Deloitte publie les résultats de son étude internationale » Talent in Banking « . Cette enquête, menée auprès de plus de 200 000 étudiants en écoles de commerce dans 30 pays, s’intéresse à leurs aspirations professionnelles et propose des axes de réflexion pour renforcer l’attractivité du secteur bancaire qui continue de connaître une perte de popularité (-4,3% entre 2008 et 2015).
Les banques ne sont plus les employeurs de premier choix pour les étudiants
« Après avoir connu un leadership incontestable en termes de popularité auprès des étudiants en écoles de commerce de 2008 à 2013, la banque connaît ces dernières années une baisse d’attractivité et se voit désormais challengée par les géants du secteur IT tels qu’Apple ou Google. Dans un contexte où l’innovation, les Fintechs et les nouveaux entrants bouleversent le marché, le recrutement des talents est plus que jamais un enjeu majeur pour les banques alors que sa culture reste perçue comme conservatrice par les étudiants », commente Damien Leurent, Associé responsable Industrie financière chez Deloitte.
Tiré par les géants du secteur, l’IT connaît une popularité grandissante auprès des étudiants d’écoles de commerce (+4,1% entre 2008 et 2015), alors que le secteur bancaire peine à enrayer sa baisse d’attractivité (-4,3% entre 2008 et 2015). A ce rythme, d’ici 2020, le secteur des technologies devrait attirer plus d’étudiants que celui de la banque.
Une vision traditionnelle de la banque
La banque pâtit d’une image conservatrice auprès des étudiants. Ceux qui souhaitent y faire carrière sont motivés par le prestige de l’établissement, la possibilité de prendre rapidement des responsabilités et par les perspectives de revenus confortables, alors que l’innovation, l’entrepreneuriat et la créativité sont faiblement plébiscités. Référence d’excellence sur le CV, la banque devient de plus en plus un tremplin pour les étudiants, tout l’enjeu consiste alors à retenir ces talents.
La banque continue d’être perçue comme un milieu masculin, elle présente un attrait plus faible chez les femmes. Seules 39,9% d’entre elles (60% chez les hommes) envisagent une carrière dans le secteur bancaire. La capacité des banques à réduire l’écart salarial entre hommes et femmes, à faire disparaître le plafond de verre et faire émerger ses talents féminins est capitale.
Les étudiants attirés par le secteur bancaire sont moins portés sur l’éthique que les autres étudiants d’écoles de commerce ; moins d’1/3 d’entre eux attendent des banques qu’elles aient des standards éthiques.
Attirer et fidéliser la Génération Y
L’équilibre vie privée/vie professionnelle, la sécurité de l’emploi et la possibilité de manager arrivent en priorité des aspirations des étudiants qui se destinent à une carrière dans le secteur bancaire. Des informations utiles pour une stratégie de talent management. 47% des jeunes interrogés seraient prêts à quitter un emploi bien rémunéré pour un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle. Le bien-être au travail est la priorité pour 37% d’entre eux, alors que seuls 17% estiment que c’est une priorité pour la direction.
« Il existe un paradoxe entre les nouvelles orientations stratégiques des banques et les résultats de cette étude. Alors que l’innovation est devenu un point central, l’industrie peine encore à l’incarner et à attirer des profils novateurs. Moins d’un quart (27,6%) des étudiants qui souhaitent travailler dans le secteur bancaire s’attendent à y trouver de l’innovation. Le secteur doit se doter de talents capables de porter cette ambition en offrant flexibilité, équilibre vie privée/vie professionnelle, en mettant l’accent sur la formation et le développement des collaborateurs. La compétition pour l’attraction et la fidélisation des talents n’est plus seulement cantonnée à l’industrie financière mais voit arriver de nouveaux acteurs avec un important capital attractif. Nul doute que le secteur bancaire saura relever ce challenge à l’ère du digital », conclut Antoine Oliveau, Associé Industrie financière chez Deloitte.