Aujourd’hui encore, l’épuisement professionnel touche de nombreux employés, quels que soient le secteur d’activité et le statut professionnel. Aussi appelé burn-out, il peut avoir des conséquences graves sur la santé mentale et physique des salariés, mais aussi la performance globale de l’entreprise.
Dans ce contexte, les services des ressources humaines jouent un rôle clé dans la mise en place de stratégies pour prévenir le burn-out.
Comprendre les causes du burn-out
Avant d’agir, il est essentiel de comprendre les origines de l’épuisement professionnel.
- Un manque de reconnaissance face à un engagement intense
Lorsqu’un salarié investit temps et énergie dans son travail sans un retour adéquat (qu’il s’agisse d’une rémunération juste, de marque de respect ou encore de valorisation), un sentiment de frustration et de démotivation peut s’installer. L’absence de reconnaissance est un facteur majeur de désengagement et de stress chronique.
- Une pression constante sur les résultats
Dans de nombreux secteurs, la performance est centrale, avec des objectifs parfois irréalistes. Cette pression excessive entraîne du stress et une anxiété accrue, et peut éventuellement mener à un épuisement psychologique.
- L’insécurité de l’emploi
La peur du licenciement ou de la précarité professionnelle est un facteur de risque psychosocial : l’insécurité socio-économique. Un environnement instable entraîne une hypervigilance permanente, réduisant la capacité de récupération et favorisant l’épuisement.
- Un contact permanent avec un public difficile
Les métiers impliquant une interaction continue avec un public difficile (clients insatisfaits, usagers agressifs) exposent les travailleurs à une charge émotionnelle intense. La gestion des conflits et des émotions répétées affaiblit progressivement la motivation et la résistance au stress.
Ces facteurs, lorsqu’ils se cumulent, créent un terrain propice à l’épuisement professionnel. Identifier ces causes en amont est essentiel pour mettre en place des actions préventives et améliorer la qualité de vie au travail (QVCT).
Les signes avant-coureurs du burn-out
Les RH doivent être en mesure de repérer les signaux faibles du burn-out afin d’intervenir le plus rapidement possible. Tout changement de comportement doit alerter. En effet, l’épuisement professionnel se développe en plusieurs phases, chacune caractérisée par des symptômes spécifiques :
Phase d’alarme
Cette phase initiale est marquée par une exposition répétée au stress professionnel. Les signes incluent :
- fatigue persistante, avec une sensation de fatigue qui ne disparaît pas malgré le repos ;
- stress constant et tension nerveuse omniprésente liée aux responsabilités professionnelles, aux ressources, aux contraintes temporelles ;
- difficultés à concilier vie professionnelle et personnelle ;
- sentiment de ne jamais en faire assez.
Phase de résistance
À ce stade, l’individu tente de maintenir sa performance malgré une fatigue et un stress croissant. Cela se manifeste par :
- de l’irritabilité et de l’impatience avec des réactions exacerbées face aux situations habituelles ;
- un déclin de la motivation (perte progressive de l’intérêt pour des tâches quotidiennes) ;
- des difficultés de concentration : troubles de l’attention et de la mémoire ;
- une augmentation de l’absentéisme ou des retards (fréquence accrue des absences ou des retards au travail) ;
- l’apparition des troubles psychosomatiques (maux de tête, troubles du sommeil, douleurs musculaires).
Phase d’épuisement
Cette phase critique se caractérise par un épuisement physique et émotionnel profond. Les signes sont :
- dépression ou anxiété sévère ;
- troubles graves du sommeil ;
- problèmes de santé chronique (affections cardiovasculaires, troubles digestifs) ;
- sentiment de désespoir et de démotivation complète avec perte totale d’intérêt pour le travail et la vie en général ;
- problèmes relationnels significatifs (isolement social, conflits avec l’entourage professionnel ou privé).
Il est essentiel pour les ressources humaines et les managers de surveiller ces signes et de mettre en place des actions préventives pour soutenir les employés à risque et promouvoir un environnement de travail sain.
Stratégie RH pour prévenir le burn-out
Il n’existe pas de solutions uniques pour prévenir le burn-out, mais repérer les premiers signaux doit permettre d’agir à temps.
Mettre en place une démarche collective et participative
Impliquer les salariés et s’appuyer sur des experts permet d’identifier plus rapidement les risques et de mettre en place des solutions adaptées.
Pour cela, il faut encourager la participation collective en créant des espaces d’échanges, des groupes de discussion pour engager les salariés dans l’amélioration des conditions de travail.
Faire appel à son Service de Prévention et de Santé au travail (anciennement connu sur le nom de médecine du travail) est aussi une possibilité. Assurer un suivi régulier permet de détecter les premiers signes de burnout et d’adapter les conditions de travail nécessaires. Les médecins du travail peuvent aussi conseiller l’entreprise, avec l’aide de son équipe sur les actions préventives à mettre en place.
Pour impliquer les salariés, il est également nécessaire de sensibiliser et faire un accompagnement collectif en organisant des ateliers et des formations sur les risques psychosociaux.
Adapter la charge de travail et optimiser l’organisation
Pour éviter que certains salariés ne supportent une pression disproportionnée, il faut repartir les taches de façon équilibrée et adapter les heures supplémentaires de façon à bien différencier la vie personnelle de la vie professionnelle.
Encourager une culture du bien-être et de la prévention
Les RH ont le devoir de promouvoir une culture d’entreprise bienveillante. Il est important de sensibiliser les managers à l’impact du stress et aux bonnes pratiques de leadership.
Encourager les pauses régulières et déconseiller les emails en dehors des heures de travail de façon à encourager la déconnexion et favoriser un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle.
Pour détecter les problématiques et y apporter des solutions, il est possible de mettre en place des entretiens réguliers avec les salariés.
Mettre en place un dispositif de soutien
Un accompagnement adapté est essentiel pour prévenir l’épuisement, comme la mise en place d’un soutien psychologique pour les employés en difficulté ou un système de signalement anonyme pour permettre aux salariés de remonter leurs problèmes sans crainte de représailles.