Nous le savons, l’apprentissage représente un formidable levier d’insertion professionnelle pour les jeunes et un atout pour les entreprises en quête de compétences adaptées à leurs besoins. Pourtant, ce modèle est aujourd’hui remis en question avec la publication du décret n° 2025-174 du 22 février 2025. S’il n’a rien d’une surprise pour le monde du travail, ce texte acte la réduction des aides financières à l’embauche des apprentis annoncée le 30 décembre dernier. Ce qui bien entendu pourrait avoir des répercussions significatives sur le recours à l’apprentissage, en particulier dans les grandes entreprises.
Quels sont les nouveaux montants de l’aide ? Quels impacts peut-on anticiper sur l’emploi des jeunes et la dynamique des contrats d’apprentissage ? Décryptage.
Décret n° 2025-174 du 22 février 2025
Après des semaines d’attente, c’est maintenant officiel : l’aide unique pour l’embauche des apprentis à hauteur de 6 000€ quelle que soit la taille de l’entreprise, c’est terminé. Dans le décret n° 2025-174 du 22 février 2025, le ministère du Travail confirme que le montant de l’aide à l’apprentissage est désormais revu à la baisse comme suit :
- 5 000 € maximum pour les entreprises de moins de 250 salariés ;
- 2 000 € maximum pour les entreprises de 250 salariés et plus.
L’aide de 6 000 € est en revanche maintenue pour l’embauche des apprentis en situation de handicap. Et ce, quelle que soit la taille de l’entreprise.
Selon Astrid Panosyan-Bouvet l’objectif derrière cette mesure est notamment :
(…) de permettre de continuer à soutenir l’apprentissage dans l’ensemble des entreprises et plus particulièrement dans celles de moins de 250 salariés qui emploient près de 80 % des apprentis.
Bien entendu, s’ils soulignent la priorité accordée aux petites structures, la plupart des acteurs du marché de travail regrettent ce coup de rabot. Et, surtout, bon nombre d’entre eux s’inquiètent des effets négatifs sur l’emploi des jeunes.
L’apprentissage, tremplin pour l’insertion professionnelle des jeunes
Les données publiées par la Dares* en décembre 2024 démontrent que l’apprentissage s’inscrit comme un levier majeur pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes :
- 66 % des jeunes sont en emploi salarié 6 mois après leur sortie d’apprentissage, avec une majorité d’entre eux en CDI (60 %) . Une proportion qui dépasse même 70 % pour les diplômés, soulignant l’importance d’obtenir la certification visée.
- Les jeunes sortant d’un BTS (69 %) ou d’un BP (74 %) trouvent plus facilement un emploi que ceux issus d’un CAP (60 %). Les spécialités liées à la production, comme le génie civil ou la mécanique, offrent les meilleures opportunités d’insertion.
- Près de 27 % des jeunes sont embauchés par leur employeur d’apprentissage, témoignant de la pertinence de cette formule pour les entreprises qui peuvent former des talents adaptés à leurs besoins.
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Source : Dares publication n°76 de décembre 2024
Dans un contexte où l’apprentissage joue un rôle central pour limiter le chômage des jeunes et répondre aux besoins de main-d’œuvre qualifiée, réduire les incitations financières pour les employeurs, alors que le marché du travail connaît des tensions, risque d’affecter les opportunités offertes aux jeunes en transition vers l’emploi.
En effet, face à cette diminution des aides financières, les entreprises, en particulier les plus grandes, pourraient freiner leur volonté d’investir dans la formation des apprentis. Et, par conséquent, compromettre cette dynamique.
Source(s) documentaire(s) :
- Insertion professionnelle des apprentis (…) 6 mois après leur sortie d’études en 2023, Dares n°76 de décembre 2024
- Décret n° 2025-174 du 22 février 2025, JORF n°0046 du 23 février 2025