La peur liée au travail est un phénomène qui touche de nombreux Français. 87 % des personnes interrogées dans une étude LiveCareer souffrent de peurs qui ont un impact sur leur vie professionnelle.
Alors que la QVCT revêt une importance capitale étroitement liée aux enjeux RH, revenons sur les causes et effets des peurs liées au travail du salarié.
Car cette peur liée au travail a un impact considérable sur la santé des salariés et sur leur vie professionnelle.
Quand la peur passe le pas de la porte de l’entreprise
Selon LiveCareer, près de 9 personnes sur 10 souffrent de peurs qui affectent leur vie professionnelle, et près de 8 personnes sur 10 disent souffrir de phobies affectant leur vie professionnelle.
À l’heure où l’on entend de plus en plus parler de soft skills liées à la résilience, qui sont les moins concernés par la peur liée au travail ?
Parmi les résultats proéminents, il ressort que :
- Les employés des très grandes entreprises se montrent les plus intrépides. 32 % des entreprises de plus de 501 personnes n’éprouvent aucune peur contre seulement 15 % des travailleurs organisations de 1 à 10 employés et 10 % des travailleurs issus de grandes entreprises (201-500 employés).
- Les personnes ayant une expérience professionnelle plus importante sont les plus résilientes. 32 % des employés ayant 6 ans d’expérience ou plus affirment ne pas éprouver de phobies, contre 18 % d’employés dont l’expérience oscille entre 3 et 5 années et 19 % pour les personnes ayant entre 1 et 2 années d’expérience.
- La catégorie d’âge des 41 ans et plus est celle qui compte le plus grand pourcentage de personnes sans phobies, avec 28 %. Toutefois, seuls 18 % des 26-40 ans et 22 % des 25 ans ou moins affirment ne pas éprouver de phobies.
Toutefois, 80 % des personnes interrogées ont été amenées à discuter de leurs problèmes avec quelqu’un au travail.
Les personnes ouvertes sur leurs peurs et leurs phobies ont pu en parler à un(e) collègue de travail (40 %), un professionnel des ressources humaines (31 %), un(e) manager/chef (26 %) ou à d’autres personnes (3 %).
Toutefois, tout le monde ne parvient pas à communiquer sur ces problématiques, et ce pour plusieurs raisons. En tête, le sentiment de honte (21 %), suivi du manque de confiance (17 %) ou encore la peur que les phobies soient interprétées comme un manque de motivation au travail (15 %). Aussi, certaines personnes peuvent craindre le licenciement (14 %), qu’on leur refuse une augmentation de salaire (14 %), qu’on les discrimine ou qu’on les rejette pour une promotion (10 %)
Causes et effets des peurs liées au travail
Parmi les peurs liées au travail les plus communes :
- La peur liée à la prise de décisions ;
- La peur liée au fait d’assumer des responsabilités ;
- De parler en public ;
- D’être renvoyé ;
- De faire une erreur ;
- De ne pas être apprécié de ses collègues ou supérieurs ;
- De ne pas être en capacité d’assumer la charge de travail confiée.
Selon LiveCareer, il y a aussi des peurs indirectement liées au travail telles que le désordre et la désorganisation, la peur liée au fait de se retrouver dans des espaces fermés ou ouverts, de parler au téléphone, de la foule, etc.
Or, toutes ces manifestations de peur ou de phobies peuvent s’avérer particulièrement handicapantes dans la vie en entreprise et affecter le bien-être des salariés. Et pour cause : 81 % des personnes interrogées dans le cadre de cette enquête indiquent que leurs peurs et phobies ont pu avoir des répercussions négatives sur leur travail.
Voici quelques exemples de ces répercussions :
- Absences fréquentes (37 %) ;
- Promotions ratées (35 %) ;
- Contrainte à la démission (35 %) ;
- Difficulté à élaborer des projets (34 %) ;
- Repli sur soi lors de discussions en groupe (34 %) ;
- Incapacité à postuler à d’autres jobs (32 %).
Et ce n’est pas tout : les collaborateurs peuvent manquer une augmentation de salaire (32 %), voir leur performance au travail impacte négativement et éprouver peu de satisfaction au travail. (31 %)
- Rappel : au delà des impacts significatifs sur les collaborateurs, ces phénomènes peuvent impacter également la santé de l’entreprise et sa performance de manière générale, pouvant potentiellement se répercuter sur d’autres collaborateurs.
Peur au travail : comment en sortir ?
Pour renforcer leur volonté de se sortir de ces situations, les salariés font état d’un certain nombre de leviers motivationnels inhérents à la vie en entreprise.
Ainsi, les personnes interrogées dans le cadre de l’enquête menée par LiveCareer citent plusieurs facteurs de motivation pour solliciter de l’aide et surmonter les peurs ou phobies en relation avec le travail. Parmi les facteurs arrivant en tête, le souhait d’obtenir l’emploi de ses rêves (46 %), d’avoir un environnement de travail agréable (45 %), d’améliorer les relations au travail et obtenir des avantages en plus dans le cadre du travail (44 %).
Mais ce n’est pas tout : certaines personnes peuvent être motivées par le souhait d’obtenir une promotion (41 %), d’améliorer leur motivation et les performances au travail (37 %) ou encore d’obtenir une augmentation salariale (36 %). On observe ici que la question de la santé financière peut être une source de motivation récurrente.
En revanche, le soutien et les ressources disponibles dans l’entreprise suffisent-elles à aider ces personnes à surmonter leurs peurs et phobies ? La réponse est oui pour 86 % des personnes interrogées. Toutefois, les résultats de l’étude démontrent que “la société dans son ensemble peut encore constituer un obstacle.” Il convient notamment de lutter contre les discriminations de manière générale, puisque :
- 74 % des personnes interrogées affirment s’être déjà senties discriminées par rapport à leurs peurs ou leurs phobies ;
- 76 % ont été témoins d’une discrimination à l’encontre d’un individu en raison de ses angoisses.
En outre, il a été demandé aux participants à l’étude de LiveCareer d’indiquer dans quelle mesure ils étaient d’accord ou non avec chaque affirmation suivante à l’aide d’une échelle (les pourcentages indiqués représentant les personnes en accord avec chaque affirmation, en voici 3) :
- Les employeurs devraient apporter plus de soutien et de ressources à leurs collaborateurs souffrant de peurs et de phobies (73 %) ;
- Les avantages sociaux en entreprise devraient inclure la possibilité de voir un psychologue ou d’avoir des conseils (72 %) ;
- La santé psychologique devrait être traitée au travail avec le même sérieux que les soucis de santé physique (71 %).
En outre, si Live Career fait état d’une certaine prise de conscience à l’égard de l’importance de la santé mentale en milieu professionnel, il existe encore un « fossé important entre la reconnaissance et la mise en œuvre de politiques et de ressources de soutien ».
Enfin, on laisse entendre que pour espérer résoudre ces problématiques, il faudrait favoriser les conversations ouvertes au sein de la sphère professionnelle, promouvoir la sensibilisation à la santé mentale, et instaurer une culture d’entreprise axée sur la compréhension et le soutien.
Pour aller plus loin, consultez les résultats de l’enquête par Live Career récemment parue : « Peurs et phobies au boulot ».