C’est sur un fond de ciel bleu que s’ouvre cette nouvelle plateforme. La communauté des Entrepreneurs d’Avenir en elle-même n’est pas nouvelle. Ces « pionniers d’une économie plus humaine » ont signé leur Charte en 2009. Pour élargir le cercle et faciliter l’échange, la plateforme a été lancée début novembre. Elle emprunte aux réseaux sociaux les fonctionnalités classiques du média collaboratif mais adopte un angle singulier : il ne s’agit pas seulement, comme le proposent Facebook, Viadeo, ou LinkedIn d’élargir son réseau, mais de porter des valeurs.
L’acte d’entreprendre est « profondément humain » et « dépasse largement son unique expression financière », entonnent les Entrepreneurs d’Avenir dans leur Charte. En page d’accueil, un homme, un entrepreneur, incarne ce leitmotiv. Assis à son bureau, une simple table d’écolier en bois, il fait face à un ordinateur. Autour de lui, aucun signe de la dictature du marché, pas même un nuage dans ce ciel bleu. Les Entrepreneurs d’Avenir font émerger un débat souvent enterré au nom de la performance économique : une entreprise peut-elle être compétitive et répondre à des idéaux humanistes et environnementaux ?
Un nouvel angle pour les réseaux sociaux : l’entreprenariat responsable
« Notre vocation est de créer un réseau social qui permette d’échanger des informations spécifiques entre entrepreneurs qui partagent les mêmes valeurs », présente Jacques Huybrechts, directeur de l’agence événementielle CHK et co-fondateur du réseau Entrepreneurs d’Avenir. La plateforme surfe sur la vague déferlante de cette volonté de recentrer l’humain, et par là-même l’environnement, au cœur du système économique. Les cabinets de conseils spécialisés dans la diversité, la valeur humaine ou le développement durable se multiplient. Tout comme les formations sur ce sujet. Les blogs RH sont inondés de messages en faveur de la démocratie d’entreprise, d’une amélioration des conditions de travail, par la rémunération et toute autre forme de reconnaissance. Les théoriciens du management deviennent des « praticiens » et prônent le dialogue social, mettent en exergue l’empathie comme une compétence, encouragent des relations moins bureaucratiques.
Pour Jacques Huybrechts, il n’est pas de « retour » à la valeur humaine, car il doute qu’il y ait eu « auparavant une conscience de l’humain. Pour l’instant, il y a beaucoup de discours, mais l’humain reste un facteur ajustable ». Il veut aujourd’hui faire le « pari d’un projet économique viable et d’une gouvernance globale vertueuse ».
Au bout de deux semaines d’existence, la plateforme, vitrine numérique d’un réseau déjà rassemblé dans la réalité, comptait près de 400 membres. Pour la plupart des dirigeants de petites entreprises, engagés dans des réseaux et associations partenaires, basés en France métropolitaine mais aussi en Belgique (2 membres), à Monaco (1) et en Suisse (1). On est loin des 30 millions inscrits sur Viadeo et de sa couverture internationale, mais toute histoire a un début. Entrepreneursdavenir.com ne se pose pas en concurrence des autres réseaux sociaux. « Nous n’avons pas cette ambition », affirme le co-fondateur, pourtant surpris de l’évolution de la plateforme. « Nous ne voulons ni imposer, ni orienter. Le réseau est entre les mains de ses utilisateurs », poursuit-il. Et ceux-ci s’y comportent comme sur les autres réseaux et manifestent les mêmes attentes : recherche de contacts, de partenariats, de fournisseurs, création de groupes thématiques et géographiques.
Un Think Tank sur l’évaluation de la responsabilité
La prise en main de ce nouveau réseau est simple car elle fait appel aux standards habituels : vous commencez par créer votre profil « en présentant l’entreprise et les hommes qui la font » ; vous pouvez ensuite entrer en contact avec les autres membres, participer au blog, contribuer aux discussions et groupes de travail, suivre les actualités, créer vos propres communautés. Vous pouvez découvrir les membres du réseau sans y être inscrit.
« Nous avons pensé ce réseau comme un Think Tank, un accélérateur de capacité à travailler ensemble sur des sujets précis », se souvient le co-fondateur. L’accent est mis sur les réflexions des groupes de travail, à partir desquels s’est construite la plateforme. Elle en est à la fois un aboutissement et un point de départ. « Les groupes sont des laboratoires d’engagements sociaux et environnementaux », expliquent les porteurs du projet. Les réflexions sont principalement axées sur les thématiques de l’évaluation, la valorisation et l’impact de la responsabilité. « Comment mesurer nos engagements ? Quels outils sont à notre disposition ? », s’interroge Jacques Huybrechts, avant de conclure : « rien de concret n’existe pour le moment ». A part, peut-être, ce questionnaire basé sur les principes de la norme internationale ISO 26 000, élaboré par l’un des groupes de travail. A télécharger sur le site et accessible à tous, membre ou non.
Les groupes de travail « sont le relais biologique du Parlement des Entrepreneurs d’Avenir ». Conscients de la nécessité de ne pas s’enfermer dans un réseau uniquement numérique, les Entrepreneurs d’Avenir se réuniront, pour leur prochain Parlement, les 12 et 13 mai prochain.
Qui se cache derrière ce nouveau réseau social ?
Jacques Huybrechts, déjà cité, est le directeur associé, avec Sylvain Kern, de l’agence CHK, spécialisée dans l’organisation d’événements comme la Cité de la Réussite à la Sorbonne et l’Université de la Terre à l’Unesco. CHK participe également à l’organisation du concours Talents des Cités.
Entrepreneurs d’Avenir s’est entouré de réseaux qui eux-mêmes assoient leur réputation via des engagements sur des projets environnementaux et des soutiens associatifs à caractère social. Premier d’entre eux, l’assureur Generali, fondateur du site Génération en Action, partenaire de SOS Villages d’Enfants, Habitat et Humanisme et bien d’autres encore. La lettre d’information, publiée tous les deux mois, est réalisée par l’ONG et agence éditoriale Reporters d’Espoir.
Typhanie Bouju