Les métiers d’avenir en 2030 ont été présentés par la Dares et France Stratégie, lors de la conférence de presse du 10 mars 2022. Grâce à un panorama chiffré des perspectives de recrutement, on estime qu’un million d’emplois devraient être créés à l’horizon 2030. L’outil prend en compte à la fois les tendances passées, l’avis d’experts et les probables scénarios sur les plans démographiques, économiques, technologiques et environnementaux à venir.
Depuis deux ans, la crise sanitaire affecte les salariés, le marché de l’emploi, et l’économie française. Elle a accentué la démocratisation de certaines tendances comme le télétravail. Les enjeux climatiques sont également susceptibles d’impacter le monde du travail, avec de futurs efforts de décarbonation notamment. L’objectif de cet exercice de prospective est donc de donner de la visibilité aux acteurs publics, à propos des métiers d’avenir de 2030. Les projections d’emploi sont issues d’une représentation complète de l’économie française. La méthode permet d’assurer la cohérence des projections des métiers d’avenir.
Quels seront les métiers d’avenir en 2030 ?
Top 10 des métiers d’avenir pour lesquels la création d’emploi sera la plus élevée
- Les ingénieurs informatique : 26% de taux de croissance et 115 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Les infirmiers, sages-femmes : 18% de taux de croissance et 113 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Les aides-soignants : 15% de taux de croissance et 110 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Les cadres commerciaux et technico-commerciaux : 17% de taux de croissance et 109 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Les aides à domicile : 18% de taux de croissance et 98 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Les ouvriers qualifiés de la manutention : 16% de taux de croissance et 79 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Cadres des services administratifs, comptables et financiers : 11% de taux de croissance et 76 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Ingénieurs et cadres techniques de l’industrie : 24% de taux de croissance et 75 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Cadres du bâtiment et des travaux publics : 30% de taux de croissance et 58 000 emplois créés entre 2019 et 2030
- Ouvriers peu qualifiés de la manutention : 15% de taux de croissance et 57 000 emplois créés entre 2019 et 2030
Parmi les 15 métiers d’avenir pour lesquels la création d’emploi sera la plus élevée d’ici 2030, on en retrouve cinq du domaine de la santé et du care. La densité des ingénieurs du cadre et du privée est également importante. Ces estimations jouent donc en faveur des métiers de la santé et des diplômés du supérieur.
Les métiers d’avenir avec le plus de postes à pourvoir
Trois groupes de métiers d’avenir :
- 1er groupe : les métiers d’avenir avec une prédominance de départs en fin de carrière dont les agents d’entretiens, enseignants, conducteurs de véhicules et aides à domicile
- 2ème groupe : les métiers d’avenir les moins qualifiés tels que les vendeurs, techniciens et agents de maîtrise de la maintenance
- 3ème groupe : les métiers d’avenir plus jeunes tels qu’ingénieurs de l’informatique et cadres techniques de l’industrie
Environ 90% de ces 800 000 postes sont liés à des renouvellements de départs en fin de carrière et au dynamisme de l’emploi.
Les métiers d’avenir accueillant le plus de jeunes débutants d’ici 2030
Les jeunes débutants sont les jeunes en emploi trois ans après la sortie de formation initiale. Parmi les métiers d’avenir qui en accueilleront le plus entre 2019 et 2030, il existe une forte diversité de métiers.
D’un côté, des métiers nécessitant un diplôme supérieur : enseignants (261 000), ingénieurs informatique (156 000) et infirmiers (261 000).
De l’autre, des métiers visant les non-diplômés : vendeurs (347 000), agents d’entretien (160 000) et ouvriers peu qualifiés de la manutention (152 000).
Attractivité des métiers d’avenir : un enjeu pour le marché de l’emploi
Attractivité des métiers d’avenir : l’impact sur les difficultés de recrutement
L’attractivité des métiers d’avenir est un véritable enjeu pour le marché du travail. Par exemple, les chiffres montrent que la filière informatique n’est pas considérée comme attirante chez les femmes. Ces disparités entre les métiers qui attirent et les autres pourraient créer des déséquilibres élevés sur le marché du travail.
En effet, pour la plupart des métiers à forts besoins de recrutement d’ici 2030, des déséquilibres élevés risquent d’apparaître. Les déséquilibres, négatifs ou positifs, dépendent des ressources disponibles par rapport au besoin de recrutement. Les métiers d’avenir en déséquilibre concernent entre autres les agents d’entretien, aides à domicile, aides-soignants, cadres des services administratifs et financiers, cadres commerciaux, conducteurs de véhicules ainsi que les ouvriers qualifiés de la manutention et du second œuvre.
Ces déséquilibres liés à l’attractivité des métiers pourraient renforcer ou atténuer les difficultés actuelles de recrutement d’ici 2030. Car, même si des formations sont proposées, si les étudiants et jeunes diplômés ne sont pas attirés par ces métiers, ils ne choisiront pas ces filières.
État des lieux des métiers en tension d’ici 2030
- Les métiers en tension, dont les tensions pourraient s’accentuer d’ici 2030 : aides à domicile, techniciens des industries mécaniques, ouvriers qualifiés du gros oeuvre du bâtiment, assistantes maternels
- Les métiers qui ne sont pas en tension actuellement, mais qui pourraient le devenir : ouvriers qualifiés de la manutention, agents d’entretien, employés de services divers, ouvriers du textile et du cuir
- Les métiers en tension, dont les tensions pourraient se réduire : employés de l’hôtellerie-restauration, comptabilité, techniciens de la banque et assurances, coiffeurs et esthéticiens
- Les métiers où les tensions pourraient se maintenir : infirmiers, sage-femmes, ingénieurs informatiques, ouvriers qualifiés de la maintenance, bouchers, charcutiers, boulangers
4 catégories de métiers d’avenir selon leur attractivité
- Métiers qui ont du mal à attirer : métiers vieillissants et à mobilité sortante, ceux qui n’attirent ni les jeunes ni les actifs en emploi (agriculteurs, personnels de ménage, ouvriers du textile et cuir).
- Métiers de seconde partie de carrière : métiers vieillissants qui recrutent peu de jeunes, mais qui ont des mobilités entrantes nettes importantes. Ils sont donc rejoints en seconde partie de carrière. Malgré tout, la difficulté de recrutement est à anticiper d’ici 2030 notamment pour les moins attractifs envers les jeunes (agents d’entretien, aides à domicile, assistants maternels, conducteurs de véhicules).
- Métiers de première expérience : attirent les jeunes en nombre, mais ils n’ont pas vocation à y rester sur le long-terme (vendeurs, employés et opérateurs de l’informatique).
- Métiers attractifs : attirent les jeunes et les actifs en emploi donc à mobilité entrante nette. Malgré tout, les difficultés de recrutement sont à anticiper car ces métiers sont dynamiques et les afflux de jeunes ne sont pas suffisants (ingénieurs informatique, cadres du bâtiment et des travaux publics)
Laurène Boussé