C’est littéralement ce qu’a titré le Wall Street Journal pour dépeindre ce qui se passe actuellement aux Etats-unis :
“If Your Quiet Quitting Is Going Well, You Might Be Getting ‘Quiet Fired’”
Si vous avez réduit vos horaires de travail à ceux inscrits sur votre contrat, que vous avez décidé de limiter vos actions à votre description de postes, et que votre manager ne vous dit rien : attention !
Vous n’êtes plus invité aux réunions, vous déjeunez seul, on ne vous raconte plus la dernière blague du jour ? Vous allez peut-être vivre un quiet fired ?
En gros, votre manager a compris que vous avez lâché le navire et qu’il ne peut plus compter sur vous.
Donc il va tout simplement vous mettre au placard, jusqu’à ce que vous ne supportiez plus la situation et que vous partiez de vous-même.
De la révolution covid : le big quiet
Le Covid a fait l’effet d’une bombe dans le monde du travail. Les codes, les outils, les modes de travail ont été littéralement bouleversés.
Les salariés ont pris conscience d’une chose essentielle : “Le travail, ce n’est pas ça ma vie, du moins pas seulement.”
Fort de cette conviction, les salariés se sont très largement accommodés de ces bouleversements qui leur ont permis de retrouver goût à prendre soin d’eux et de leur famille.
C’est cette conviction qui a tout changé et créé le big quiet. C’est elle qui a motivé des personnes qui n’auraient jamais eu le courage, avant, de quitter leur entreprise.
Tout cela dans un contexte ultra favorable en France avec un taux de chômage au plus bas et des entreprises qui inondent les jobboard d’offres d’emploi.
En passant par le quiet quitting, la tendance de l’été
Petit à petit, apparaît un autre phénomène, toujours venu des Etats-unis, le fameux quiet quitting. En bref, ceux qui ne sont pas passés par le big quiet ou n’ont pas osé, se sont dit : “Pourquoi en faire plus que ce qu’on me demande de faire au travail ?”
Et oui, pourquoi faire des heures supplémentaires, pourquoi faire plus que ce que ma fiche de poste indique ? Après tout, je ne suis ni mieux payé, ni reconnu dans l’entreprise.
Le désengagement des salariés étant de plus en plus flagrant en entreprise, c’est une conséquence assez logique. Cela paraît même surprenant que le phénomène ne soit pas apparu avant.
Selon la dernière étude Gallup State of the global workplace, les salariés français seraient, en matière d’engagement, les avant-derniers de la classe en Europe, devant l’Italie, avec un score de 6 % sur la brique “employee engagement”.
A la mode automnale : le quiet fired
Le fameux nouveau venu, le quiet fired, c’est la réponse du management au quiet quitting.
Quoi ? Un salarié qui ne fait que son travail, qui ne s’investit pas plus, ce n’est pas possible !
La conséquence directe du retour à l’envoyeur. Mais en français on appelle cela tout simplement du harcèlement moral.
Mettre un salarié de côté, ne plus lui parler, ne plus l’inviter aux réunions ; bref, le mettre à l’écart de la vie de l’entreprise : c’est du harcèlement moral.
L’objectif du quiet fire est simple : on te met à l’écart et quand tu en as marre, tu t’en vas.
Alors prenons un peu de recul sur toutes ces histoire à base de q.u.i.e.t.
Si nous sommes réellement dans un contexte où les salariés sont prêt à quitter leur entreprise du jour au lendemain (big quiet) et que d’autres ont décidé de rester mais pour faire le strict minimum que leur impose leur job (quiet quitting), et que nous vivons une période où les recrutements sont devenus extrêmement compliqués à réaliser pour les entreprises : le quiet fired est-il une bonne idée ?Certainement pas.
ll est préférable de fidéliser ses collaborateurs, de développer la motivation au travail et de les garder au chaud dans son entreprise. Le “quiet quitteur” n’a pas démissionné, il veut simplement faire son travail et pas plus. En quoi cela est-il anormal ?
Christophe PATTE