de 2016. A l’époque, les formations hybrides intègrent des temps présentiels avec des compléments de ressources disponibles sur une plateforme digitale. Elle décide d’intégrer un module de classe virtuelle de 40 minutes en début de parcours. Malgré une première réticence en interne, la classe virtuelle synchrone a rencontré un grand succès de par sa nouveauté et sa grande interactivité.
2019 : Mise en place d’une formation hybride 100% distanciel
Dans le cadre de la Formation Continue, l’INTEFP a mis en place un modèle hybride 100% distanciel en droit du travail. Pourquoi hybride ? Car elle mélangeait des modules de elearning et des classes virtuelles dédiées au tutorat. La durée était de 8 semaines.
Cette expérience a mis en évidence :
- des difficultés organisationnelles
- des difficultés d’apprentissage
Des actions correctives ont été mises en place pour régler les difficultés mises en évidence :
- Aujourd’hui, il est possible de télétravailler pour suivre une formation en interne
- Le service VCAP forme les formateurs à l’usage des outils digitaux par le biais de webinars hebdomadaires, de modules e-learning
- Fonctionner en petits groupes en FC (15) et sur des temps assez courts
2020 : La fonctionnalité phare, le travail en sous groupe
En 2020 l’INTEFP organise une formation initiale interne pour les IET assurée 100% à distance sur une durée de 18 mois, toujours sur le même modèle hybride qu’en 2019 (modules elearning + classes virtuelles). La fonctionnalité phare : le travail de sous groupes en ateliers.
Cette expérience a mis en évidence des difficultés techniques.
Pour résoudre ces difficultés l’INTEFP a mis en place avec Classilio des actions correctives :
- Impliquer la DSI pour que Via soit validée et rendue accessible sur tous les sites
- Fourniture systématique de micro-casques et de webcams aux formateurs
- Présence d’un référent tout au long de la classe en support
- Fonctionner en groupes de 25 en ateliers et sur de temps assez courts
De plus en plus, nous assistons à une acculturation des outils digitaux. En effet, 58% des RH ont adapté leur modalité de formation en virtuel et 69% d’entre eux privilégient la classe virtuelle. Et vous, que pensez-vous de la classe virtuelle ?
Jessica Biot et Margaux Fusilier