Vous l’avez loupée sur LinkedIn ? Alexandra Dubec est responsable marque employeur & relations écoles chez Rydge Conseil. Sa mission consiste à développer la stratégie d’attractivité et d’engagement des talents pour accompagner la transformation de l’entreprise. Nous avons passé 20 minutes avec Alexandra pour comprendre qui elle est. Si elle figure au top 25 des RH les plus influents en 2025, ce n’est peut-être pas par hasard.
Alexandra, quel est ton parcours ?
J’ai un parcours hybride que j’assume pleinement. J’ai commencé dans l’hôtellerie internationale, attirée par le contact et le mouvement. Lors de ces expériences à l’étranger, j’ai découvert une connexion évidente entre l’événementiel, aussi bien corporate que privé, et l’hôtellerie. À mon retour en France, j’ai voulu structurer et développer cette approche, j’ai donc enchaîné avec un master en événementiel.
C’est à ce moment que j’ai réalisé que l’événementiel n’est qu’un moyen au service d’une stratégie plus vaste. Alors spécialisée dans l’influence, la communication corporate et l’art du récit, j’ai poursuivi avec un autre master en sociologie des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Ceci afin de comprendre comment les réseaux et les algorithmes transforment les individus en porte-voix.
Ainsi, j’ai construit une expertise qui est à la fois très théorique et très pratique. Je suis ensuite passée en agence, chez l’annonceur. Et, il y a un peu plus d’un an, j’ai rejoint Rydge Conseil dans un contexte de séparation d’un Big 4 historique. Ma fonction consiste à construire la marque employeur. Ce qui implique, entre autres, de contribuer à la construction de la plateforme de marque, poser les bases d’une culture, et porter une identité singulière… c’est un projet passionnant.
Qu’est-ce que tu apportes à la fonction RH ?
Question complexe. Je dirais que j’apporte une vision très incarnée de la marque employeur. À mon sens, cette dernière est connectée au marché assez naturellement, car les acteurs la positionnent aux côtés du recrutement.
Or, à mon niveau, je milite aussi pour que la marque employeur ne soit pas uniquement une marque recruteur. Mais, qu’à l’inverse, elle s’inscrive davantage comme une extension de l’expérience talent au sens plus large. Dans ma vision, la marque employeur doit être corrélée au réel, je cherche donc à la faire vivre avec authenticité. C’est-à-dire sans la réduire à un levier qui ne sert qu’à vendre l’entreprise.
Dans un monde saturé de messages, je pense que c’est cette sincérité qui crée la différence. Par ailleurs, j’apporte aussi une posture transverse. Car, pour bâtir une marque employeur solide, il me paraît essentiel de parler RH, communication, business, RSE, etc. C’est cet alignement que je construis à travers une collaboration constante avec toutes les parties prenantes.
Quels sont selon toi les grands défis RH, à court terme et d’ici 2030 ?
À court terme, je vois deux enjeux majeurs qui sont, en réalité, déjà d’actualité. Le premier concerne l’expérience candidat. Il faut sortir d’une logique de volume pour aller vers plus de qualité : mieux vaut 10 bons entretiens que 100 CVs sans retour. Et pour cause : le paradigme a changé sur le marché. Aujourd’hui, on ne fait plus que du recrutement, on construit des relations. Les recruteurs doivent ainsi adopter une posture différente, parfois commerciale, parfois de « care », avec nurturing du vivier candidat, par exemple. Il faut donc accompagner les recruteurs en ce sens.
Deuxième enjeu : l’intelligence artificielle, bien entendu. Il ne faut pas la redouter, mais apprendre à l’utiliser avec esprit critique. Ce qui est produit par l’IA n’est pas une vérité brute, mais une base à retravailler. Il faut donc permettre aux équipes de développer ce recul, cette capacité à transformer l’outil, pas à s’y soumettre.
À l’horizon 2030, je crois que l’un des grands chantiers RH sera de recréer du lien à l’entreprise. Aujourd’hui, la fidélité à une structure est plus fragile, plus circonstancielle. Les modes hybrides, le télétravail, ont reconfiguré les espaces de sociabilité. Il faudra redonner envie de s’engager, non pas par injonction, mais parce que chacun y trouve un sens.
Et ce sens n’est pas un bonus, c’est un moteur. Ce n’est pas une récompense qu’on obtient au bout d’un chemin, c’est ce qui donne envie d’avancer.
Enfin, à titre personnel, j’aimerais que la diversité et l’inclusion ne soient plus un « sujet » à traiter, mais une réalité pleinement ancrée. On ne devrait plus avoir besoin d’une journée mondiale ou d’un label pour en parler ; il me semble que la DE&I devrait simplement être évidente dans les pratiques.
Quel est le secret de ta visibilité sur LinkedIn ?
Je ne suis pas certaine d’avoir vraiment un secret. Je suis très naturelle dans mes prises de parole : je ne cherche pas à jouer un rôle, ni à faire du buzz. Je partage ce que je vis, ce que je crois, ce que je cherche aussi, et ça fonctionne. D’ailleurs, je me suis détournée d’une logique de performance puisque je ne regarde pas les chiffres.
En revanche, ce qui m’importe, c’est la résonance. Si un post suscite des commentaires, des messages en privé, ou une discussion dans notre communauté WhatsApp de responsables marque employeur, alors il a servi. Ce qui compte, c’est le lien et l’échange. J’aime autant publier que commenter et contribuer aux réflexions des autres. C’est comme ça que je vois LinkedIn : comme un espace collectif où il n’y a pas de concurrence, mais une communauté qui partage ses bonnes pratiques.
Es-tu plutôt workaholic ou work-life balance ?
J’ai été les deux, et j’apprends encore à m’équilibrer. Longtemps, j’ai pensé que, pour être bien dans mes baskets, il fallait être bien dans mon travail, dans mon couple, dans mon rôle de mère. Jusqu’à ce qu’on me dise : « Et toi, pour toi, t’es où dans tout ça ? »
La prise de conscience suscitée par cette simple question m’a permis de commencer à me dégager du temps pour moi. J’ai la chance de faire un métier passion, et d’être épaulée par un mari avec qui je forme un vrai binôme. C’est ce travail d’équipe qui rend l’équilibre possible et contribue à ce que je ne m’oublie pas dans l’équation.