Lors du recrutement des CEO, les Conseils d’administration se laissent séduire par « le charme » des candidats
Une nouvelle étude de l’Université de Chicago Booth School of Business a identifié quatre critères qui permettent de prédire si le candidat pour un poste deviendra prochainement le CEO. Les chercheurs ont également conclu que les Conseils d’administration surestiment trop souvent la personnalité et les compétences interpersonnelles des candidats lors du choix d’un PDG.
Dans une étude intitulée « Les PDGs sont-ils différents ? Les caractéristiques des cadres supérieurs » (“Are CEOs Different? Characteristics of Top Managers,”) le professeur Steven N. Kaplan de l’Université de Chicago Booth School of Business et le professeur Morten Sorensen de la Copenhagen Business School démontrent que les scores obtenus par les candidats dans les quatre catégories dominantes (compétences interpersonnelles, capacités d’exécution, charisme et compétences stratégiques) permettent de prédire leur avenir professionnel, à savoir si le candidat deviendra le CEO, le CFO ou un autre dirigeant de haut niveau.
Les chercheurs ont notamment démontré que les CEOs et les CFOs obtiennent des résultats extrêmement différents dans chacune des quatre catégories étudiées. Ainsi, les CEOs possèdent en générale des résultats très élevés dans chaque catégorie. Les CFOs, quant à eux, sont mal notés. Les candidats pour les postes de COO obtiennent des résultats intermédiaires entre les CEOs et les CFOs (à l’exception des compétences stratégiques).
Les résultats obtenus dans les quatre catégories prédisent également le développement de carrière des candidats. Ainsi, les candidats à tous les postes, excepté celui de CEO, ayant obtenu des scores élevés dans les quatre catégories ont des fortes chances de devenir PDG au cours de leur carrière.
Par rapport à la note moyenne de tous les postulants, les candidats embauchés pour les postes de CEO obtiennent des notes plus faibles en compétences d’exécution et plus élevées en compétences interpersonnelles. Ce constat amène les chercheurs à s’interroger sur la façon dont la personnalité des candidats peut influencer les actionnaires et les Conseils lors de la prise de décision d’embauche. Les candidats aimables et ouverts aux autres semblent être privilégiés.
Un autre élément important relevé par l’étude confirme cette théorie. Ainsi, tous les candidats qui ont été embauchés, quel que soit le poste, possèdent des compétences interpersonnelles nettement plus élevées que celles de tous les candidats interviewés, excepté pour les postes de CFO. Les compétences interpersonnelles seraient donc évaluées différemment dans le processus d’identification et dans le processus de recrutement final, notamment concernant les candidats pour les postes de PDG, que l’on identifie habituellement en évoquant leurs compétences d’exécution.
Les scientifiques n’ont pas trouvé de différence significative entre les résultats des hommes et des femmes. En revanche, les femmes possèdent 28 % de chances en moins de se faire embaucher en tant que PDG, indépendamment du résultat obtenu dans les quatre catégories.
Les résultats de l’étude sont d’autant plus intéressants qu’il s’agit de la première recherche effectuée à grande échelle. Les chercheurs ont exploité les données de plus de 2.600 candidats aux postes de direction, notamment CEO, CFO et COO, auprès d’un large éventail d’entreprises. Les 30 caractéristiques individuelles de chaque candidat étaient étudiées. Les interviews, d’une durée de quatre heures, ont été menées par le cabinet de conseil G.H. Smart Co., spécialisé dans l’évaluation des cadres. Chaque entretien a fait l’objet d’un rapport détaillant les caractéristiques du candidat.
Environ 40% des candidats qui participaient à l’étude se présentaient à des postes dans le secteur financier. Un peu plus de 25% de candidats se présentaient à des postes opérationnels et un peu moins de 25% dans le secteur du marketing.
La plupart des conclusions de la recherche ont été tirées au moment où les répondants étaient encore candidats. Cependant les chercheurs ont également suivi le développement ultérieur des carrières de certains candidats, afin de savoir s’ils ont été recrutés pour ces postes et s’ils sont devenus top managers.
A propos de Chicago Booth School of Business de l’Université de Chicago :
Elle est l’une des « business schools » les plus prestigieuses au monde. Faculté « leader » incontestable et incontestée, elle se classe très régulièrement parmi le top dix et fréquemment parmi le top cinq des plus grandes écoles. Cette Faculté englobe bon nombre de disciplines prestigieuses et ses diplômés occupent des postes stratégiques aux Etats-Unis et dans le monde entier. La « Chicago Approach to Management Education » se distingue par la façon dont elle accroît la connaissance fondamentale, par sa rigueur et sa capacité d’adaptation aux challenges entrepreneuriaux. L’école propose des programmes MBA à temps plein ou partiel, un doctorat en administration (Ph.D.), une formation librement accessible et destinée aux futurs cadres et dirigeants (« open enrolment executive education ») et une formation personnalisée (« custom corporate education »).
Basée à Chicago, l’University de Chicago Booth School of Business possède trois autres campus à Londres, Singapour et Hong-Kong. Les effectifs sont cette année de 1 162 étudiants en MBA temps plein, 2 012 à temps partiel, dont 190 sur le Campus de Londres et 123 étudiants en doctorat d’administration (Ph. D.). Par ailleurs, six membres de la Faculté ont été récompensés par des prix Nobel d’économie. Parmi les élèves les plus prestigieux, on peut citer entre autres : Satya Nadella, PDG de Microsoft, James A. Rasulo, Senior Executive Vice-Président de The Walt Disney Company, Bart Becht, PDG de Reckitt Benckiser plc, Brady Dougan, PDG de Crédit Suisse et David Booth, Président de Dimensional Fund Advisors, dont l’école a pris le nom en 2008.