Inflation, pouvoir d’achat en berne, crise énergétique, guerre en Ukraine, menaces sanitaires, grèves à répétition, réforme des retraites, désengagement massif des collaborateurs etc. Les médias ne nous épargnent pas et ont le don de nous saper le moral. Personnellement, à chaque fois que j’écoute les informations, j’ai l’impression qu’on fait tout pour nous déprimer et nous plomber le moral.
Alors avec ce contexte économique, politique et climatique compliqué, peut-on parler de joie ?
Est-il utopiste de cultiver la joie ? Bien sûr que non, au contraire, agir avec morosité au quotidien c’est ajouter du malheur au monde, alors qu’injecter un peu de joie ici et là c’est ajouter du bonheur là où on peut et là où on peut C’EST NOUS !
Alors agissons et cultivons la joie.
Je vous imagine peut-être vous dire « encore un article qui voudrait nous faire croire au monde des bisounours et nous montrer à quel point la vie est bienveillance, empathie, reconnaissance, bien-être et petits plaisirs ». Mais que nenni, j’aime m’inspirer du quotidien pour insuffler à chacun l’envie d’agir. Il ne s’agit donc pas de porter des œillères sur les problèmes qui nous entourent mais plutôt d’agir individuellement pour être acteur d’un monde que nous voulons tous plus humain et plus heureux.
Alors comment cultiver la joie et la transmettre, on en parle dans cette tribune. 😊
Qu’est-ce que la joie et quels en sont ses bénéfices ?
La joie est une des cinq émotions primaires.
Elle est une émotion positive qui manifeste un état de satisfaction intense. Mais comme toute émotion, la joie est passagère et non un état permanent.
Les synonymes de la joie sont, entre autres, le contentement, l’exaltation, le ravissement, la satisfaction, la gaieté, la bonne humeur.
Les bénéfices de la joie sont nombreux :
- Elle accroit notre énergie et notre motivation au travail ou personnelle,
- Elle relâche les tensions,
- Elle favorise l’élan, l’audace, l’action,
- Elle pousse à entreprendre, se dépasser, progresser,
- Elle est contagieuse et donne le sourire à ceux qui nous entoure,
Pourquoi nous sommes-nous détachés de la joie ?
Enfant, la joie était notre moteur. Nous agissions avec légèreté, spontanéité, nous pouvions rire, chanter, danser sans nous soucier du monde autour de nous. Puis avec le temps et les responsabilités, nous perdons cette joie, d’ailleurs St Exupéry dit dans le Petit Prince :
« Toutes les grandes personnes ont été des enfants mais peu d’entre elles s’en souviennent ».
Adulte, nous devenons bien trop sérieux et nous ne nous en rendons pas compte. L’entreprise et la société au sens large attendent de nous du sérieux, de l’engagement, la tenue d’objectifs et de responsabilités. Si bien que nous nous enfermons dans des comportements, des habitudes et nous laissons peu de place à la joie.
Chaque jour, nous faisons face à des doutes, des contrariétés, des obstacles, des choix qui prennent beaucoup de place dans notre esprit.
Chaque jour, nous vivons des émotions négatives mais malheureusement nous sommes plus sensibles aux émotions négatives qu’aux positives, si bien que nous occultons les aspects satisfaisants de notre existence.
Trop conventionnel, trop factuel, trop fonctionnel, nous agissons avec sur nos visages une certaine GRAVITE pour certains, une certaine NEUTRALITE pour d’autres qui lassent penser que nous sommes indifférents à la vie, ou pire parfois que nous portons le malheur du monde sur nos épaules. Ce que j’appelle la tristittude, une triste attitude qui rime avec habitude.
Trop souvent nous ne nous laissons pas aller à la spontanéité car la pudeur nous habite, trop préoccupés par le regard des autres, les contrariétés passagères nous nous privons nous-même de joie.
La joie de vivre serait-elle culturelle ?
Pourquoi ai-je choisi de vous parler de joie ? J’ai passé quelques jours de vacances au Maroc en début d’année. Après 1 semaine de vacances dans le désert marocain, j’ai choisi de séjourner quelques jours à Marrakech, dans la médina bouillonnante de vie, de parfums, d’épices et de joie. Car, on peut le dire, les Marocains sont des personnes chaleureuses qui ne savent pas vous accueillir sans vous ouvrir leur bras, vous offrir un sourire ou un verre de thé.
A mon retour, encore baignée par cette hospitalité méditerranéenne ce qui m’a frappé chez nous c’est l’absence de joie. En allant à la boulangerie, il y avait cinq personnes devant moi, me laissant ainsi le temps d’observer les interactions entre la boulangère et ses clients.
Une baguette s’il vous plait / 1 pain au chocolat merci/ bonjour, un pain au noix tranché si possible.
Les échanges étaient certes courtois, les clients servis rapidement mais la valse des échanges étaient d’une neutralité déconcertante. Oui nous sommes sérieux, factuels et conventionnels y compris lorsque nous achetons une baguette. Cette simple demande peut sembler parfois très SOLENNELLE et il en va de même à la caisse du supermarché, au guichet de transport, auprès de notre DRH, de notre manager ou de nos propres collègues.
Parfois nous agissons comme si la vie était un fardeau alors que la vie est un cadeau. Alors bien sûr, il ne s’agit pas de demander les choses en chantant ou en faisant des salto arrière mais en transmettant à l’autre de l’énergie motrice.
Comment transmettre la joie ?
La joie se voit et s’entend.
La joie serait donc à mon sens verbale, vocale et visuelle.
La joie se lit sur notre visage, s’entend dans l’intonation de notre voix, se traduit dans le choix nos mots.
Lorsqu’on parle de communication, on a tendance à se focaliser sur ce qu’on dit : nos mots, alors même qu’il nous faut bien différencier CE QU’ON DIT et LA MANIERE dont on le dit.
La manière dont on dit les choses : voilà qui change tout !
Ce n’est pas parce que la vendeuse d’un magasin nous dit « Bonjour Madame » qu’on la qualifiera de solaire. On dira d’elle qu’elle est polie. Mais si sa voix est musicale et son sourire sincère, elle deviendra à nos yeux une personne chaleureuse.
Voyons de plus près, en quoi la joie est verbale, vocale et visuelle.
1. La joie est VERBALE
Les mots ont un impact fort, il y a des mots qui énergisent, des mots qui démoralisent. Il y a des mots qui désolent et des mots qui consolent. Le sens littéral des mots traduit une partie de votre joie.
Exemple à la question : « Comment vas-tu ? »
Evitez les : ça va / bien / pas mal / bof
Soyez ex-pre-ssif dans votre vocabulaire. Si vous allez bien, manifestez-le ! Envoyez de l’énergie à l’autre ! « Je suis contente j’ai …. / Je me réjouis car ce soir je … / Je suis en pleine forme, les vacances m’ont ressourcé / Je suis super enthousiaste car …. »
2.La joie est VOCALE
Le ton de votre voix, le rythme, le débit, le volume, la mélodie, je dirais même la musicalité transmettent une émotion et peuvent transformer votre message.
Exemple : un simple « bonjour » peut être perçu comme poli, courtois, professionnel, timide ou à l’inverse chaleureux, enthousiaste, communicatif.
La manière dont vous prononcez ce bonjour peut autant traduire un côté chaleureux que conventionnel.
D’autre part, la manière dont vous dîtes les choses peut générer chez l’interlocuteur un état agréable ou désagréable. Vous pouvez aussi bien le mettre à l’aise que le mettre sous pression ou dans l’indifférence totale.
3. La joie est VISUELLE
Savez-vous que 55% du message perçu par votre interlocuteur tient au langage de votre corps, à votre regard, votre gestuelle mais aussi l’expression de votre visage, de votre sourire, de l’inclinaison de votre bouche et même de vos sourcils que vous haussez sans même en avoir conscience ?
Les études en matière de communication aux autres nous apprennent que 93% de notre communication est non-verbale.
Ce que nous retenons d’un échange ordinaire est essentiellement lié à notre voix pour 38% et notre langage corporelle pour 55%. Aussi la NEUTRALITE de notre voix et la PASSIVITE de notre visage risquent fort d’envoyer à notre interlocuteur un message morose.
Oui, il y a une tristesse dans la manière de communiquer, on s’impose trop de sérieux dans notre posture. Nous ne sommes pas des chirurgiens qui opérons à cœur ouvert chaque jour.
Si nous aspirons au bonheur, mettons toutes les chances de notre côté, à commencer par notre façon d’être.
Lors d’un de mes voyages en Inde, je me souviens d’une jeune indienne veuve, maman de 2 enfants qui m’avait dit : « Tu sais ici on n’a rien, alors le bonheur ça commence par sourire, moi je souris tout le temps pour mes enfants. »
J’ai alors mesuré que sourire est un choix de vie. Certaines personnes dans le monde ont décidé d’aborder l’existence avec joie et résilience. Le récit de cette femme, que je décris dans mon livre *, démontre que la tristesse et la joie peuvent cohabiter. On peut saigner de l’intérieur, mais continuer d’honorer Madame la Vie. On peut souffrir de l’intérieur, mais ne pas laisser le malheur prendre toute la place. Il y a aussi des choses qui vont bien. Il y a toujours quelque chose qui va bien.
(extrait de *J’peux pas j’ai rendez-vous avec moi)
A quel moment, peut-on manifester notre joie ?
A tous les moments de la vie nous pouvons manifester notre contentement. Une personne chaleureuse qui dégage une certaine joie de vivre ne se pose pas la question où et quand manifester sa joie, elle incarne la joie,
- Lorsqu’elle décroche le téléphone,
- Lorsqu’elle sollicite quelqu’un pour une question, un renseignement, un peu d’aide,
- Lorsqu’elle est interrompue dans son travail par quelqu’un qui frappe à la porte de son bureau,
- Lorsqu’elle anime ou participe à une réunion,
- Lorsqu’elle est à la caisse d’un magasin ou d’un quelconque guichet,
- Lorsqu’elle dit au revoir au serveur du restaurant pour l’encourager,
A tous les moments de la vie, l’intonation de notre voix, l’expression de notre visage sont, avant même d’avoir prononcé un seul mot, des indicateurs de notre chaleur humaine.
Quelques pistes pour favoriser l’émergence de la joie
Il n’existe pas de recette miracle pour être joyeux, mais voici quelques pistes d’action pour renouer avec la joie dans son quotidien :
- Arrêter de regarder les infos
- Passer du temps avec des gens positifs
- Manifester notre reconnaissance et offrir des merci spécifiques
- Complimenter, féliciter, encourager donne un shoot de vitamines à vous comme à autrui
- Sourire en parlant
- Se faire des play-list qui boostent votre énergie
- Faire des choses inhabituelles qui cassent la routine
- Lâcher prise avec la perfection
- Déchirer sa to-do-list et faire de la place à l’imprévu 1 jour par semaine
- Appeler ses amis plus souvent
- Danser avec votre conjoint, vos enfants, vos amis et même seul dans votre salon
- Capitaliser sur ce qui vous satisfait dans la vie
Sans vouloir parodier Charles Trenet, en 2023 y’a d’la joie.
Oui, je vous souhaite que 2023 rime avec joie.