S’engager dans une démarche RSE représente une véritable stratégie pour l’entreprise. L’objectif est de lui permettre de développer son impact de manière positive sur la société. Cependant, près de 6 salariés sur 10 considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment impliqués dans la stratégie RSE de leur organisation.
Comment mettre en place une stratégie RSE ? Quel est son cadre réglementaire ? En quoi est-ce un levier de compétitivité et de fidélisation ? Quelles sont les entreprises concernées ?
Qu’est-ce que la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) ?
Par définition, une stratégie RSE correspond à la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Ce dernier prend en compte trois dimensions : économique, sociale et environnementale. L’objectif est d’avoir un impact positif sur la société, tout en renforçant le bien-être des salariés et leur fidélisation. Ce n’est pas tout puisqu’une démarche RSE vise à développer sa compétitivité et à se différencier sur le marché du travail.
Par ailleurs, le déploiement d’une telle démarche vise à améliorer les performances globales de l’entreprise et réduire les coûts. Toutes les organisations peuvent mettre en œuvre une stratégie RSE, quel que soit leur taille, leur forme juridique ou leur secteur d’activité. La France est dotée d’un cadre réglementaire et législatif encadrant la responsabilité sociétale des entreprises.
- Depuis l’entrée en vigueur de la loi PACTE du 22 mai 2019, de nouvelles dispositions sont entrées en vigueur pour renforcer la RSE.
En effet, l’article 1833 du Code civil stipule que l’objet social de toutes les sociétés intègre la considération des enjeux sociaux et environnementaux. Quant à lui, l’article 1835 reconnaît désormais la possibilité aux sociétés qui le souhaitent de se doter d’une raison d’être dans leurs statuts. Enfin, le statut d’entreprise à mission a été créé.
La responsabilité sociétale des entreprises est définie par la Commission européenne comme “ l’intégration volontaire de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et à leurs relations avec les parties prenantes. “
La stratégie RSE est définie par la norme ISO 26000, autour de sept axes phares :
- la gouvernance de l’organisation
- les droits de l’homme
- les relations et conditions de travail (QVCT)
- l’environnement
- la loyauté des pratiques
- les questions relatives aux consommateurs
- les communautés et le développement local.
La perception de la RSE en France
Une entreprise qui déploie une stratégie RSE cherche à améliorer son impact social et sociétal, tout en réduisant son empreinte sur l’environnement.
La norme ISO 26 000 « Responsabilité Sociétale » élaborée en 2010 permet de consolider la démarche RSE des entreprises et d’attester de leur contribution au développement durable. Par ailleurs, la loi PACTE a introduit la notion d’entreprise à mission en France.
Toutefois, près de 6 salariés sur 10 considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment impliqués dans la stratégie RSE de leur organisation (étude Imagreen – Institut Kantar).
Le baromètre 2022 de perception de la RSE en France mené pour le Medef donne une indication sur la portée de la démarche au sein des entreprises. Les résultats font constater une meilleure compréhension générale du développement durable, puisque seuls 10 % des répondants ont déclaré qu’ils ne savaient pas sur quoi le développement durable en entreprise portait, contre 16 % en 2021 et 18 % en 2019.
Par ailleurs, 36 % des salariés, contre 31 % en 2021, affirment que leur entreprise est dotée d’une fonction ou d’un service RSE bien identifié. Ce qui représente une augmentation de plus de 20 points depuis 2017, où seuls 15 % des salariés en avaient connaissance.
On note également une forte augmentation de la connaissance des actions RSE : 77 % des salariés (+7 points par rapport à 2021) affirment avoir connaissance d’au moins une action RSE menée au sein de leur entreprise. Ce chiffre augmente de 9 points concernant les actions de lutte contre le changement climatique.
Toutefois, des disparités existent en fonction de la catégorie socioprofessionnelle des répondants. Les cadres sont plus nombreux à associer différentes thématiques au développement durable alors que les CSP – sont plus nombreux à déclarer ne pas savoir sur quoi porte le développement durable : 23,5 % des ouvriers (31 % en 2021) contre 3 % des cadres (10 % en 2021).
Qui sont les salariés ayant connaissance d’une mission ou d’un service RSE au sein de leur entreprise ? 52 % des cadres contre 36 % des professions intermédiaires, 27 % des employés et 26 % des ouvriers ont connaissance d’une mission ou d’un service RSE dans leur entreprise. L’âge est également un facteur différenciant dans les résultats puisque la connaissance de la fonction ou du service RSE diminue avec l’âge.
Comment mettre en place une stratégie de RSE ?
Pour commencer, il est indispensable que l’entreprise diagnostique la portée de son impact environnemental, social et économique. Réaliser un bilan carbone peut vous aider à concevoir une politique environnementale adaptée à votre activité. En effet, vous pourrez mesurer votre consommation d’énergie et vos émissions de gaz à effet de serre.
Ensuite, vous serez en mesure d’établir votre feuille de route avec les étapes clés à suivre et les délais à respecter. Un audit vous permettra d’identifier d’une part vos axes d’amélioration et d’autre part, les objectifs liés au plan d’action à mettre en œuvre. Puis, vous serez à même de choisir vos engagements et prioriser vos enjeux afin de savoir sur quels domaines axer votre stratégie et construire votre plan d’action. Vous avez également la possibilité de désigner un responsable RSE pour mener à bien ce projet.
Une fois votre démarche initiée, vous devrez analyser l’évolution de vos indicateurs de performance. Parmi ces KPI clés, vous pouvez vous appuyer sur des indicateurs RH tels que la parité femme/homme, le taux de formation, de recrutement, de mobilité…
De plus, il vous faudra effectuer un reporting en vous appuyant sur des indicateurs environnementaux et sociétaux (vos engagements concrets, le mécénat, les ISR…).
Évidemment, pour promouvoir votre stratégie RSE, vous devez mettre en œuvre un plan de communication RSE. Communiquer et promouvoir votre projet auprès de tous les salariés est donc essentiel pour favoriser leur compréhension et leur adhésion. L’engagement de vos équipes permettra de favoriser la réussite de votre conduite au changement. Une fois la valorisation de vos engagements, en interne et en externe, il est important d’évaluer votre mise en conformité avec le cadre RSE qui s’applique à votre organisation.
Pour finir, vous avez la possibilité d’être reconnu grâce à un label RSE (la norme ISO 26000 ou la certification B-Corp par exemple). Attention tout de même au greenwashing ou au washing de la marque employeur. Vos paroles doivent être liées à des actions concrètes et significatives, au risque de faire face à un désengagement des collaborateurs, au quiet quitting ou conscious quitting.
À noter : il est également possible de suivre une formation RSE.
Stratégie RSE : un levier de fidélisation et d’attractivité non négligeable
La mise en place d’une stratégie RSE peut-elle représenter un levier de fidélisation ? Les activités d’une entreprise sont susceptibles de provoquer des effets néfastes sur l’environnement. Ses impacts sur le milieu naturel et la biodiversité peuvent être importants. L’éco-anxiété traduit l’inquiétude des collaborateurs et les problématiques environnementales ne sont plus négligeables.
En effet, 44% des salariés souhaiteraient plus de formations et de sensibilisation aux enjeux et aux bonnes pratiques environnementales. Et près de 6 salariés sur 10 considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment impliqués dans la stratégie RSE de leur organisation (étude Imagreen – Institut Kantar).
Mais les activités d’une société peuvent également provoquer des effets néfastes sur la santé humaine ou les habitants à proximité. C’est pourquoi toutes ces dimensions doivent être prises en considération dans votre logique de développement durable.
- 60% des professionnels français n’accepteraient pas de travailler pour une entreprise qui ne correspond pas à leurs valeurs (étude LinkedIn 2023).
L’engagement social et sociétal d’une organisation est donc important pour attirer les candidats dans un contexte de difficultés de recrutement. Ce qui vous offre à la fois un avantage concurrentiel et économique.
La Génération Z est particulièrement sensible à l’adéquation de leurs valeurs avec celles de l’entreprise. 81% d’entre eux déclarent qu’ils ont quitté ou sont prêts à quitter leur emploi pour rejoindre une entreprise plus en phase avec leurs valeurs. Une étude Diplomeo (plateforme HelloWork Group) révélait même que 76% des 16-25 ans accepteraient un travail moins bien payé s’il a du sens pour eux.
Toutefois, il ne s’agit pas simplement d’une question ou d’une “tendance” générationnelle puisque 72% des collaborateurs en poste envisagent de quitter leur travail actuel pour un poste qui aurait davantage de sens (baromètre CCLD 2023).
LinkedIn a enregistré une augmentation de 154 % des offres d’emploi mettant en avant les valeurs d’une entreprise pour des postes de juniors.
Les valeurs les plus importantes pour les actifs selon le réseau social professionnel sont :
- L’équilibre vie professionnelle / vie privée
- Les opportunités de développement de carrière
- La diversité, l’équité et l’inclusion