Dispositif Afest : la reconnaissance des actions de formation en situation de travail est véritablement acquise depuis la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel. Et ce, en particulier grâce à une expérimentation conduite dès fin 2015 par la DGEFP, en collaboration avec les partenaires sociaux, auprès de 50 TPE-PME.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? Comment fonctionne le dispositif Afest ? Quelles sont les étapes pour préparer sa mise en œuvre ? C’est ce que nous allons voir.
Action de formation en situation de travail (Afest) : de quoi parle-t-on ?
Définition de l’Afest
L’action de formation en situation de travail (Afest) est une modalité pédagogique de la formation continue. Sa particularité est de s’appuyer sur l’environnement professionnel, qui devient alors matériel pédagogique, pour développer les compétences des collaborateurs.
Le concept de l’Afest en lui-même existe depuis de nombreuses années dans le paysage de la formation. Mais jusqu’alors, il s’illustrait plutôt comme une solution informelle, et dépourvue de cadre, pour former en entreprise.
Aujourd’hui, des dispositions légales et réglementaires ont été instaurées pour formaliser et structurer cette démarche pédagogique. Ainsi, à l’inverse des pratiques informelles largement répandues dans les entreprises, une Afest se différencie désormais par :
- la place donnée au travail dans l’apprentissage ;
- l’aménagement de la situation de travail pour en faire une expérience de formation ;
- le temps alloué à la prise de recul ;
- la formalisation du processus ;
- la dimension opérationnelle des apprentissages réalisés.
De plus, les conditions de mise en œuvre d’une Afest sont définies par l’article D6313-3-2 du Code du travail prévoyant :
- l’analyse de l’activité de travail pour l’adapter à des fins pédagogiques ;
- la désignation d’un formateur pouvant exercer une fonction tutorale ;
- la mise en place de phases de réflexion distinctes des mises en situation de travail ;
- l’évaluation spécifique des acquis, à chaque étape ou à l’issue de la formation.
Afest : comment ça marche ?
Ces actions de formation en milieu professionnel fonctionnent selon le principe de l’alternance entre deux types de séquences pédagogiques : les mises en situation d’une part, et les phases réflexives d’autre part.
Les mises en situation
Il s’agit de séquences de travail sur le terrain au cours desquelles l’apprenant réalise une tâche en toute autonomie pour apprendre par la pratique. En théorie, dans le cadre d’une Afest, le formateur n’intervient pas à cette étape puisque le droit à l’erreur fait partie intégrante du processus.
Les phases réflexives de prise de recul
Les phases réflexives sont menées après les mises en situation. Il s’agit alors pour le salarié formé et son formateur Afest d’analyser l’apprentissage, la façon dont les tâches professionnelles ont été menées et d’évaluer les acquis de la formation.
Dans le contexte d’une Afest, le formateur aide le collaborateur à construire sa réflexion. Ceci afin de lui permettre de se poser les bonnes questions pour progresser, faciliter l’ancrage des connaissances et, par conséquent, consolider l’apprentissage.
Il n’y a pas de durée définie pour l’Afest. L’alternance des mises en situation et phases réflexives peut donc se répéter jusqu’à ce que les objectifs en matière de compétences à acquérir soient atteints.
Pourquoi utiliser l’Afest dans le cadre de la formation des collaborateurs ?
L’Afest s’illustre comme un moyen de formation idéal pour répondre aux enjeux stratégiques de l’entreprise, ainsi qu’aux besoins des salariés.
En effet, l’Afest permet la conception de formations sur mesure. Elle assure ainsi le développement de compétences en adéquation avec les problématiques propres à chaque entreprise.
En revanche, il ne s’agit pas d’un procédé de remplacement des modalités pédagogiques existantes. Au contraire, l’Afest complète et enrichit la formation professionnelle. De ce fait, il est par exemple possible de créer un parcours de formation multimodal s’appuyant sur :
- le blended learning pour l’apprentissage théorique des notions professionnelles ;
- les outils de l’immersive learning pour entraîner les équipes par la simulation ;
- l’action de formation en situation de travail pour développer les compétences en conditions réelles.
Enfin, cette modalité est une manière opérationnelle d’aborder la formation. Dans ce contexte, l’engagement collaborateur est souvent plus élevé, car le salarié est dans l’action, dans le concret. Grâce à cette approche terrain, il n’a plus l’impression de « perdre son temps ». Ainsi grâce à l’Afest les freins habituellement perçus vis-à-vis de la formation traditionnelle sont donc plus facilement levés.
Les étapes de la préparation d’une Afest dans l’entreprise
Pour qu’elle soit efficace, une Afest doit être préparée et organisée. Voici trois étapes clés pour mettre en œuvre ce type d’action de formation au sein de l’entreprise.
Réalisation du diagnostic avant Afest
L’analyse de l’activité est la première étape. Il s’agit alors pour l’entreprise — direction, service formation et RH — d’aller au-delà des fiches de poste pour se focaliser sur la réalité du terrain telle qu’elle est vécue par les équipes. Cette étude permet de bien comprendre les besoins en formation des salariés et de définir si l’Afest est la modalité pédagogique la plus appropriée pour appuyer leur montée en compétence.
Préparation et aménagement des situations de travail
La préparation et l’aménagement des situations de travail constituent la deuxième étape. En effet, par définition l’entreprise n’est pas prévue pour la formation. Il convient donc de préparer les Afest pour qu’elles trouvent leur place dans cet environnement. Il s’agit alors d’organiser la :
- construction du parcours pédagogique et des paliers d’apprentissage ;
- répartition des plages de mise en situation/phase de réflexion, en fonction des contraintes de l’activité/productivité ;
- mise à disposition des moyens de formation, etc.
Désignation préalable d’un formateur
Enfin, la troisième étape de l’a préparation d’une Afest : la désignation du formateur chargé de suivre la formation de l’apprenant dans le contexte du travail. Il peut s’agir d’un autre salarié expérimenté, d’un intervenant externe ou du dirigeant dans le cas d’une TPE.
Dans la mesure où une Afest fonctionne en binôme, le rôle du formateur est alors de s’appuyer sur ses propres connaissances pour accompagner le salarié dans l’acquisition de compétences.
Maintenant qu’elle est reconnue comme une modalité de formation à part entière, le cadre apporté à l’Afest lui permet de devenir un véritable outil de compétitivité et de fidélisation des collaborateurs. Il revient alors aux entreprises de saisir cette opportunité pour que le travail s’inscrive désormais comme un levier d’apprentissage et de performance.
Jessica BIOT