Dans les conversations autour de la machine à café, sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la presse, on entend partout que le télétravail serait une alternative souhaitable et souhaitée pour régler un certain nombre de maux au boulot. Et pourtant, plus de la moitié des Français n’a pas envie de travailler de chez lui. Explications.
Contrairement aux idées reçues, les employeurs ne sont pas les seuls réfractaires au télétravail. Plus d’un Français sur deux n’aimerait pas exercer son boulot en télétravail. Selon le sondage réalisé par Vivastreet, 38% seulement y seraient favorables. Bref, le télétravail permettant de combiner bien-être et performance, n’est visiblement pas la panacée pour tous les actifs. A cela plusieurs raisons. D’abord, la peur de ne pas être suffisamment discipliné pour y arriver. « Les personnes interrogées craignent d’être vite distraites par les impératifs de la vie quotidienne. Elles ont peur que leur conjoint et leurs enfants, trouvent normal, que sous prétexte qu’elles restent à la maison, elles s’occupent des tâches ménagères », observe Julien André, directeur emploi de Vivastreet.com. Deuxième frein avancé : la crainte de l’isolement. En bossant depuis chez soi, on travaille effectivement essentiellement par téléphone, mail ou encore Skype. « Le manque de contact humain participe à ce sentiment d’isolement redouté par les salariés », commente-t-il. Le troisième inconvénient soulevé, concerne les évolutions de carrière. En substance, on pourrait le résumer à « loin des yeux, loin du cœur ». « Les répondants ont l’impression que le fait de ne pas être physiquement présents dans l’entreprise est susceptible de freiner leur carrière. En France, les avancements sont encore souvent politiques et liés aux rencontres, au réseau que l’on a tissé dans l’entreprise. Pour eux, être loin du pouvoir décisionnaire semble être un frein », précise Julien André.
S’ils disent non au « tout télétravail », les Français semblent au contraire partants pour une alternance entreprise – domicile (10% des répondants à l’enquête Vivastreet.com). Autrement dit, bosser un ou deux jours par semaine ailleurs que dans son bureau « officiel ». Pour eux, c’est une façon de gagner du temps dans les transports, de mieux gérer l’équilibre vie pro / vie privée, de mieux se concentrer sur des dossiers précis (car moins de bruit et de dérangement), etc, tout en gardant un pied (voire les deux) dans l’entreprise. Actuellement à peine un Français sur cinq pratique le télétravail de manière régulière. « Il faut dire que ce mode de fonctionnement ne convient pas à tout le monde. Il faut être autonome, indépendant et sérieux pour que cela fonctionne », insiste Julien André. Si elles veulent que l’idée fasse son chemin, les entreprises doivent encore faire preuve de pédagogie. Et notamment prêcher la bonne parole auprès de leurs managers de proximité, les plus réticents à « laisser partir » leurs équipes. « Si on veut développer le télétravail en France, il faut également basculer vers une culture du résultat», renchérit le directeur emploi de Vivastreet.com. Peu importe le temps passé au bureau ou ailleurs, seule doit compter la qualité du travail effectué. Les start up mais aussi quelques grandes entreprises ont franchi le pas pour certaines catégories de leurs salariés mais pas pour tous.
Sylvie Laidet