Dans un contexte où le maintien de l’emploi des seniors constitue une question centrale, une étude récente de Malakoff Humanis met en évidence un besoin croissant d’accompagnement pour les entreprises.
Et pour cause, 64 % des dirigeants se disent préoccupés par cette question, soulignant ainsi l’importance de trouver des solutions adaptées pour les salariés de plus de 50 ans.
Des solutions qui doivent répondre à des enjeux multiples : employabilité, santé, qualité de vie au travail (QVCT) ou encore accompagnement des aidants.
Seniors en entreprise : quelles préoccupations et attentes ?
Les salariés eux-mêmes expriment des inquiétudes quant à leur capacité à travailler plus longtemps, avec 70 % des seniors de 55 ans et plus se sentant peu préparés à cette éventualité. Leurs préoccupations portent notamment sur leur santé et leur évolution professionnelle.
Du côté des entreprises, les enjeux sont variés : difficultés de reclassement, aménagement des postes, risques d’accidents et maladies professionnelles, ou encore gestion des arrêts de travail/maladie en hausse.
- À ce propos, rappelons que la hausse de l’absentéisme inquiète. Malakoff Humanis rapportait, il y a quelques mois déjà, qu’un salarié sur 2 était arrêté au moins une fois dans l’année, soulignant également que l’absentéisme maladie a atteint son plus haut niveau depuis 2016.
Mais outre les enjeux de prévention et d’accompagnement des collaborateurs arrêtés, l’adaptation des conditions de travail quant aux problèmes de santé est aussi en jeu. 33 % des plus de 50 ans et plus affirment en effet souffrir d’une maladie chronique, contre 22 % pour l’ensemble des salariés.
Et, au-delà des craintes majeures des salariés liées à leur santé, on s’inquiète également de la discrimination liée à l’âge (67 %) et de la question de l’employabilité (71 %).
On observe par ailleurs que les salariés sont plus conscients des défis liés au maintien dans l’emploi des seniors de 50 ans et plus, par rapport à 2019. Les chefs d’entreprise sont aussi plus nombreux à exprimer la nécessité d’un accompagnement (le pourcentage a quasiment doublé depuis 2019 : 60 % contre 32 %). Un besoin qui est surtout exprimé par ceux qui ont déjà commencé à agir et ont identifié le caractère multidimensionnel de la question (prévention santé, organisation du travail, accompagnement des aidants, etc.)
Mais certains freins demeurent, comme le manque de visibilité et les difficultés d’anticipation en matière d’évolutions réglementaires, pour 57 % des dirigeants d’entreprise. Ou encore les coûts liés à la formation et à l’accompagnement de la mobilité (50 %).
Maintien dans l’emploi des seniors : quelles solutions en entreprise ?
Face à ces défis, des pistes émergent. Les salariés évoquent le besoin d’aménagements pour une transition plus douce vers la fin de carrière, à l’instar de l’aménagement de poste, du temps de travail, et des dispositifs de transition vers la retraite (ex. cumul emploi retraite). L’accompagnement à la retraite et l’aide aux aidants en activité sont aussi des éléments mentionnés.
Les dirigeants d’entreprise, quant à eux, priorisent l’organisation de la transmission des compétences et la mise en place d’actions de prévention santé (ex. bilans de santé réguliers après 50 ans) et la qualité de vie au travail. Ils envisagent également des dispositifs financiers pour faciliter cette transition, comme la retraite progressive et les comptes épargne-temps. Mais notons que 61 % des salariés âgés de 45 ans et plus souhaiteraient pouvoir bénéficier de dispositifs d’épargne retraite, ce qui n’est pas négligeable.
Une question liée à la santé financière et qui est en effet prégnante.
- Le saviez-vous ? L’APEC enregistre plus de 100 000 cadres de plus de 50 ans parmi les demandeurs d’emploi, et 70 % d’entre eux seraient en urgence financière.
Discussion quant aux perspectives
Enfin, l’étude de Malakoff Humanis fait ressortir que l’expérience des salariés de plus de 50 ans est jugée comme un atout pour les organisations. Leur expérience, leurs compétences, leur autonomie et leur fidélité constitueraient des atouts majeurs pour les chefs d’entreprise. Loin d’être un fardeau, les seniors peuvent apporter une contribution significative à l’entreprise. Mais encore faut-il déconstruire les stéréotypes liés à l’âge. Rappelons en effet que l’âgisme constitue la première discrimination dans le monde du travail, selon le Défenseur des droits. Une discrimination qui se base notamment sur des stéréotypes selon lesquels les seniors ne seraient pas adaptables et peu résistants aux changements.
« Nous sommes pourtant la seule génération qui a commencé avec le Minitel et qui travaille aujourd’hui avec tous les outils de mobilité et tous les réseaux. Si une génération a bien été capable de s’adapter, c’est tout de même la nôtre », explique Frédérique Jeske, fondatrice de l’association Senior4Good et interviewée par myRHline. La fondatrice de l’association, ayant elle-même été confrontée à l’âgisme au cours de sa carrière, s’attache désormais à déconstruire les biais et idées reçues liés à l’âge dans le monde du travail et à démontrer à la société qu’après 45 à 60 ans, il est toujours possible de porter de vrais projets professionnels.