Selon une étude Ifop sur la notoriété et l’image de l’intelligence artificielle auprès des Français, 44% des Français estiment que l’IA a des conséquences plutôt positives sur les performances au travail. Mais alors pourquoi est-elle le sujet de tant de méfiance ? 42% des sondés croient en son impact néfaste sur la pérennité de l’emploi. Victime de méconnaissance et perçue comme un outil du futur, il est aujourd’hui grand temps de conjuguer l’intelligence artificielle au présent. Aux premières loges de l’évolution du travail, les managers doivent comprendre les avantages de la technologie pour mieux se positionner au sein d’une organisation agile, apprenante et surtout, humaine.
La méconnaissance de la place de l’IA dans le management
Aujourd’hui, une des complexité du management est qu’il s’effectue en temps réel avec de nouveaux critères qui font appel aux soft skills. En voici quelques exemples non-exhaustifs :
- l’intelligence émotionnelle et l’empathie pour gérer les insatisfactions et les tensions au sein de l’équipe,
- la capacité à motiver et à engager face aux éventuels obstacles à la performance,
- La négociation et la notion des enjeux politiques au sein de l’organisation pour entretenir les bonnes alliances.
Quand l’IA rencontre le management, aux soft skills et aux qualités comportementales des managers viennent s’ajouter la compréhension des outils technologiques et des avantages qu’ils offrent. On parle alors de savoir-être numérique nourrit d’une connaissance approfondie des principes qui régissent l’intelligence artificielle et aussi des modes de travail qu’elle facilite et leurs bonnes pratiques. Ce rapprochement entre l’IA et les managers les invite à réfléchir à l’avenir de leur métier et à celui des collaborateurs sous leur responsabilité. Dans certains cas, le manager participe même à la constitution d’un algorithme, l’éduque, en évalue l’efficacité et l’améliore. L’IA et les managers forment alors une alliance pour une meilleure performance.
“Le collaborateur de XXIème siècle n’avance pas seul, il avance avec et grâce à son entourage : la matière grise de ses voisines et l’efficacité opérationnelle des outils technologiques mis à sa disposition,” résume Benjamin Ribault, Associé People chez PwC
Selon une enquête Axys auprès des RH, ces derniers sont bien conscients que l’IA implique un besoin de formation des collaborateurs (91%). Les avantages perçus sont des tâches opérationnelles facilitées, conférant aux salariés une plus grande autonomie (83%), et un sens retrouvé au travail grâce à l’automatisation de tâches rébarbatives (77%). L’IA et les managers méfiants ne sont pas si irréconciliables. Savoir, c’est pouvoir, dit-on. Plus on comprend le fonctionnement des outils technologiques, mieux on sait s’en servir sans les percevoir comme une menace.
IA et les managers : une aide ciblée sur les tâches du quotidien
Une quantité de tâches routinières qui incombent aux managers peuvent bénéficier de l’IA. Les plus connues sont la prise de rendez-vous automatique, l’optimisation de mails, la présélection de candidats par mots-clés ou encore l’assistance à la gestion projets. D’autres actions plus précises incluent :
- le choix des contenus en fonction de leur utilisation,
- la traduction de documents,
- l’organisation du contenu de travail par niveau de confidentialité,
- l’analyse des caractéristiques d’un produit et sa classification,
- le désengorgement d’un système de support noyé des demandes récurrentes,
- l’analyse et la visualisation des données d’engagement des collaborateurs,
- la prédiction de décisions de promotion ou de mobilité en interne.
Les managers prennent des décisions au quotidien et celles-ci ont autant un impact à titre individuel que collectif. Les recommandations de l’IA aident les managers à prendre des décisions en connaissance de cause et d’effet. Quand elles affectent directement des individus, les décisions intègrent souvent un degré de personnalisation relatif au timing et à l’interaction avec le collaborateur. L’IA, capable de personnaliser les modèles prédictifs, et le manager travaillent de concert et fournissent aux collaborateurs un feedback sur-mesure sur sa performance. Ainsi, l’intelligence artificielle peut améliorer le bien-être des salariés et aussi guider le développement professionnel.
Au sens collectif, l’IA assiste les managers dans la collecte de données de façon plus rapide et étendue, leur donnant une vision plus empirique des enjeux. La décision peut alors inclure et anticiper les effets externes au périmètre du manager. Le manager se rend alors mieux compte de la façon dont son rôle s’imbrique dans l’organisation globale.
La technologie ne menace que les managers aux méthodes obsolètes
L’IA appelle à modifier les pratiques managériales, mais ne remplace en aucun cas le manager. Au contraire, elle l’aide à créer de meilleures conditions de travail et de performance pour les collaborateurs dans la résolution de problèmes complexes et l’optimisation de la collaboration. Les managers qui réussissent à l’intégrer à leur méthode de gestion sauront accorder les recommandations de l’algorithme, leurs soft skills et leur expérience.
On retrouve le rapport entre l’humain et la machine dans la relation entre l’IA et les managers. Il ne s’agit donc pas de l’appliquer aveuglément, mais plutôt de mener une réflexion autour de l’utilité des algorithmes dans le contexte de l’entreprise. Le manager joue ici un rôle crucial en aiguillant la DSI et les RH sur les tâches que l’IA pourra automatiser.
Le mariage entre l’IA et les managers profite à l’entreprise dans sa globalité. Les améliorations portées à la collaboration à distance facilitent la poursuite du télétravail et au recrutement à l’international. L’organisation bénéficie d’une marque employeur innovante en faisant de l’interaction humain-machine un atout et non un douloureux passage obligé.
Voir plus loin que le bout de son Intelligence Artificielle
En somme, on va vers un management tourné vers l’avenir et prêt à affronter une diversité d’évolutions et de bouleversements sociétaux. Les managers seront plus préparés aux aléas internes à l’entreprise (départs, mobilité, changement de cap) et à l’extérieur (crise sanitaire, écroulement du marché, etc). Cependant, il faudra trouver le juste milieu entre le sens critique et la créativité humaine et les prédictions et propositions faites par l’IA. Par exemple, s’appuyer dessus pour négocier une prise de décision complexe, mais aussi laisser la place à l’humain, au feeling, pour nourrir une relation humaine positive (gestion des émotions et des doutes, reconnaissance, empathie et bienveillance, etc). Pour que l’IA et les managers trouvent un terrain d’entente, il faudra leur permettre à chacun de faire ce qu’il fait de mieux.
Maï Trebuil