Selon le dernier rapport de la DARES, paru en août dernier, l’activité de la formation continue enregistre, en 2008, une hausse de son chiffre d’affaire (+6,2%), du nombre d’organismes dédiés (+2,6%) et de stagiaires (+3,9%). Seul la courbe de la durée des formations tend vers le bas, réduite de 2h par rapport à 2007. Cette progression, nous enseigne l’enquête, reflèterait une orientation des stagiaires vers des formations plus coûteuses. Aujourd’hui, le choix d’une formation serait davantage basé sur son contenu et surtout sa durée, que sur son prix.
Des formations plus chères ?
En 2008, le privé à but non lucratif, en perte de vitesse au regard de la diminution du nombre d’organismes de ce secteur, enregistre néanmoins une hausse de son chiffre d’affaire de 5,7% par rapport à l’année précédente. Calculé à l’heure de formation, l’heure-stagiaire, le CA moyen est plus élevé dans ce secteur que dans tous les autres : 12€ contre 10€ dans le privé à but lucratif et 8€ dans le public. « L’heure de formation dans le privé à but non lucratif coûte plus cher à l’acheteur (ou aux financeurs puisque l’on tient compte d’éventuelles subventions) », conclut la DARES.
Le secteur privé à but lucratif serait, avance l’étude, « a priori plus sensible à la concurrence » et « plus enclin à baisser ses tarifs ». C’est en effet le cas de certains organismes, selon Carole Dumortier, responsable marketing de l’offre chez CSP Formation, qui, pour répondre à la crise et « au tassement des prix moyens, ont compensé par une agressivité forte sur les tarifs ». A contre-courant de la loi de la concurrence par la baisse des tarifs, d’autres organismes de formation ont préféré tabler sur l’innovation ou la fidélité de leur clientèle. Inflation oblige, « nos tarifs augmentent tous les ans », explique Carole Dumortier… et leur effectif de stagiaires également.
Des formations rapides, efficaces et humaines
Le train à grande vitesse du monde professionnel a gagné le secteur de la formation et exige des formations qu’elles soient adaptables et ajustables. La DARES enregistre une baisse de la durée moyenne des formations (67 heures) de 2h par rapport à 2007. Fait révélateur : les spécialités de formation les plus prisées font partie des plus courtes, avec une durée moyenne de 50h.
Les formations à la sécurité des biens et des personnes arrivent en tête des formations les plus suivies et durent en moyenne 34h. Elles sont largement favorisées pour leur durée, mais surtout par le code du travail (article L. 4141-2) et « l’obligation pour les entreprises, depuis 2002, de tenir à jour un document unique d’évaluation des risques professionnels et d’établir un programme annuel de prévention de ces risques », justifie la DARES.
Efficacité et rentabilité sont plus que jamais les maîtres mots. Les prestataires de e-learning, en plein boum, l’ont bien compris et l’on retrouve chez chacun d’entre eux les mêmes principaux atouts : le stagiaire n’a plus (ou peu, car souvent combiné avec des stages en présentiel) besoin de se déplacer. Il peut choisir ses moments de formation, depuis son lieu de travail ou son domicile, voir et revoir les différentes étapes de la formation, à son rythme. Chez CSP Formation également, on remarque une volonté d’accéder à des formations plus courtes, mais surtout « plus fragmentées dans le temps ». Cette tendance a donné lieu au lancement, en octobre dernier, d’une nouvelle solution, le Rich Learning®, « basé sur la mixité des modes pédagogiques : session présentielle, e-learning, études de cas, et vidéos pour stimuler la mémoire ».
Outre le e-learning, les formations en interne séduisent car elles permettent aussi « de maîtriser les coûts de déplacement », comme le remarque Cathy Dufour, directrice marketing chez Comundi, et répondent à « un besoin des établissements de travailler la culture d’entreprise ». Cette volonté de revenir à une gestion plus « humaine » des relations professionnelles se traduit également dans le choix des thématiques. En deuxième place du classement de la DARES des spécialités les plus recherchées, « viennent les formations plurivalentes des échanges et de la gestion », suivies de près par « les formations relatives au développement des capacités d’orientation, d’insertion sociale et professionnelle ».
« Les compétences comportementales et relationnelles deviennent de plus en plus importantes dans le milieu professionnel et ne sont pas enseignées dans la formation initiale », confirme Cathy Dufour de Comundi. « Nous voyons un fort attrait de nos clients pour des formations sur le thème du mieux-être au travail, poursuit-elle, sur les thèmes de l’open-space, du sommeil, des jeux psychologiques ». Chez CSP Formation également, les stagiaires ont manifesté un besoin d’inclure ces compétences « y compris dans les formations techniques, pour les professionnaliser en savoir-être et non plus seulement en savoir et/ou savoir-faire », poursuit Carole Dumortier.
Du savoir-être collectif au mieux-être individuel : ce type de formation pourrait bien arriver en tête du prochain classement de la DARES.
Typhanie Bouju