Selon le bureau des statistiques, 4,5 millions d’américains ont quitté leurs emplois en novembre 2021. Un phénomène de démission jamais connu auparavant. Des secteurs déjà en difficulté pour recruter peinent de plus en plus à trouver des talents. Entre pandémie et nouveaux besoins d’une jeune génération en quête de sens au travail, le phénomène de “Grande démission” met à mal le marché du travail en Amérique. Mais qu’en est-il en France ?
C’est quoi le “Big Quit” ?
Phénomène observé depuis le début de la pandémie, le “Big Quit” ou “The great Résignation”, traduit en français par la “Grande démission”, se traduit par une démission massive des Américains.
Les confinements et la pandémie en général ont remis en cause le mode de vie des américains. On compte aujourd’hui plus de 20 millions de démissionnaires depuis le printemps dernier. Mais qui sont-ils ? Le plus souvent des personnes âgés prenant leur retraite plus tôt ou des jeunes quittant leur travail du jour au lendemain. La jeune génération est en quête de sens au travail et tend à quitter leur travail s’il n’a pas d’impact positif dans la société. Ces générations ne veulent pas d’un métier dit alimentaire ou d’un bullshit job.
Les bullshits jobs, ce sont des jobs qui n’existeraient pas si personne ne le faisait.
Définit, David Graeber, anthropologue américain
La “Grande démission” a entraîné un challenge sur Tiktok avec comme hashtag #quitmyjob, dépassant aujourd’hui les 210 millions de vues.
Pourquoi autant de démission ?
Deux principales raisons sont à l’origine du phénomène de “Grande démission”. Tout d’abord la pandémie a révélé pour certains salariés, le plus souvent les cadres et jeunes travailleurs, de nouvelles priorités comme par exemple passer plus de temps avec leur famille ou privilégier le télétravail et les projets personnels. Pour d’autres, la pandémie a servi de catalyseur, ils ont enfin osé sauter le pas et démissionner de leur travail. La plupart souhaitaient quitter leur travail en 2020 mais la pandémie a freiné leur élan.
Existe-t-il aussi un Big Quit en France ?
Le phénomène de “Grande démission” s’est-il dispersé jusqu’en France ? Pas pour le moment. Cependant certains secteurs sont en pénurie de main d’œuvre. C’est le cas des métiers de bouche (hôtellerie et restauration) et des transports. Ces métiers peinent à recruter à cause de la crise sanitaire. Beaucoup de salariés de ces secteurs ont souhaité se reconvertir pour travailler dans des métiers moins contraignants.
Avec le phénomène de « Grande démission », l’auto entrepreneuriat a le vent en poupe. Les français recherchent notamment de plus en plus un meilleur équilibre vie professionnelle et vie personnelle, de meilleures conditions de travail, de salaire et de perspective de carrières.
Une difficulté de recrutement structurelle
Selon l’INSEE, le taux de chômage est revenu à sa situation d’avant crise, c’est à dire 8,1% et le taux d’emploi est au plus haut (67,5%) au dernier trimestre 2021.
Les structures proposant des postes opérationnels ont du mal à recruter. En France les difficultés seraient une tendance de fond. L’INSEE indique que 6 entreprises sur 10 ont indiqué avoir des difficultés de recrutement en 2019 contre 1 sur 4 en 2015. En 2018, 45% des entreprises françaises faisaient part de leurs difficultés de recrutement, tous secteurs confondus.
Les métiers dits de seconde ligne déjà impactés par la vague de « Grande démission » sont également les plus touchés par les difficultés de recrutement (aide à domicile, transport routier, hôtellerie-restauration et production industrielle).
On notera également que les modèles français et américains sont bien différents en matière de contraintes légales liées à l’emploi et au travail en général.
Margaux Fusilier