Le workation devient tendance. Ce néologisme est né de la contraction entre les termes anglais work (travail) et vacation (vacances). Le concept nous viendrait de Californie. Ce mode de travail permet de réconcilier deux impératifs que l’on a souvent tendance à opposer : l’un consistant à travailler, l’autre à se reposer. C’est d’ailleurs une tendance que l’on pourrait farouchement opposer au concept d’équilibre vie professionnelle vie personnelle, dont l’on entend de plus en plus parler comme faisant partie des attentes phares des salariés en 2023. Peut-on travailler efficacement en workation sans affecter la QVCT ? Zoom sur les avantages et les inconvénients de cette tendance.
En quoi consiste le workation ?
Très concrètement, le workation consiste à télétravailler depuis son lieu de vacances. Un salarié ou un entrepreneur en workation peut parfois être amené à télétravailler à l’étranger – par exemple à Barcelone pour le compte de son entreprise basée en France. Mais il n’est pas nécessaire de travailler depuis l’étranger. Cette tendance aurait pris de l’ampleur grâce au développement des nouvelles technologies d’une part, à l’essor de nouvelles pratiques de travail d’autre part, selon le maître de conférences en économie Clément Marinos.
Le workation séduirait notamment ceux que l’on appelle digital nomads, qui seraient souvent des travailleurs indépendants n’ayant pas d’espaces de travail à proprement parler. Ils peuvent continuer à exercer leur profession tout en naviguant vers d’autres horizons, d’autres villes, d’autres pays. À plus forte raison lorsque ces travailleurs ne peuvent pas vraiment prendre de congés. Mais les indépendants ne sont pas les seuls concernés par cette tendance : certains salariés peuvent aussi télétravailler en dehors de chez eux lorsque cela est rendu possible par leur entreprise, leurs managers.
Ainsi, il leur est possible de s’installer au sein d’espaces qui ressemblent au coworking mais qui font davantage office d’auberge de jeunesse ou de chambre d’hôte par exemple. On parle alors de workstations.
Les avantages et inconvénients de ce mode de travail
Les avantages du workation
L’idée de télétravailler tout en se dépaysant a de quoi séduire. En véritable bulle d’oxygène, le workation peut permettre aux salariés ou indépendants de trouver une harmonie entre vie professionnelle et vie privée. Ce mode de travail a des avantages similaires à celui du télétravail (flexibilité, moins de stress, plus d’autonomie, etc.) et présente aussi l’avantage de pouvoir échapper à la monotonie du quotidien. Ce dispositif permettrait d’ailleurs aux salariés de stimuler leur créativité, voire leur productivité, tout en leur permettant de faire le plein d’énergie.
Dans une entreprise, cela peut être un excellent moyen de renforcer le bien-être des salariés, d’appuyer sa politique QVCT et de prévenir les RPS en entreprise. Une manière de favoriser l’engagement des équipes, leur motivation, voire de fidéliser les collaborateurs car la pratique n’est pas forcément monnaie courante dans les entreprises.
Par ailleurs, notons les bénéfices pour les entreprises en termes de marque employeur, d’attraction des talents et de lutte contre l’absentéisme qui affecte les entreprises.
Les inconvénients du workation
Dans une entreprise par exemple, la communication entre les différents membres de l’équipe peut être difficile à maintenir à distance, ce qui peut affecter la cohésion d’équipe. Si le workation peut favoriser l’épanouissement personnel et professionnel d’un collaborateur, qu’en est-il de l’harmonie générale ? Il faut déterminer de quelle façon ce dispositif pourrait affecter ou non la culture d’entreprise et la performance globale de l’entreprise.
En outre, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée n’est plus aussi limpide. Aussi, les salariés peuvent craindre d’être d’autant plus jugés quant à leur productivité lorsqu’ils travaillent à distance et peuvent avoir tendance à en faire davantage – voire trop – en oubliant de déconnecter. Et ce d’autant plus que le droit à la déconnexion en télétravail est difficile à appliquer lorsque l’on travaille à distance. Il faut donc pouvoir trouver un équilibre des temps de vie afin que ce mode de travail ne vienne pas entacher le bien-être du collaborateur et, à terme, sa productivité, sa performance globale.
Workation : les conseils avant de se lancer
Tout d’abord, vous pouvez établir une charte venant définir les modalités du workation dans votre entreprise. Vous pouvez par exemple fixer des règles liées à l’obligation du salarié d’avoir une bonne connexion à internet, déterminer à quelles heures de travail le salarié doit impérativement être joignable, fixer les jours de workation autorisés sur une année ou sur un mois, le retour au travail, les endroits où le collaborateur travaillera (il y a-t-il un décalage horaire par exemple ?), le mode de communication à adopter, la fréquence, etc.
Par ailleurs, veillez à maintenir le contact avec vos salariés qui travaillent en workation avec des points réguliers, formels ou informels, pour ne pas perdre en cohésion d’équipe et en communication interne. D’ailleurs, le but de ce dispositif n’est pas que vos collaborateurs se sentent isolés : c’est précisément le contraire, puisque le workation est censé renforcer la motivation des salariés en travaillant à distance dans un endroit qui les change véritablement d’air.
Selon une étude de Levels.io sur le futur des digital nomads, le monde entier comptera 1 milliard de nomades digitaux en 2035. D’autre part, une étude réalisée par Voyages Pirates en décembre 2020 montrait que 83 % des 18-35 ans souhaitaient que le workation soit mis en place pour l’année à venir. Afin de favoriser leur épanouissement professionnel, les jeunes issus de la génération Z pourraient bien être concernés par un tel projet. Et si instaurer un dispositif de workation bien construit (notamment sur le plan réglementaire et légal) permettait de favoriser la rétention de vos talents ?