La série Severance, disponible sur Apple TV depuis le 18 février 2022, interroge l’équilibre entre vie professionnelle et privée.
Imaginez : dans un futur proche, les salariés d’une grande entreprise oublient instantanément leur journée de travail, une fois sortis de l’entreprise.
Présentation de Severance : un thriller dystopique
Au beau milieu d’une salle de réunion, Helly R. (Britt Lower) se réveille allongée sur une table. Confuse, paniquée et désorientée, une étrange voix lui demande de répondre aux cinq questions d’une “enquête”.
- Qui êtes-vous ?
- Dans quel État américain êtes-vous née ?
- Nommez un État spontanément.
- Quel est le petit déjeuner préféré de monsieur Eagan ?
- Quelle est la couleur des yeux de votre mère ?
Elle ne parvient à répondre qu’à la 3 ème question “ État du Delaware “. On lui rétorque que c’est un score parfait. Elle réalise alors qu’elle n’a absolument aucun souvenir de sa vie.
« Parlons d’une chose que vous devez connaître : l’équilibre entre vie professionnelle et privée. » Mark Scout, Severance
La voix désarticulée et hésitante qui s’adresse à elle est celle de Mark Scout (Adam Scott). Il vient tout juste d’être promu chef de service des microdonnées chez Lumen industries. Maladroitement, il suit à la lettre sa procédure, récitant phrase après phrase des indications à Helly.
Quelques heures auparavant, devant l’entrée de Lumen industries, Mark était en larmes dans sa voiture. Mais lorsqu’il est monté dans l’ascenseur pour rejoindre son bureau, il s’est métamorphosé. En sortant de l’ascenseur, nous le retrouvons souriant et concentré, sans souvenir de ses problèmes personnels. Alors, a-t-il trouvé le parfait équilibre entre vie professionnelle et privée ?
Équilibre entre vie professionnelle et privée : par tous les moyens dans la série Severance ?
Des conséquences inquiétantes
Dans Severance, thriller à l’esthétisme épuré, règne une atmosphère inquiétante. Mark Scout fait donc partie des employés qui ont délibérément choisi de “dissocier” leur mémoire en deux : d’un côté leurs souvenirs professionnels, de l’autre ceux de leurs vies privées. L’accès à ces souvenirs est déterminé par l’endroit où ils se trouvent : soit entre les murs de l’entreprise, soit à l’extérieur. Cette modification irréversible du cerveau engendre donc deux versions d’une même personne. Severance, produit par Ben Stiller, interroge le spectateur sur cette soi-disant solution miracle qui assure équilibre entre vie professionnelle et privée.
Nous comprenons peu à peu que les motivations de Mark sont troubles. Côté vie privée, il a accepté la dissociation afin d’oublier son chagrin pendant ses journées de travail.
Côté vie professionnelle, il ne connaît que vaguement son rôle, étant donné qu’il n’en garde aucun souvenir en quittant l’entreprise. En regardant Severance, cette mystérieuse façon de concilier vie professionnelle et privée devient plus inquiétante encore lorsque Mark reçoit la visite d’un ancien collègue de travail. Il ne se souvient pas de lui, car il ne se trouve pas dans l’entreprise. Celui-ci tente de l’alerter sur la réalité de leur profession.
Cette dissociation entre les souvenirs de sa vie professionnelle et ceux de sa vie privée suscite des problématiques à la fois morales, éthiques et de sécurité.
Équilibre entre vie professionnelle et privée : un sujet actuel
Depuis la crise sanitaire, l’équilibre vie professionnelle et vie privée est devenu la priorité des DRH. Les différentes périodes de confinement et de télétravail ont largement contribué à modifier la perception des salariés quant à leur propre condition.
Ce sujet n’est pas nouveau, mais grâce à la crise, il devient concret et les entreprises n’ont plus le choix. Face à des salariés qui ont pris goût à : aller chercher leurs enfants à l’école, faire du sport, … en bref, profiter de la vie, elles doivent s’adapter et repenser leur mode de fonctionnement en proposant des modes et conditions de travail plus en phase avec les attentes de leurs collaborateurs.
De là à procéder à une dissociation du cerveau et à implanter une puce électronique dans celui des salariés… peut-être pas :)
Laurène Boussé