La rédaction était présente le 8 novembre 2022 lors de la restitution de la 6ème édition du baromètre annuel menée par l’institut CSA Research pour Parella, “Evolution des modes et espaces de travail”. L’enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif de 300 dirigeants et 500 salariés au sein d’entreprises de plus de 50 collaborateurs du 29 août au 15 septembre 2022. Doriane Bettinger, Directrice People & Transformation du Groupe Parella, Cyril Reynard, Directeur immobilier du Groupe Rocher; Julie Gaillot, Directrice Society CSA Research, Romain Lescoeur, DRH chez Bristol Myers Squibb France et Olivier Monat, Agitateur des Ateliers Waouh étaient présents.
Comment faire revenir les collaborateurs au bureau ?
Un sujet en région parisienne, mais pas partout
Faire revenir les collaborateurs au bureau, une problématique marginale en France ? Face aux bouleversements du monde professionnel ces dernières années, de nombreuses entreprises de la région parisienne sont confrontées à cette problématique. Mais pour autant, concerne-t-elle toutes les entreprises françaises ? C’est ce que laissent supposer les résultats du baromètre puisque seuls 8% des dirigeants affirment avoir du mal à faire revenir les salariés sur place. Pour les entreprises de plus de 50 collaborateurs, cette problématique est donc minoritaire et touche surtout les entreprises franciliennes, ainsi que celles de plus de 500 salariés.
➡ 75% des salariés ont plaisir à revenir au bureau.
➡ Ce chiffre atteint même 84% au sein des petites structures (50 – 99 salariés).
Ce résultat est moindre dans les entreprises de plus de 500 collaborateurs. Ce qui représente donc un défi pour les professionnels RH de ces grandes entreprises.
Nous pouvons donc relever une différence majeure sur cette problématique entre l’Île-De-France et le reste du pays.
Pourquoi est-ce qu’ils aiment revenir ? Et bien tout d’abord, pour échanger avec leurs collègues en face à face. Ensuite, car ils indiquent aimer leur présence.
Le bureau n’est donc pas seulement un lieu de productivité. Il incarne aussi un lieu de sociabilité, propice aux échanges humains, face à une multitude de logiciels et de modes de travail.
Au travers de cette étude, il apparaît clairement que l’entreprise est beaucoup plus qu’un lieu de productivité. C’est un lieu de sociabilité, où les salariés viennent pour se retrouver, échanger, partager. Cela pose clairement la question du lien social dans un contexte où le travail hybride semble devenir une nouvelle manière de travailler avec la normalisation du télétravail.
Télétravail, travail hybride, flex office, coworking…
Venir en présentiel cinq jours par semaine, c’est terminé. Dans les secteurs où ces modes de travail ont été démocratisés, il sera sans doute difficile -voire impossible- de revenir totalement en arrière.
Le modèle hybride s’est largement imposé et ce sont aujourd’hui 70% des salariés (79% en IDF) et 87% chez les cadres qui ont accès au télétravail avec une moyenne de 2 jours par semaine. Parmi les collaborateurs et les dirigeants, 70% d’entre eux affirment que les équipes ont la possibilité de télétravailler.
Le télétravail leur apporte de l’autonomie et de la liberté, bien que cette pratique soit encadrée. En effet, seuls 27% des dirigeants affirment que ce mode de travail n’est pas limité du tout. La norme pour les télétravailleurs en France correspond à environ 2 jours à distance par semaine.
Au sujet des autres modes de travail, un quart seulement des entreprises proposent des espaces de coworking à leurs collaborateurs, 17% en IDF. Si aujourd’hui les employés ne sont que 22% à en bénéficier, 21% de ceux qui n’y ont pas accès y trouveraient une utilité.
Selon les répondants, le bureau physique persistera bel et bien : 18% des dirigeants et 20% des salariés seulement imaginent un monde sans .
Le traditionnel bureau de travail n’est pas mort, il se transforme.
Les leviers à actionner face aux nouveaux modes de travail
Repenser les modes de travail pour favoriser l’épanouissement
Comment fonctionner en télétravail ? Comment donner envie aux talents de revenir ?
Repenser les locaux existants selon les nouveaux modes de travail est un moyen de motiver les collaborateurs à revenir sans que cela soit assimilé à une contrainte. Ils ont besoin de s’y épanouir, de s’y sentir bien. Pour cela, les modes et espaces de travail doivent répondre fonctionnellement aux besoins de chacun. Les entreprises doivent se questionner sur les modes préférés, les habitudes et les pratiques de chacun.
En ce sens, l’aménagement des locaux est un levier clé d’attraction et de rétention des talents. Les organisations ont tout intérêt à ce que leurs équipes se sentent bien dans leurs locaux, qu’il représente un lieu d’appartenance.
Il faut mettre l’accent sur l’ADN et les valeurs de l’entreprise dans ses locaux. Les collaborateurs doivent trouver du sens à y (re)venir.
Les projets d’aménagement à venir
Selon les résultats de l’étude, 8% des dirigeants veulent déménager de leurs locaux au cours des deux prochaines années. Ce qui en représente donc moins d’un sur dix. La raison principale liée à ces déménagements est l’augmentation de la surface globale.
- 22% des dirigeants d’entreprise veulent réaménager leurs locaux au cours des deux années à venir et 12% d’entre eux veulent s’étendre.
L’amélioration de l’existant est donc privilégiée face au déménagement.
De plus, seulement 1% des employeurs veulent réduire leur surface actuelle. Du côté des employés, 35% trouvent que la surface de leurs locaux est insuffisante. Et pourtant, ils font partie de leurs critères de choix d’une entreprise.
En effet, le critère le plus important pour eux reste la localisation (54%) suivie de l’aménagement des espaces (41%) et de la qualité des équipements (36%). Un véritable enjeu face à la pénurie des talents et aux difficultés de recrutement accrues.
Les espaces et modes de travail, des enjeux stratégique
Modes de travail : un enjeu prioritaire ?
Ainsi, des espaces et des modes de travail adéquats peuvent œuvrer en faveur du bien-être des talents (QVCT), de la performance et de l’image de l’organisation. Et devenir un levier de recrutement et de fidélisation.
- 81% des dirigeants voient l’aménagement de leurs locaux comme un enjeu prioritaire
- 56 % pensent que les espaces de travail sont un atout concurrentiel
- 73% sont conscients qu’ils doivent proposer « mieux qu’à la maison » (une expérience social, des modes et des équipements adaptés pour une expérience collaborateur optimale)
À la question : le télétravail oblige-t-il à repenser les locaux ? Les collaborateurs sont 87% à affirmer que oui, contre seulement 47% des dirigeants.
Les écarts de perception entre dirigeants et salariés atteignent 30 points d’écarts concernant l’importance de l’adéquation des lieux à l’image de l’entreprise.
Les attentes face aux nouveaux modes de travail
Pour 75% des salariés, les bureaux contribuent à l’envie de rester dans l’entreprise et pour 71%, ils constituent un critère de choix important ou décisif de leur futur employeur.
Par exemple, les interrogés trouveraient utile que l’entreprise mette en place une offre de restauration (65%) ou des services liés au bien être et santé mentale (56%). On constate donc une appétence pour la diversification des équipements. Ce qui pourrait les motiver à revenir sur place. La diminution du pouvoir d’achat peut aussi expliquer ces résultats.
Qu’en est-il du flex office ? 15% des dirigeants sont en flex office, contre 28% des salariés. Et 77% de ceux qui sont en flex office voient ce mode de travail comme une bonne chose. Ce qui est encore plus le cas chez les 18-24 ans. Ils citent la liberté et la possibilité de casser la routine comme premier avantage du flex office.
Laurène Boussé