Les innovations numériques seront-elles sources d’opportunités et de création d’emplois ou, au contraire, les détruiront-elles massivement ? Combien d’emplois sont menacés par l’automatisation en France ?
Aujourd’hui, 15 % des emplois salariés français semblent pouvoir être automatisés. Mais la note de France Stratégie montre que le nombre des emplois peu automatisables a augmenté de plus de 30 % depuis 1998, une hausse imputable à la place croissante des services dans l’économie mais aussi, et surtout, à une transformation du contenu des métiers, qui se recentre sur les tâches les moins automatisables.
Par ailleurs, mesurer l’effet global des progrès du numérique sur l’emploi ne se résume pas à estimer le nombre de postes susceptibles d’être remplacés par une machine. L’industrie automobile allemande est une des plus robotisée au monde. Pourtant, elle emploie 100 000 salariés de plus qu’il y a vingt ans. Autre exemple, les caisses automatiques dans la distribution. Malgré des développements technologiques importants et alors qu’ils sont techniquement automatisables, le nombre d’emplois de caissiers, en France, n’a diminué que d’environ 10 % en dix ans, passant de 205 000 à 185 000.
Tout progrès technologique emporte une part de destruction, de création et de transformation des emplois.
De lourdes incertitudes pèsent sur deux variables. La première tient au degré de robotisation effective. La disponibilité d’une technologie ne préjuge pas de son usage. Si c’était le cas, les industries automobiles allemande et française auraient la même densité de robots. Or elle varie du simple au double parce que les modes d’organisation du travail, l’acceptabilité sociale et la rentabilité anticipée sont également des facteurs décisifs. La seconde incertitude tient au niveau des créations d’emplois. Création directe dans la R&D, la conception ou la production d’automates. Et création indirecte dont l’estimation dépend d’une grande inconnue : le niveau des gains de productivité à attendre des nouvelles technologies.
Globalement, cette note d’analyse suggère plutôt que l’automatisation engendre un besoin accru en « compétences sociales », de telle sorte qu’existe en réalité une complémentarité entre l’homme et la machine.