Les 28 et 29 novembre 2023, le Women’s Forum for the Economy & Society a réuni des centaines de femmes venues de divers horizons pour célébrer non seulement le leadership au féminin, mais aussi faire valoir un enjeu de société toujours crucial : celui de l’égalité des genres.
Dans les économies les plus développées, les préjugés et stéréotypes sociétaux demeurent. Ils entraînent encore des inégalités entre les femmes et les hommes, notamment en matière d’éducation et d’évolutions professionnelles.
C’est pourquoi cette année, le Women’s Forum for the Economy & Society a choisi d’investir le thème de l’éducation et la manière dont elle nous équipe du pouvoir et de la capacité d’agir pour façonner l’avenir dans divers domaines : la technologie, le climat, la santé, l’entrepreneuriat, etc.
Les thèmes abordés par le Women’s Forum étaient donc aussi riches que variés : entrepreneuriat féminin, accès à l’éducation, place des femmes dans le changement climatique, parité dans le journalisme, stéréotypes de genre dans le sport, violences faites aux femmes, impact de l’IA générative sur le monde du travail…
Mais quelles sont les perspectives pour les femmes lorsqu’il est question du futur du travail ?
La rédaction s’est rendue sur place pour obtenir quelques éléments de réponse.
Women’s Forum for the Economy & Society : la place des femmes dans le futur du travail
Pour saisir les opportunités professionnelles au sein d’économies de plus en plus automatisées, des millions de femmes devront opérer des transitions de carrière majeures d’ici l’année 2030.
Cela nécessitera de pouvoir se réinventer professionnellement, notamment, on l’imagine, via le développement des compétences ou encore la mobilité interne. Mais l’objectif est bel et bien le même : maintenir son employabilité.
Et lorsqu’il est question d’employabilité, il est aussi question d’éducation.
Que faut-il changer dans l’éducation dite moderne pour stimuler la mobilité professionnelle des femmes afin qu’elles puissent mettre toutes leurs chances de leur côté ?
Ce fut l’objet d’une discussion riche et inspirante avec 4 intervenantes :
- Anne-Sophie Chauveau-Galas, Group Chief Human Resources Officer pour la Société Générale ;
- Michele C. Meyer-Shipp, CEO de Dress for Success Worldwide ;
- Elizabeth Vazquez, CEO et cofondatrice de WEConnect International ;
- Catherine Barba, fondatrice d’Envi.
Women’s Forum for the Economy & Society, 28 novembre 2023.
Future of work : le développement des compétences comme pilier
Catherine Barba a créé, au cours de sa carrière, 4 entreprises. Sa dernière, Envi : une école pour indépendants et freelances, qui permet à ces derniers de se rassembler et de réussir, en travaillant notamment leur réseau par exemple.
“Avant cela, j’ai travaillé pendant 20 ans sur le sujet de la transformation numérique, de l’omnicanal et du e-commerce, en France et aux États-Unis où j’ai vécu 5 ans”, témoignait-elle déjà sur son profil LinkedIn.
Au cours de sa vie, on comprend que Catherine Barba a largement investi le champ du développement des compétences, mais aussi de la curiosité constante qui l’a propulsée jusqu’ici, dans un monde en perpétuelle mutation qui implique une certaine adaptation au changement (faisant partie des fameuses soft skills par ailleurs).
Autre intervenante : Michele C. Meyer-Shipp, qui a également une carrière très riche. Elle a par exemple été avocate, et son parcours professionnel fait montre d’une expertise considérable en conduite de stratégies de diversité et d’inclusion à des niveaux élevés de responsabilité dans de grandes organisations. Aujourd’hui, elle est Chief Executive Officer pour Dress for Success, organisation mondiale à but non lucratif qui permet aux femmes d’accéder à l’indépendance économique. Le but de l’organisation ? Fournir un réseau de soutien et des outils de développement pour aider les femmes à atteindre l’épanouissement professionnel.
Pour le Women’s Forum for the Economy & Society, elle témoigne : “J’ai toujours été curieuse. Je suis une apprenante curieuse”, toujours ouverte à cette logique de développement. Elle conseille notamment aux femmes de développer leur réseau, de construire ce que l’on nomme “a strong network”.
Vers une culture de l’apprentissage continu ?
Lors du Women’s Forum for the Economy & Society, nous avons également assisté aux interventions inspirantes d’Anne-Sophie Chauveau-Galas, DRH pour la Société Générale. Pour elle, lorsqu’il est question de futur du travail et des femmes, la clé réside dans l’anticipation et le développement des compétences par l’upskilling et le reskilling d’une part, mais aussi dans l’accès à l’apprentissage des femmes. Dans cette entreprise, il y a par ailleurs beaucoup de changements liés à la nécessité de prendre soin de ses collaborateurs et de les aider à monter en compétence. Il s’agit par ailleurs d’investir l’IA de façon intelligente pour favoriser ce développement.
Le conseil d’Anne-Sophie ? Être curieuse, développer une longue vie d’apprentissage, quel que soit l’âge, se réinventer au quotidien. Chaque occasion d’apprendre doit être investie.
Le upskilling est par ailleurs d’autant plus intéressant à investir face aux bouleversements économiques et sociaux connus ces dernières années, auxquels les femmes ont pu être confrontées. Selon Michele, les femmes du monde entier ont besoin de programmes de développement de carrière, et peuvent être aidées par l’usage des technologies.
Elizabeth A. Vazquez est CEO et cofondatrice de WEConnect International, une organisation mondiale à but non lucratif qui relie les entreprises appartenant à des femmes aux marchés mondiaux.
Durant le Women’s Forum for the Economy & Society, Elizabeth insiste sur la nécessité d’encourager le feedback au sein de l’entreprise : les managers doivent savoir de quoi les employés ont besoin pour agir. Cette intervenante insiste notamment sur la nécessité de “share and learn” (partager et apprendre), dans une logique de social learning. Une vision que semble également partager la DRH de la Société Générale, ajoutant que pour générer cette culture d’apprentissage, il faut pouvoir “faire du bruit” et “célébrer ses succès”.
Les femmes et le futur du travail face au manque de confiance
Ceci étant dit, les femmes souffrent encore d’un manque de confiance en elles.
En ce sens, notons qu’une expérimentation Simundia et 50inTech avait récemment montré que les femmes sont aujourd’hui confrontées à des challenges spécifiques pouvant les “amener à quitter leur entreprise, voire leur industrie”. La data de Simundia note que 72 % des femmes pensent qu’elles ont besoin de prendre conscience de leur talent personnel (28 % chez les hommes : un écart non négligeable).
Le talent n’a pas de sexe, mais il y a un déséquilibre choquant à réparer. Je m’engage depuis longtemps pour les femmes et la diversité, on a fait un sacré chemin mais la route est encore longue !
Durant ce Women’s Forum for the Economy & Society, Catherine Barba revient sur sa culture d’entreprise, sur ses valeurs. Son entreprise est composée de 70 % de femmes accompagnées, ce qui constitue une grande opportunité pour les femmes. Dans son entreprise, on essaie de travailler étroitement avec elles sur leur développement. S’il y a bien une compétence à développer, à bâtir solidement, c’est précisément la confiance en soi.
À la fin de l’événement, Catherine Barba ne manque pas d’exprimer ce qui ressemble à quelques affirmations positives à l’égard des femmes : “Vous avez de la valeur, souvenez-vous-en”, “Vous pouvez faire ce que vous voulez”… encourageant par ailleurs les femmes à regarder autour d’elles ce qui a été bâti par d’autres.
Comme le rappelle Elizabeth Vazquez, les femmes font montre d’un background et d’un potentiel extrêmement prometteur. Elles sont capables de développer des opportunités économiques dans une multitude de secteurs.
- Pour aller plus loin, ce podcast pourrait vous intéresser : Quand les femmes quittent la Tech (T’as raté le coche, S01-E02). Hélène Lucien, CPO pour 50inTech, y rappelait l’importance du coaching. Car lorsqu’il est question de mobilité interne, le coaching peut constituer une ressource précieuse pour asseoir sa légitimité et prendre confiance en soi.
- Retrouvez également les résultats de l’étude Simundia x 50inTech sur la rétention des talents féminins.