Gain de temps, automatisation, personnalisation : les promesses de l’IA pour les ressources humaines sont nombreuses. Mais entre ambitions, limites techniques et cadres réglementaires, son intégration reste un chemin exigeant.
Désormais présente dans les logiciels de paie, les outils d’aide à la décision ou les chatbots, l’IA transforme progressivement les pratiques. Mais au-delà de la tendance, comment les entreprises intègrent-elles l’IA dans leur organisation ?
Lors du salon SRH 2025, le groupe Satec, accompagné de l’éditeur Nibelis, a partagé son retour d’expérience. Mais aussi les coulisses de sa démarche structurée et fondée sur l’acculturation, la gouvernance des données et l’éthique.
Alors, comment identifier les cas d’usages utiles et crédibles ? Quels sont les véritables apports pour la fonction ? Et quels garde-fous faut-il poser pour éviter les dérives algorithmiques ?
L’IA dans les RH : entre fascination technologique et intégration progressive
L’intelligence artificielle fascine. Mais elle suscite aussi prudence et questionnements dans les services RH.
Alors que tout l’écosystème prédisait une révolution inédite des ressources humaines, nous en sommes en réalité encore loin. Car, le plus souvent, l’intégration de l’IA se fait plutôt par étapes, step by step. D’ailleurs, en témoignant lors du salon SRH 2025, le groupe Satec illustre bien cette approche pragmatique : la transition ne peut se faire du jour au lendemain. Au contraire, elle s’inscrit dans une stratégie plus large de transformation digitale et, par conséquent, nécessite du temps.
Recontextualisons : depuis près de deux ans, l’IA devient accessible, intuitive, et omniprésente. Les collaborateurs s’en emparent de manière autonome, souvent via des outils grand public comme ChatGPT ou Copilot.
Mais derrière l’effet « génie dans la lampe », les risques apparaissent aussi dans la sphère professionnelle : utilisation de données sensibles, manque de contrôle, dérives potentiellement graves. Face à ces risques, la réponse des organisations doit être unanime : former, sensibiliser, encadrer.
Chez Satec, des ateliers avec Microsoft ont permis de cadrer l’usage du « secure GPT ». En parallèle, chaque métier travaille sur des cas d’usage concrets :
- automatisation de tâches répétitives ;
- aide à la lecture documentaire ;
- assistance à la rédaction.
Ainsi, l’idée n’est pas de fantasmer sur un futur lointain, mais de prototyper des gains concrets. Ici et maintenant.
Des usages multiples, une transformation des métiers
Comme l’a expliqué Vivien Ambert, directeur commercial chez Nibelis, l’intelligence artificielle s’insère à différents niveaux. En ce sens, elle peut être perçue comme une « fusée à trois étages » : d’abord conversationnelle, puis assistive, et, enfin, générative.
Première étape : l’IA conversationnelle. Elle permet aux services RH de gagner du temps sur la gestion des questions récurrentes : calculs de congés, attestations, référentiels juridiques. L’IA répond à la fois aux salariés et aux RH eux-mêmes, via des interfaces simples, vocales ou écrites.
Deuxième étage : l’IA assistive. Elle intervient sur des volumes importants de données : analyse de CV, traitement d’entretiens annuels, identification de tendances. Dans ce contexte, elle ne remplace pas l’analyse humaine, mais la renforce. Ceci en mettant en lumière des signaux faibles et en facilitant la prise de décision.
Enfin, l’IA générative propose. Ou plutôt elle conçoit, suggère, aide à améliorer l’expérience collaborateur :
- optimisation de parcours d’onboarding ;
- recommandation de formations sur mesure ;
- accompagnement de montée en compétence, elle devient ici un partenaire stratégique de l’évolution professionnelle.
Mais pour que tout cela fonctionne, la qualité des données est essentielle. Plusieurs intervenants l’ont rappelé : les outils les plus puissants ne valent rien sans une data RH fiable, structurée, nettoyée. La gouvernance de la donnée devient alors une priorité puisque sans elle, l’IA est aveugle. Si ce n’est dangereuse.
Données, éthique et accompagnement : les trois piliers indispensables
Intégrer l’IA dans les process RH n’est pas qu’une démarche technique : c’est un projet d’entreprise à part entière où l’adhésion des collaborateurs est un enjeu. Pour Julie Konde Rayez, Secrétaire Générale du groupe Satec :
Il faut penser l’IA comme un chantier transversal, où la gestion du changement est centrale.
Former, expliquer, rassurer : l’approche est volontairement progressive. Chaque collaborateur doit, par exemple, comprendre pourquoi les données sont nettoyées, pourquoi les process évoluent, et ce qu’il pourra y gagner. Chez Satec, un comité IA a été mis en place, en plus d’un comité éthique déjà existant. Les projets sont ainsi monitorés, analysés, intégrés dans la stratégie globale.
L’autre risque, c’est celui des biais. Lors de la conférence, plusieurs exemples ont été cités, dont celui d’Amazon ayant déployé un algorithme de recrutement qui avait reproduit (et accentué) les biais sexistes historiques. Enfin, la sécurité. Une IA mal encadrée peut être une faille.
Le message est clair : aucune technologie, aussi performante soit-elle, ne doit être déployée sans réflexion éthique, juridique et managériale.
Alors, IA révolution ou illusion ? Ni l’un ni l’autre. En pratique, l’intelligence artificielle ne provoque ni rupture brutale, ni miracle. Et pour cause : aucune technologie, aussi performante soit-elle, ne peut être déployée sans réflexion éthique, juridique et managériale. Aujourd’hui, l’on assiste donc plutôt à une évolution, longue, parfois exigeante, mais riche de promesses pour les RH et les collaborateurs.
Article basé sur la table ronde « IA & RH : révolution ou illusion ? » donnée lors du salon SRH 2025.
À propos de Nibelis
Fondé en 2001, Nibelis est un éditeur français de logiciels de paie et de gestion des ressources humaines. L’entreprise accompagne plus de 2 000 entreprises clientes et traite chaque année plus de 5 millions de bulletins de paie. Son chiffre d’affaires s’élève à 50 millions d’euros, soutenu par une croissance annuelle de plus de 22 %. L’entreprise compte plus de 300 collaborateurs répartis dans 8 agences à travers la France, offrant une proximité et un service de qualité à ses clients.
À propos du groupe Satec
Créé en 1965, le Groupe SATEC est un courtier en assurances français indépendant, reconnu pour son expertise dans la gestion des risques d’entreprise, la protection sociale et les solutions affinitaires. Comptant 350 collaborateurs en France, SATEC accompagne plus de 15 000 clients professionnels et 100 000 particuliers, avec un chiffre d’affaires de 66 millions d’euros. Le Groupe se distingue par son engagement, sa proximité client et sa capacité à proposer des solutions sur mesure adaptées aux enjeux de chaque organisation.