Pour faire face à la guerre des talents, de plus en plus d’entreprises associent leurs salariés au sourcing de candidats. Cette pratique baptisée cooptation ou recrutement collaboratif, a le vent en poupe dans les organisations qui peinent à attirer des candidats.
37 % ! C’est la part de cadres qui serait embauchée suite à la recommandation d’un salarié de l’entreprise selon l’Association pour l’emploi des cadres. Soit près d’une embauche sur quatre serait donc recruté sur piston. Que nenni ! Recommander un candidat ne revient pas à le pistonner. En effet, coopté ou pas, le recruteur s’attache à valider les compétences du candidat indépendamment de son degré de proximité avec le collaborateur. Pour inciter leurs troupes à participer à ce type d’opération, les entreprises proposent des récompenses. Ainsi, la SNCF offrait récemment des bons d’achats de 50 euros à ses agents « coopteurs ». Les grandes ESN (nouveau nom des SSII) très coutumières du fait car en mal de ressources offrent également des cadeaux voire des primes en espèces sonnantes et trébuchantes si le candidat recommandé passe avec succès le cap de la période d’essai.
Cette cooptation interne disons « artisanale » est aujourd’hui concurrencée par des sites de cooptation externe. Ainsi, la plateforme MyJobCompany construit des communautés de secteurs et de métiers constituées de salariés en poste et volontaires et leur adresse les offres d’emploi de ses clients. A ces chasseurs de tête « amateurs », de recommander des candidats compétents et de confiance en activant leur réseau. Le tout avec le langage de la profession et les bons codes en vigueur dans le secteur. En fonction du profil trouvé, la prime de cooptation pour le « chasseur de tête » peut monter jusqu’à 1000 euros. Chez Keycoopt, le concept est identique mais après trois levées de fond successives pour un montant total de 4,2 millions d’euros, la start-up vient de lancer Keycoopt System, une solution en mode SaaS commercialisée en marque blanche. La plateforme répertorie ainsi l’ensemble des collaborateurs d’une entreprise, avec mise à jour des arrivées et départs, tout en protégeant les données qui appartiennent à la société. Le collaborateur (le coopteur) recommande un candidat via l’ensemble de son réseau personnel et/ou professionnel (LinkedIn, Facebook, Viadeo, etc). Les recommandations des salariés coopteurs bénéficient d’un suivi permettant de connaître l’avancée et l’issue du recrutement. Le collaborateur se positionne ainsi en distributeur d’opportunités. La candidature est, quant à elle, automatiquement créée dans la plateforme sans que la personne recommandée n’ait besoin d’entrer en contact avec le recruteur. Un gain de temps certain pour le recruteur et le candidat. Et une forme de reconnaissance pour le coopteur. La start-up parisienne Coop-Time a pour sa part développer une plate-forme sur laquelle les internautes consultent les offres d’emploi et recommandent des professionnels de leur entourage susceptibles de faire l’affaire. Charge ensuite à Coop-Time de mener le processus de recrutement. S’il est concluant, le coopteur empoche une prime de 700 euros ou peut en reverser tout ou partie à l’une des associations partenaires du site.
Sylvie Laidet