Lucca est un éditeur de solutions en ligne qui propose une suite de logiciels RH, “ni gris, ni moches, ni tristes” comme aime à le dire Gilles Satgé, son fondateur. Les solutions SIRH proposées par Lucca répondent aux problématique des ressources humaines : gestion des temps et activités, notes de frais, administration du personnel, entretiens annuels, ainsi que la mesure du bien-être au travail.
Deezer, Michel et Augustin, Square Habitat, Gaumont-Pathé, Mazars, ou encore Pernod Ricard ont choisi les solutions Lucca. Au total, Lucca compte plus de 5300 clients, PME/ETI françaises et internationales et 300 salariés en France, en Espagne et en Suisse.
Lucca : des origines à aujourd’hui
Les origines de l’entreprise
1985 : Gilles Satgé est diplômé de l’ESCP Business School. Expert-comptable mémorialiste, il passe les 10 premières années de sa carrière chez Arthur Andersen.
1997 à 2001 : il endosse des postes à responsabilités de direction chez Lexiquest, Sterling Software puis chez Webnet en tant que directeur financier.
Pendant les années 2000, époque de la bulle internet et des accords de RTT, les entreprises doivent apprendre à gérer ces mutations en respectant différentes règles. C’est au sein de ce contexte que Gilles Satgé, directeur financier, développe un logiciel de gestion des congés au sein de Webnet, , une SSII d’une centaine de personnes. Le cofondateur de Lucca réalise rapidement son potentiel de marché.
2001 : Lancé en avril 2001, le logiciel baptisé WebRTT attire l’attention de Bernard Tandeau, qui s’occupe de l’intranet du Ministère de l’Education Nationale. Ce dernier souhaite faire tester le logiciel par un service du ministère composé d’une centaine de collaborateurs. Résultat, le test est un succès. Il entraîne la première vente au rectorat de Rennes en septembre 2001. Un an plus tard, le ministère achètera Figgo, anciennement WebRTT.
2002 : Entre-temps, la bulle internet éclate. Son patron, Thierry Schwab, ne croyant plus à ce potentiel de marché, en 2002 Gilles Satgé rachète les sources de son logiciel et quitte la société avec Frédéric Pot, le développeur ayant travaillé sur le projet, ainsi que deux consultantes.
Le 1er mars 2002, Gilles Satgé crée Lucca et devient son PDG, rejoint par Frédéric Pot, cofondateur.
Le télétravail est historiquement ancré au sein de Lucca puisque Frédéric Pot télétravaillait à Nantes depuis sa création. Rapidement, il a été rejoint par un deuxième salarié, Guillaume Allain. À l’époque, Lucca n’ayant pas de locaux nantais, Guillaume s’est installé dans les locaux de La Cantine, espace où gravitent les start-up nantaises.
Le développement de Lucca et l’accélération
2002 : Création de Lucca
La première année, Lucca signe avec ses deux premiers clients. Le SaaS n’existant pas, Lucca vend à ses clients des licences à installer sur les serveurs. Saint-Gobain est le premier grand groupe à adopter Figgo, Bouygues Immobilier est la première société à avoir acquis l’ensemble des logiciels Lucca. Figgo, désormais multilingue, est utilisé par plus de 1 000 sociétés dans 50 pays pour la gestion des congés et des absences.
2007 : Adoption du modèle SAAS, ce qui était à l’époque original car le terme n’existait pas encore, on parlait alors du mode hébergé ou ASP. Lucca a donc décidé d’arrêter son mode licence pour ne faire que du SAAS. De la vente du logiciel, Lucca est passé à la location d’une licence. Ce choix a participé au développement de Lucca.
2008 : La première photo de l’équipe Lucca au complet. À cette époque, Lucca se décrit alors comme une famille dans laquelle « tout le monde connaît tout le monde et s’entend bien ». Parmi les 7 personnes présentes, 4 travaillent chez Lucca ou y sont revenus, Bruno Catteau (Directeur technique chez Lucca), Guillaume Allain (CPO chez Lucca), Régis de Germay (Head of Sales Suisse chez Lucca) et Gilles Satgé. Frédéric Pot, cofondateur est désormais ostéo-énergéticien, Nicolas Faugout fonction est devenu très actif dans le domaine de la transition écologique et Onur Célébi est spécialiste de l’Intelligence Artificielle chez Facebook.
Le déclic à l’origine de la transformation de Lucca a été provoqué par e-Paye, distributeur historique de Figgo. En effet, en mai 2008, la direction a souhaité que Figgo développe des fonctionnalités permettant notamment aux collaborateurs de mettre à jour leurs fiches personnelles (RIB, adresse, enfants…), d’accéder en ligne aux fiches de paie et générer des attestations (certificat de travail, attestation de salaires…).
Quelques mois plus tard, la toute première version de Portaii est lancée. TravelHorizon est la première organisation à suivre Lucca dans cette aventure et demande à ajouter à Portaii une fonctionnalité d’accès à son annuaire internet et à son application de gestion des notes de frais.
Cette nouvelle approche ouvre les perspectives de Lucca, qui décide de s’inspirer de nouveaux modèles. L’essor et la multiplication des applications en ligne telles que Google Apps ou Salesforce créent un nouveau besoin auquel Lucca va répondre : servir de “socle” pour regrouper ces applications, et pouvoir accueillir les applications des éditeurs tiers.
2009 : Jusqu’alors, Lucca proposait deux produits : Figgo pour la gestion des congés, et URBA pour la réservation de salles. En 2009, le portail s’enrichit de nouvelles offres : Cleemy (notes de frais), Poplee (gestion du personnel), Pagga (fiches de paie dématérialisée) et plus tard Timmi (gestion des temps).
2012 : L’équipe de Lucca se compose désormais de 20 collaborateurs et occupe un appartement transformé en bureau. Parmi ces nouveaux arrivants, Cécile Meozzi Da Costa (Head of Product, HRIS to Payroll chez Lucca) devient la première femme à rejoindre la tribu. À ce stade, tout le monde se connaît chez Lucca mais il n’est plus possible de connaître les affinités des uns et des autres. L’organisation luccasienne est très informelle selon Gilles Satgé.
2014 : Lucca décide de réduire sa gamme à quatre logiciels piliers du catalogue (gestion des congés, gestion des notes de frais, gestion des dossiers personnels et dématérialisation des fiches de paie).
2015 : La phase d’évolution des solutions RH en ligne débute avec notamment la création des principaux concurrents de Lucca : Payfit, Factorial ou encore Personio. La problématique de digitalisation commence également à prendre véritablement son essor au sein des entreprises.
2016 : Lucca devient un village et se compose de 50 collaborateurs. Sur la photo ci-dessous, l’équipe se trouve au centre UCPA de Hyères pour le séminaire annuel. En effet, Lucca organise un séminaire dans l’année depuis les 10 ans de sa création. Au sein du village, une nouvelle organisation en “business Units” par produits. Un comité de direction se réunit chaque semaine. À Nantes, le nombre de luccasiens est croissant et atteint le nombre de 15.
2021: Lucca rachète une société dans un domaine concernant la gestion de l’engagement collaborateur, Bloom at Work, permettant entre autres d’organiser des sondages pour prendre le pouls des collaborateurs.
Avril 2022 : Lucca fête ses 20 ans, l’équipe a bien grandi. Sur la photo ci-dessous, les collaborateurs sont réunis à l’occasion d’un autre moment traditionnel, la réunion trimestrielle. Lucca compte plus de 300 collaborateurs entre Paris, Nantes, Marseille, Genève et Barcelone. La récente levée de fonds permet à l’entreprise de lancer de vastes campagnes de recrutements.
Après 20 ans de croissance autofinancée, en mars 2022, Lucca a levé 65 millions d’euros auprès du fonds britannique One Peak. Cette levée de fonds vise à répondre à plusieurs objectifs : accélérer le développement des produits, l’expansion internationale de Lucca, faire face à un marché concurrentiel international et atteindre l’objectif de 100 millions d’euros de revenus en 2025. Une partie du montant, 30 millions sur 65 millions d’euros, est sous forme de secondaire, c’est-à-dire par rachat de titres auprès de certains actionnaires. Environ vingt salariés actionnaires bénéficient donc d’un retour sur investissement, réalisé il y a plus de quinze ans pour certains.
Enfin, depuis le 15 avril 2022, Lucca a décidé de modifier le nom de ses solutions. Figgo n’apparaît plus, et la raison est simple : apporter plus de lisibilité à l’offre de Lucca, et lui permettre d’être remis en avant. L’objectif ? Respecter la règle “une solution simple pour un besoin précis”.
En effet, les 1 100 000 utilisateurs ont dû le remarquer, chaque nom de solution renseigne désormais à la fois la gamme métier et le besoin auquel elle répond. Les solutions Lucca s’articulent autour de quatre gammes : gestion des temps et des activités (congés, temps et activités en mode projet, Timmi office pour gérer le télétravail par exemple); finance (notes de frais et gestion des achats…); talent (plutôt SIRH, gestion des entretiens, objectifs, engagement…) et paie (dématérialisation des bulletins de paie, rémunération, gestion de la masse salariale et primes, monitorer production de la paie…). Une gamme concernant la gestion de la formation est à venir. Lucca propose donc 11 logiciels, bientôt complétés par celui de la gestion de la formation.
La culture d’entreprise chez Lucca
La politique RH
Au quotidien chez Lucca, chaque équipe s’auto-organise en définissant ses objectifs trimestriels. Les prises d’initiatives et l’entraide constituent les deux piliers du management chez Lucca.
Chez Lucca, l’âge moyen se situe légèrement en-dessous les 30 ans. Le service des ressources humaines compte six talent acquisition manager. Mais chez Lucca, les futurs collaborateurs ont leur mot à dire sur le recrutement d’un futur du candidat : sélection collégiale du profil, premier entretien, évaluation du test technique et “grand oral”. Le grand oral, c’est quoi ? Une présentation libre de 20 minutes suivie de questions-réponses visant à se faire “adouber” par une douzaine de luccasiens, représentatifs de tous les services.
La politique de recrutement des principaux métiers chez Lucca (développeurs, commerciaux et consultants en customer success) est orientée vers la recherche de débutants, qui seront ensuite formés pour devenir de véritables luccasiens.
Ce modèle, propre à de nombreuses scale-up, a été inspiré à Gilles Satgé chez le cabinet d’audit Arthur Andersen. Chez Arthur Andersen, à tous les niveaux hiérarchiques, les collaborateurs rentraient en tant que débutants puis gravissaient les échelons. La hiérarchie fondée uniquement sur la promotion via les compétences participait à créer une ambiance forte et soudée, selon le fondateur de Lucca.
Lucca essaye autant que possible d’appliquer cette politique de recrutement, en permettant aux débutants d’être promus grâce à la croissance importante de l’entreprise, supérieure à 40% par an. Cette croissance offre des perspectives d’évolution intéressantes aux nouveaux arrivants, permettant de créer de nouveaux postes et de développer leur engagement.
Une culture de l’actionnariat
La première valeur chez Lucca est la bienveillance. Cette valeur se traduit par un esprit d’équipe important, une cohésion interne et un esprit de collégialité. Cette cohésion interne et la transparence dans le partage de l’information sont notamment très recherchées par les candidats. Le recrutement est abordé de façon collégiale, les luccasiens étant intégrés dans la phase de recrutement pour choisir leurs futurs collègues. De plus, la culture d’entreprise reflète la valeur de bienveillance en promouvant une transparence sur son modèle économique, ses résultats, sa politique d’investissement et les salaires. Effectivement, à partir de trois ans d’ancienneté, les salariés acquièrent le droit de fixer eux-mêmes le montant de leur salaire.
La seconde valeur chez Lucca est l’actionnariat. Effectivement, actuellement 50 collaborateurs ont accès au capital de Lucca, bientôt au nombre de 70. La sélection d’entrée s’opère via cooptation* par les pairs. C’est-à-dire que les associés se réunissent et choisissent les futurs associés qui se verront offrir la possibilité d’entrer au capital de la société.
La troisième valeur chez Lucca est l’anticonformisme. Lucca aspire à cultiver sa différence, notamment dans sa communication et son mode de financement puisque l’entreprise était jusqu’à récemment autofinancée. Ce facteur participe à différencier Lucca de ses concurrents et autres scale-up. De plus, l’anticonformisme peut se traduire par la volonté chez Lucca de faire naître un esprit intrapreneurial au sein des équipes. En effet, chaque année Lucca organise un “start-up week-end” pendant lequel les luccasiens pitchent des idées de projets et développent collectivement les solutions. L’objectif est de sortir de sa zone de confort et de collaborer avec des personnes différentes. Par exemple, l’application mobile Poplee a été développée lors d’un “start-up week-end”, dans le but de joindre facilement ses collègues où qu’ils se trouvent, « sur un salon professionnel ou pour rejoindre un afterwork ».
La quatrième valeur chez Lucca est le devoir d’excellence demandé aux collaborateurs. Les talents doivent être compétents dans leur domaine et les managers compétents en tant que tels, pour garantir la qualité du service.
La cinquième valeur chez Lucca est le refus de toute rémunération variable individuelle. Aucun collaborateur n’a de variable, ni de primes pour les commerciaux.Il n’y a donc pas de différences individuelles dans les rémunérations variables.
Lucca dispose donc d’une identité forte et d’une culture d’entreprise qui lui est propre.
*À ce propos, voir aussi : qu’est-ce que la prime de cooptation ?
Qu’en pensent les collaborateurs ?
La note de Lucca sur Glassdoor est de 4,9/5. Les salariés sont 99% à indiquer qu’ils recommanderaient l’entreprise à un ami, 100% à approuver le PDG et 85% à avoir une perspective commerciale positive. à Les 39 avis sont consultables en ligne. Le dernier avis posté date du 15 septembre 2022.
Parmi les avis laissés concernant les avantages de travailler chez Lucca, la « culture d’entreprise », la « transparence », le « management », et « l’ambiance » au sein des équipes sont particulièrement cités.
Les inconvénients cités concernent la rémunération, la difficulté à connaître tout le monde en raison de la croissance de Lucca ou encore l’absence de variable pour les commerciaux.
Chiffres et perspectives de Lucca pour les années à venir
Les chiffres clés de Lucca
- 5300 clients
- +1 100 000 utilisateurs
- 112 pays
- 310 collaborateurs
- 5,7 M€ de CA en 2017
- 40% croissance moyenne annuelle
- 13% de turnover chez Lucca
- 49% de croissance des abonnements en 2021
La feuille de route de Lucca
Lucca a pour objectif d’atteindre 100 millions d’euros d’ARR (Annual Recurring Revenue) en 2025. Les objectifs au niveau des effectifs visent le recrutement de 900 à 1000 collaborateurs d’ici 2025, ce qui représente 200 talents recrutés chaque année en moyenne. Les 35 millions d’euros vont permettre à Lucca d’accélérer son développement ainsi que le lancement de ses nouvelles solutions, notamment la gestion de la formation, la gestion des achats et la planification, mais aussi d’adapter ses solutions actuelles pour qu’elles couvrent mieux les besoins des clients.
Pour Gilles Satgé, les défis à relever concernent la préservation de la culture d’entreprise et l’exigence de qualité, compte tenu de la croissance et de l’internationalisation des équipes. Ensuite, l’autre défi consiste réussir à être performant dans un contexte international alors que 99% des échanges des luccasiens se font en français pour, à terme, conquérir le marché européen.
Laurène Boussé