Mise en place par la loi du 17 janvier 2022, la validation des acquis de l’expérience (VAE) fête cette année ses 20 ans. C’est aujourd’hui un dispositif bien connu des salariés et des entreprises mais encore trop peu utilisé au regard des ambitions du législateur.
Cette procédure, qui permet aux salariés d’accéder à une certification, possède pourtant des atouts précieux, y compris du côté des employeurs. Que ce soit dans une démarche de gestion des compétences ou pour résoudre des difficultés de recrutement, ces derniers ont donc tout intérêt à s’investir dans une telle démarche.
Principe et modalités de la VAE, avantages pour l’entreprise…on fait le point.
Fonctionnement de la validation des acquis de l’expérience (VAE)
Principe
Une VAE permet à un salarié d’obtenir une certification grâce à l’expérience acquise pendant sa carrière professionnelle.
Le titre obtenu doit être inscrit au RNCP (répertoire national des certifications professionnelles). Il peut s’agir d’un diplôme, d’un CQP (certificat de qualification professionnelle), d’un titre professionnel….(art.L6411-1).
Pour quels salariés ?
Pour faire une VAE, le salarié doit avoir au moins 1 an d’expérience à temps complet, pas nécessairement de manière continue ni chez le même employeur.
Hormis le travail salarié ou indépendant, les activités suivantes sont également prises en compte au titre de l’expérience :
- Bénévolat ou volontariat
- Sportifs de haut-niveau inscrits sur la liste du ministère des sports
- Activités et responsabilités syndicales
- Mandat électoral
Cette expérience doit avoir un rapport direct avec la certification visée.
Aucune autre condition n’est requise que ce soit en termes d’âge du salarié, de son niveau de formation, de sa qualification…
VAE : comment ça marche ?
Une démarche de VAE dure entre 8 à 12 mois. Elle demande beaucoup d’implication et d’investissement de la part du salarié.
Une fois son projet défini, le salarié dépose un dossier de recevabilité au certificateur habilité à délivrer le titre souhaité : ministère, chambre consulaire, université, branche professionnelle…(art.L6412-2). Ce dossier détaille notamment les différentes expériences du salarié.
Si sa demande est recevable, le salarié constitue un dossier de validation. Il comprend notamment la description des aptitudes à valider, les compétences mises en œuvre pendant ses années d’activités, etc.
Le jury convoque le salarié à un entretien et peut le soumettre à une mise en situation professionnelle. Ces différentes investigations permettent au jury de vérifier que l’expérience et les acquis du demandeur correspondent aux compétences et aptitudes attendues du diplôme visé.
Le jury prend ensuite sa décision :
- Validation totale
- Validation partielle : le salarié n’obtient qu’une partie de la certification. Le jury indique les connaissances qui doivent faire l’objet d’une évaluation complémentaire et comment les acquérir (formation, stage…)
- Refus
VAE : quels avantages pour l’entreprise ?
La validation des acquis de l’expérience est parfois intégrée à la politique RH : information et sensibilisation des salariés, accompagnement pour constituer le dossier…Et à juste titre : loin d’être une démarche bénéficiant uniquement au salarié, la VAE est également intéressante pour l’employeur.
Dispositif de gestion des compétences
La VAE est un outil de stratégie RH et de gestion des compétences (GEPP, anciennement GPEC). En s’impliquant dans une telle procédure, l’entreprise actualise la connaissance de ses compétences internes. Elle peut ainsi s’adapter aux évolutions externes (technologiques notamment), éviter la perte de compétences stratégiques (départs en retraite), répondre ou faire évoluer ses salariés selon ses besoins…
Développement de l’image de qualité de l’entreprise
Des salariés qualifiés sont un atout pour l’entreprise, qu’il s’agisse par exemple de communiquer auprès de ses clients ou de s’engager dans une démarche qualité. La VAE est ainsi un bon moyen pour valoriser les salariés mais également mettre en valeur l’expertise de l’entreprise.
Fidélisation et motivation des salariés
Le fait de s’impliquer, en tant qu’employeur, dans la reconnaissance des compétences des salariés est un puissant outil de motivation au travail et de fidélisation.
Sur ce point, la VAE est ainsi beaucoup plus efficace que le projet de transition professionnelle (ex-CIF) au terme duquel une majorité de salariés quittent leur employeur.. Les collaborateurs qui terminent une VAE restent en grande majorité dans l’entreprise.
Solutions aux difficultés de recrutement
De nombreux secteurs d’activités peinent actuellement à recruter des profils qualifiés. Dans un tel contexte, le recours à la validation des acquis de l’expérience est une option intéressante. Elle favorise la mobilité interne des salariés et permet de pourvoir des postes au recrutement difficile.
Optimisation de la formation
Au terme de sa démarche de validation des acquis, le salarié a une parfaite connaissance de ses compétences et de celles qu’il doit éventuellement acquérir (par exemple dans le cas d’une validation partielle). L’entreprise peut alors cibler la formation nécessaire ce qui en réduit la durée et donc le coût.
Céline Le Friant