Les DRH votent pour la baisse du coût du travail mais pas à n’importe quel prix : tel est l’un des enseignements de l’enquête réalisée par l’ANDRH et le cabinet Inergie. Ils restent, en revanche, très sceptiques sur les accords « compétitivité-emploi ».
Les DRH approuvent les baisses des charges. La mesure phare de François Bayrou (emploi sans charge pendant deux ans pour l’embauche d’un chômeur ou d’un jeune en CDI) est plébiscitée par 62% des DRH. La TVA sociale, en contrepartie de la baisse des charges sociales, chère à Nicolas Sarkozy, remporte l’adhésion de plus de la moitié de la DRH (56%), contre 25% de réfractaires.
Par ailleurs, ils sont réservés sur les accords «compétitivité-emploi» avec baisse des charges proposés par le président sortant : 19% seulement des DRH les jugent pertinents, à l’exception de ceux de l’industrie automobile (63%).
Les deux phares de François Hollande sont plutôt bien perçues : le label social et le contrat de génération séduisent la moitié des DRH (respectivement 50% et 48%) mais laissent indifférents 42% et 35% des autres.
Réforme « de fond »
Les réformes « de fond » proposées par certains candidats, la révision des 35 heures par Nicolas Sarkozy et le contrat de travail unique (CTU) par François Bayrou, sont positivement perçues par les DRH, sans pour autant créer l’unanimité. Moins de la moitié des partisans (48% et 43%) contre un tiers de réfractaires (35% et 29%).
Enfin, les deux mesures typées, celle de Jean-Luc Mélenchon (le Smic à 1 700 euros bruts) et celle de Marine le Pen (la préférence nationale à l’embauche), recueillent respectivement 15% et 9% des votes des DRH.
Bilan du dernier quinquennat
A la question « quelles ont les mesures prises au cours du dernier quinquennat, lesquelles vous ont semblé les plus pertinentes ? », les DRH applaudissent la rupture conventionnelle. Un dispositif utilisé par 83% des entreprises ( +5% par rapport à 2011), mais qui ne concerne pas plus de 10% des départs pour les deux tiers des entreprises. La rupture est à l’initiative des salariés dans près de la moitié des cas (44%), bien avant celle de l’entreprise pour moins d’un cinquième (16%) ; 39% des ruptures étant motivées par les deux parties dans le respect de l’esprit du législateur.
Sans surprise, la prime de partage des profits, perçue comme le résultat d’un effet d’annonce, arrivent en queue des mesures avec 9% d’adhésion.
Clivage entre grandes et petites sociétés
Entre les deux, la réforme des retraites recueillent 52% d’adhésion tandis que le service minimum dans les transports affiche 39% d’avis positifs. Les négociations sous contrainte (faute sinon de payer une pénalité), menées pour l’emploi des seniors, l’alternance, l’égalité professionnelle sont, elles, plus controversées. Seuls 21% d’entre eux jugent ces mesures pertinentes. Les heures supplémentaires défiscalisées ont été davantage appréciées, mais avec un clivage important entre grandes et petites entreprises. 37% des DRH de sociétés de moins de 500 salariés sont pour contre 10% des entreprises de plus de 2 000 salariés.
Camille Leroy.
- Etude réalisée par Internet, du 13 au 30 amrs 2012, auprès de 213 DRH, membres de l’ANDRH.