Travail hybride, flex office, télétravail… où en est-on cette année en France ?
La rédaction était présente le 21 novembre 2023 lors de la restitution de la 7e édition du baromètre annuel menée par l’institut CSA Research pour Parella, sur l’évolution des modes et espaces de travail. L’an dernier, nous avions assisté à leur 6e édition, l’occasion de constater les évolutions quant aux modes de travail et à leurs espaces.
L’enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 501 salariés travaillant au moins une fois par semaine dans des entreprises de plus de 50 salariés de tous secteurs, et de 301 dirigeants travaillant au sein d’entreprises de plus de 50 salariés, tous secteurs confondus également.
Doriane Bettinger, directrice People & Transformation du Groupe Parella, Julie Gaillot, directrice du pôle Society pour CSA Research, Michel Moussa, Global Head of Workplace Expérience chez Sanofi et Anne-Sophie Droit, DRH de VEJA étaient présents.
Travail hybride et télétravail en 2023 : état des lieux
Avant d’aborder la question du travail hybride, rappelons tout d’abord qu’il subsiste des inégalités dans la pratique du travail à distance en France. Au niveau régional, d’abord : en Île-de-France, 69 % des actifs le pratiquent, contre 50 % en région. Au niveau des tailles d’entreprises, ensuite : les plus grandes d’entre elles sont 62 % à le pratiquer, contre 62 % dans les plus grandes. Enfin, rappelons que tous les métiers ne sont pas télétravaillables.
Toutefois, la tendance au télétravail s’est largement répandue au cours des dernières années (crise sanitaire oblige). Plus de la moitié des entreprises sondées autorisent le télétravail. Mais si le nombre de jours autorisés tend à s’accroître depuis la crise sanitaire, pour près de la moitié des dirigeants et salariés, il n’y a pas eu de changement (respectivement 46 % et 43 %). Par ailleurs, le télétravail s’est surtout imposé par la pression des collaborateurs et l’évolution du marché du travail pour 44 % des dirigeants.
« Malgré les réserves, la tendance est tout de même à la hausse », souligne tout de même Julie Gaillot.
Autre tendance : le flex office, ayant été déployé avec la mise en place du télétravail. D’ailleurs, 73 % des salariés perçoivent le flex office comme une bonne chose, en ce qu’il favorise les rencontres et les échanges entre pairs. À ce propos, Sanofi permet précisément le flex office, où il est en place depuis 2015 (bien avant la crise sanitaire, donc). « Nous sommes à l’étape d’après, celle de l’hospitality. On parle ici de l’expérience collaborateur. », témoigne Michel Moussa, Global Head of Workplace Experice pour Sanofi.
Pour nous, le télétravail fait partie intégrante de ce que nous appelons le « Travail hybride ». Aujourd’hui, nos collaborateurs peuvent passer jusqu’à 50 % de leur temps par mois en télétravail, organisé librement.
Faire revenir les salariés au bureau : est-ce vraiment un défi ?
Selon Julie Gaillot, les salariés auraient une position assez mature par rapport au télétravail, profitant de ses bénéfices sans pour autant pousser le curseur au maximum. 30 % des sondés disent en effet venir tous les jours ou presque au bureau, sauf cas exceptionnel, même lorsqu’ils ont le droit de travailler à distance et 41 % télétravaillent dès lors que cela est autorisé. La tendance est-elle donc, en effet, au travail dit hybride ?
Si dans la presse, on a pu voir de nombreuses grandes entreprises sommer leurs salariés de revenir au bureau (à l’instar de ceux de Zoom en télétravail ou d’Amazon) et les résistances que cela a pu susciter (nous pensons ici à Amazon), il n’en reste pas moins que les salariés français sont loin d’avoir abandonné le présentiel, tant s’en faut.
D’ailleurs, du point de vue des salariés sondés par Parella et CSA Reseach, 69 % d’entre eux reviennent au bureau pour le lien social que le présentiel permet. En ce sens, nous avons choisi de mener un sondage LinkedIn auprès de la communauté myRHline. À la question de savoir pourquoi les salariés aiment revenir au bureau, la majorité des répondants citent le fait de revoir ses collègues (83 %) sur 910 participants.
Toutefois, l’argument de l’efficacité est largement cité dans l’étude Parella x CSA Research.
On se souvient tous de la fin du confinement. On était quand même assez nombreux à être très contents de revenir au bureau pour sortir de l’isolement, revoir du monde. En 2023, pourquoi revient-on au bureau ? Toujours beaucoup pour cette raison, mais ce n’est plus la seule. Aujourd’hui, les salariés nous disent qu’ils souhaitent revenir au travail pour être plus efficaces, tandis que cet argument était précisément avancé en faveur du télétravail. On assiste tout de même à un retournement de situation.
En effet, il ressort de cette étude que 56 % des collaborateurs reviendraient au bureau pour pouvoir travailler plus efficacement. Encore un argument en faveur du travail hybride comme compromis ?
En réalité, tout dépend de la culture d’entreprise, de l’ADN de chacun. Chez VEJA, bien que le télétravail soit permis de façon ponctuelle, le présentiel est de mise, car l’intelligence collective fait partie intégrante de l’ADN et du fonctionnement de l’entreprise.
Pour nous, le télétravail a rempli son rôle pendant la pandémie. Mais pour l’intelligence collective et la créativité, rien de mieux que de se retrouver en présentiel.
D’ailleurs, « ce sont les équipes VEJA qui proposent, imaginent et co-construisent leur lieu de vie professionnelle », précise l’intervenante.
En outre, pour Michel Moussa, l’enjeu n’est plus de « faire revenir les collaborateurs au bureau », mais bien de « lisser leur présence dans la semaine, éviter les bureaux vides le vendredi et les pics les mardi, mercredi ou jeudi. » Des situations déjà anticipées dans son entreprise.
Pour autant, Michel Moussa concède : « Nous ne pouvons pas concurrencer le domicile de chacun de nos collaborateurs. En contrepartie, nous nous attachons à leur offrir une expérience digne d’un hôtel 5 étoiles. Ils viennent au bureau pour la vivre. »
À l’heure du travail hybride, comment Sanofi et VEJA œuvrent-ils à l’amélioration de l’expérience collaborateur en présentiel ?
Travail hybride : comment améliorer l’expérience collaborateur au bureau ?
Travail hybride : restitution du baromètre Parella x CSA Research, 21 novembre 2023
Chez Sanofi, M. Moussa explique que l’amélioration de l’expérience collaborateur passe par les services proposés (notamment en matière de restauration), les outils, l’environnement, ainsi qu’un « parcours digital fluide, intégré et identique sur tous les sites. »
Dans cette logique de travail hybride, l’entreprise a travaillé sur une application digitale permettant aux salariés de choisir le site sur lequel ils se rendront et d’avoir accès aux services associés (ex. parking, salle de réunion, etc.) L’objectif n’étant pas de faire revenir les collaborateurs au bureau coûte que coûte, mais de leur donner plaisir à revenir.
En cela, les services et outils proposés jouent un rôle indéniable. Selon l’étude de Parella et CSA Research, les salariés font montre d’une attente toujours aussi forte en la matière. Mais les offres manquent encore relativement à l’appel (en dehors de la restauration). À cet égard, parmi les enjeux prioritaires dans le déploiement du travail hybride, 40 % des employés citent l’équipement d’outils.
Pour Anne-Sophie Droit, DRH chez VEJA, il s’agit de permettre aux collaborateurs de vivre une expérience professionnelle d’exception. Par exemple, au travers d’une learning experience à l’international.
Nous voulons que nos collaborateurs vivent une expérience professionnelle unique ensemble : un tiers de nos salariés sont partis en learning experience ensemble au Brésil pour un vis ma vie avec nos producteurs et partenaires sur place.
Mais au-delà de tout cela, rappelons que l’aménagement des espaces de travail serait un puissant levier à investir pour attirer les talents et fidéliser les collaborateurs. Selon les chiffres rapportés par Parella et CSA Research dans leur étude, 79 % des salariés considèrent que l’aménagement actuel de leurs espaces de travail joue un rôle essentiel sur leur envie de rester dans l’entreprise. C’est 4 points de plus que l’an dernier !
Selon Anne-Sophie Droit, « Nos locaux sont choisis pour leur âme pour nourrir l’inspiration de nos salariés, de nos partenaires et de nos clients. »
Il y a des salariés extrêmement intransigeants dans leurs attentes et l’enjeu est de tendre vers la finesse, la précision et la typologie de service.
Chez VEJA comme chez Sanofi, on ne propose pas de semaine de 4 jours ou encore de congés illimités en revanche, quand bien même ces sujets feraient les gros titres.
L’aménagement des espaces de travail, un levier à investir
À l’heure du travail hybride, les dirigeants ont aujourd’hui une véritable prise de conscience quant à l’importance de la question de l’aménagement des locaux. En effet, 78 % d’entre eux considèrent ces enjeux comme étant prioritaires ou importants.
La question des locaux a véritablement infusé dans l’esprit des dirigeants (…) ils sont beaucoup moins nombreux à juger que les locaux sont adaptés aux nouveaux modes de travail.
D’ailleurs, 57 % des dirigeants considèrent que la localisation actuelle de leur bureau constitue un avantage concurrentiel pour l’entreprise. Pour autant, on observe une forme d’hésitation dans les réponses, selon Julie Gaillot. En Île-de-France, ils sont 58 % à partager cette opinion, contre 69 % en province.
En outre, l’étude rapporte que l’aménagement des espaces de travail constitue un levier d’image important, surtout pour les collaborateurs. Pour ces derniers, la question de l’aménagement joue un rôle essentiel sur le bien-être (ou la QVCT) à 91 % (contre 89 % des dirigeants), la performance (82 % vs 81 %), l’image de l’entreprise (83 % vs 79 % ; + 7 points pour les salariés par rapport à la précédente édition).
Lors de la restitution du baromètre Parella et CSA Research 2023, Julie Gaillot conclut : « Auparavant, ceux qui avaient de beaux espaces de bureau, bien pensés, faisaient office d’exceptions. Aujourd’hui, les entreprises qui font l’exception sont celles qui n’ont pas franchi le pas. Nous ne sommes plus dans une logique de nice to have mais bien de must have. »