Alors qu’ils sont en première ligne, ces salariés sont souvent moins formés que les autres par les entreprises. Comme le révèle l’étude Beedeez-Ifop, l’accès à la formation des collaborateurs sur le terrain reste en effet encore trop limité.
Pourtant, les former est un levier clé : montée en compétences, amélioration des performances individuelles et collectives, employabilité renforcée… Des effets positifs autant pour les apprenants du terrain que pour leur employeur. Mais concrètement qui sont ces salariés ? Quels obstacles rencontrent-ils ? Et comment les surmonter ? Décryptage dans cet article.
Collaborateurs terrain, qui êtes-vous ?
Les collaborateurs terrain sont les salariés dont le poste n’est pas directement rattaché à des fonctions dites de bureau. Cela signifie que leurs tâches et activités professionnelles constituent le cœur de métier même de l’entreprise. Ils sont dans l’action. C’est-à-dire au contact des clients et des produits, ou évoluent au sein des infrastructures de production.
Derrière le terme de « collaborateur terrain » se regroupent ainsi plusieurs catégories de métiers. Les commerciaux, évidemment. Mais aussi le personnel d’accueil, les employés du secteur socio-médical, ou encore les techniciens et ouvriers. Autrement dit, tous les emplois essentiels au bon fonctionnement des organisations.
Pourtant, ces collaborateurs du terrain font aussi partie des populations ayant le moins accès à la formation. Pourquoi ? Le plus souvent, un quotidien de travail qui complique la mise en œuvre des parcours pédagogiques entre les contraintes horaires, le manque de disponibilité ou encore l’absence de dispositifs de formation adaptés.
Conséquence ? 1 travailleur terrain sur 5 n’a suivi aucune formation au cours des 6 dernières années (étude Beedeez-Ifop, 2024).
Formation des collaborateurs terrain : un état des lieux contrasté
Des chiffres qui révèlent des inégalités
Tout d’abord, l’accès à la formation des populations terrain semble varier selon la taille de l’entreprise. Par exemple, pour 78 % d’employés ayant suivi à minima une formation lors des 6 dernières années, la proportion descend à 70 % dans les entreprises de moins de 20 salariés.
De même, le temps mis à disposition par l’employeur au profit de la formation est plus important au sein des structures de + 250 salariés (91 % vs 78 %).
En clair, les grandes organisations offrent plus de possibilités de formation que les petites. Une tendance déjà soulignée par France Stratégie dans une étude de 2021*. En revanche, les petites entreprises françaises forment leurs salariés sur des durées plus longues (31 heures en moyenne par an contre 21 heures dans les grandes entreprises) selon un rapport Céreq.
Les principaux freins à la formation des travailleurs terrain
Autre point mis en exergue : si certains travailleurs terrain accèdent à des formations, beaucoup y renoncent. Car, dans la pratique, 54% d’entre eux ont déjà refusé un module pédagogique par manque de temps. Ce dernier, ainsi que la charge de travail, étant un frein majeur.
En parallèle, l’adaptation des formats est un autre problème. En effet, plus de la moitié du panel jugent les formations trop longues ou inadaptées à leur réalité.
Quels leviers d’amélioration pour former les salariés du terrain ?
Le développement de formats courts et accessibles en continu représente une réponse pertinente aux attentes. En effet, 69% des travailleurs terrain souhaitent accéder à des contenus de formation via leur smartphone. Par le biais de parcours en mobile learning donc.
À titre d’exemple, l’intégration de capsules de microlearning directement dans les flux de travail offre une vraie flexibilité d’apprentissage. Et, par conséquent, un moyen concret pour contourner les problèmes de disponibilité et de mobilité.
Aussi, 63% préfèrent apprendre par le biais de l’échange avec leurs collègues. Il y a donc une véritable attente de la population terrain pour le social learning. De même, la formation en situation de travail (AFEST) s’impose aussi comme un dispositif efficace. Celui-ci permettant aux employés d’acquérir de nouvelles compétences sans perturber leur activité quotidienne.
Orange Store : l’exemple d’une stratégie de formation des équipes terrain
Former les équipes terrain représente un défi majeur. En particulier dans des environnements où les salariés évoluent en flux tendu. C’est le cas chez Orange Store, qui compte 270 magasins et 2 700 collaborateurs en France. Confrontée aux difficultés classiques de la formation dans le secteur du retail, l’entreprise a structuré son approche autour de deux pôles : formation présentielle et formation digitale (blended learning).
Parmi les solutions mises en place, Orange Store a déployé un dispositif de mobile learning via l’application « Campus Mobile ». Ce format pédagogique, accessible sur smartphone et tablette, permet ainsi aux salariés de se former de manière flexible et à leur propre rythme (ATAWADAC).
Retour sur le décryptage de la stratégie de formation des collaborateurs terrain par Bruno Chantepie, responsable du digital campus d’Orange Store.
Source(s) documentaire(s) :
- Enquête Ifop pour Beedeez 2024 : Les populations terrain et leur accès à la formation
- Céreq Bref n°450 2024, Agnès Checcaglini & Isabelle Marion-Vernoux
- Quelle place pour les compétences dans l’entreprise ? 2021 France Stratégie