Si la résilience s’applique souvent à l’échelle individuelle, elle s’applique aussi à celle de toute une entreprise. La résilience est une compétence comportementale qui implique la présence d’autres soft skills telles que l’adaptabilité, la créativité, la motivation ou encore l’optimisme.
La résilience en entreprise fait d’ailleurs partie intégrante des enjeux RH de 2023.
Selon les cadres, l’adaptabilité est la soft skill la plus valorisée dans la sphère professionnelle (84 %) selon un baromètre Ifop x Lavazza.
Une personnalité résiliente doit en effet réunir d’autres compétences comportementales pour parvenir à surmonter un épisode traumatique et effectuer son travail de manière efficace.
Mais qu’est-ce qu’une « entreprise résiliente » et quels sont les avantages à cette résilience pour l’ensemble des collaborateurs de votre équipe et pour la performance de votre organisation ?
Les éléments de réponse de myRHline dans cet article.
La résilience en entreprise : définition
Il est possible de développer, à l’échelle d’un groupe, une forme de résilience en entreprise – une qualité humaine partagée, au service de la performance d’une entreprise.
Une organisation résiliente est une entreprise qui parvient à anticiper, réagir aux difficultés qui se présentent.
Dans un rapport intitulé 2020 Strategic Road Map for Buisness Continuity Management, Gartner propose une définition de l’entreprise résiliente, ou de la résilience en entreprise :
Les organisations résilientes sont celles qui rebondissent et prospèrent après une perturbation des activités, car elles résistent aux impacts de la perturbation (grâce à une bonne gestion des risques), et son adaptables, flexibles et durables face à la situation. La réaction, la reprise et la contingence constituent la fondation de la résilience.
Là encore, nous retrouvons un pan essentiel de la résilience : l’adaptabilité de l’entreprise, sa capacité à rebondir, à faire face, après un événement, une situation ayant fragilisé la structure (sur le plan économique et/ou social par exemple).
Pour appréhender le concept, la rédaction avait d’ailleurs interviewé Arnaud Collery fin 2020, dans un contexte sanitaire qui nécessitait précisément de développer sa capacité de résilience.
Aujourd’hui CEO d’Humanava et connu comme l’un des premiers Chief Happiness Officer au monde, Arnaud Collery est spécialisé dans les problématiques liées au bien-être des salariés.
En 2020, il expliquait qu’autour de la définition de la résilience en entreprise, il s’agit de se questionner sur ce qui est important pour vous : est-ce qu’il faut redéfinir les valeurs de votre entreprise ? Est-ce qu’il s’agit plutôt d’assurer la survie de l’entreprise, des employés – voire des clients ? La résilience touche-t-elle à la survie de votre culture d’entreprise ?
Car selon Arnaud Collery, la culture d’entreprise change pour tout le monde aujourd’hui. La question de la résilience est étroitement liée à la culture d’entreprise.
Quels sont les avantages d’une entreprise résiliente ?
Depuis la crise sanitaire – et même bien avant – le monde du travail connaît son lot de turbulences, d’évolutions plus ou moins subies. Pour parvenir à maintenir le cap dans un contexte incertain et pour le moins instable, d’autant plus avec le développement des nouveaux modes de travail, les entreprises doivent être de plus en plus adaptables et faire preuve d’agilité. C’est notamment le cas dans des situations de crise. Ne pas pouvoir faire preuve de résilience sur le plan collectif peut affecter la QVCT de l’ensemble des employés, lesquels peuvent constamment être en proie au stress – notamment face au changement. Et on le sait, tout cela vient affecter la performance individuelle et collective des troupes. Et les relations au travail en pâtissent.
Développer une culture de la résilience en interne permet à l’entreprise de développer sa capacité à s’adapter au changement dans le but de maintenir et développer sa compétitivité dans un marché qui se trouve en continuelle instabilité.
Ainsi, une entreprise qui développe une certaine résilience est en capacité d’être rapide et efficace dans son processus de prise de décision notamment. Mais elle est aussi en capacité de minimiser les risques au milieu d’un bouleversement, de réagir aux impacts sur la qualité de vie au travail (anxiété, stress), de prévenir les risques psychosociaux et d’encourager le développement d’une culture apprenante.
Mais développer une capacité de résilience en entreprise et la faire valoir dans sa culture d’entreprise ne s’improvise pas.
Comment être une organisation résiliente ?
Selon la chercheuse Marie Noéline Sinapin, les entreprises devront, plus que jamais, développer leur agilité. C’est ce qui est ressorti de son rapport de recherche intitulé « Les entreprises et l’après crise de Covid-19 : un nouveau modèle d’organisation agile entre efficience et résilience ».
Les entreprises doivent donc pouvoir rester proactives et se placer dans une dynamique qui leur permettra de saisir les occasions.
Selon Hugues Poissonnier, directeur de la recherche de l’Irima, la résilience repose sur le maintien d’une bonne QVT et sur des relations « constructives et harmonieuses avec leur écosystème ». En bref, la qualité de vie au travail serait un facteur essentiel au développement d’une culture de la résilience en entreprise.
Et cela passe notamment par le soutien de ses employés. Un manque de soutien de la part de la direction peut amener les salariés à se désengager et à affaiblir la culture de l’entreprise – notamment en termes de marque employeur.
Une entreprise résiliente est une structure capable de faire montre d’un fort leadership, avec des dirigeants engagés à l’écoute de leurs employés et dans une posture de soutien vis-à-vis de ces derniers. De même, vous pouvez vous attacher à mettre en place une culture de la transparence et de la communication.
Voici quelques conseils de Vincent Mendes, cofondateur de la start-up Aster et auteur du livre « Les 7 commandements du manager pour des équipes efficaces, engagées et alignées… même à distance » pour développer votre culture de la résilience et ainsi pérenniser l’activité de votre entreprise :
- Accepter les bouleversements vécus pour développer son agilité : il s’agit d’accepter les « chocs » vécus. De se saisir de ces bouleversements du quotidien pour « intégrer l’imprévisible ».
- Ralentir la croissance, même si cela est contre-intuitif : la rapidité de l’augmentation de votre activité ou de vos volumes de recrutements peut en effet être une source de fragilité. Selon Vincent Mendes, favoriser un peu la lenteur peut parfois s’avérer bénéfique car, « même si coûteuse de quelques points de croissance », elle « nourrira votre résilience et votre antifragilité. »
- Décomposer le groupe de travail en sous-unités : « Plus petite est la structure, plus petites et instructives sont les erreurs. Une grande structure est par nature moins agile (…) Une organisation de grande taille génère souvent plus de complexité dans la circulation de l’information et la prise de décision. Vous aurez tout intérêt, si votre structure managériale est étendue, à la diviser en différents sous-sytèmes de petite taille, avec l’autonomie nécessaire pour agir et décider en fonction des informations que chacun d’entre eux reçoit (…) », explique Vincent Mendes.
- Soustraire, plutôt que rajouter : il s’agit moins de travailler plus pour gagner plus que de travailler moins en gagnant plus via l’automatisation de certaines tâches répétitives ou « à faible valeur ajoutée » pour votre activité.
- Investir dans le bien-être des salariés : « Si je fais en sorte que mes équipes soient bien payées, heureuses de venir travailler chaque jour, que mon organisation contribue à leur développement personnel en leur libérant du temps pour des occupations et projets personnels lorsqu’elles le désirent, je m’assure d’attirer les meilleurs », mais aussi de fidéliser les collaborateurs, selon Vincent Mendes.
Rappelons, pour conclure, que la résilience d’une entreprise repose beaucoup sur le bien-être de vos collaborateurs – qui sont aussi vos ambassadeurs de marque, vos ressources principales, co-garantes de la santé de votre société. Prendre soin de leur santé pourrait bien les encourager à prendre soin de celle du groupe. Et pour cela il faut pouvoir tenir compte de leurs attentes, des besoins des employés (par exemple, en termes d’équilibre vie professionnelle vie personnelle notamment).
La considération que porte le manager à ses collaborateurs et le déploiement d’une culture collective qui favorise la cohésion d’équipe sont autant d’éléments qui vous permettront de devenir une entreprise résiliente. Que vos salariés travaillent à distance ou en présentiel, le but reste le même : maintenir un lien de confiance.