Martine Houlière est membre du cercle très restreint des femmes PDG. Une « Madame la Présidente » – sans ironie – qui évolue dans un milieu bien masculin, celui de l’automobile et du contrôle technique. A l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, elle nous raconte ses premiers pas chez Sécuritest. Témoignage d’une « battante », parole d’homme.
Une femme dans un milieu d’hommes
Il suffit de se rendre dans un centre de contrôle technique. Clés en main, le mécanicien est – presque toujours – un homme. En tenue de travail, sous les voitures ou la tête sous le capot : des hommes, seulement des hommes. Les seules femmes qui apparaissent sur le site securitest.fr sont… des clientes. Sur les 1800 contrôleurs techniques répartis dans les 935 centres, vous ne rencontrerez que 8 femmes. Ce chiffre, la PDG de Sécuritest l’annonce avec un soupçon de regret et un brin d’optimisme. « Tous les métiers manuels s’ouvrent de plus en plus aux femmes, dit-elle. Elles n’ont plus peur, ni des métiers dits masculins, ni de l’apprentissage ».
Martine Houlière se souvient de sa première réunion avec les autres présidents du réseau. Autour d’elle, que des hommes, pour la plupart des anciens mécaniciens, tous plus âgés – sauf un, précise-t-elle. « Il ne faut pas se leurrer, les métiers de l’automobile sont des métiers d’homme, de la production au management », affirme-t-elle. Une femme qui vient leur parler de contrôle technique, au départ, ça étonne. Je n’aime pas cette expression, mais il faut bien avouer qu’ils m’ont un peu prise pour une blonde », plaisante -elle.
C’était en 2008. Depuis, « ils se sont rendus compte que je connaissais mes dossiers », continue-t-elle. Certains, parmi « les piliers » du Groupe SGS, lui ont même avoué avoir été « scotchés » par sa présentation, son côté « battante ». « Que l’on soit un homme ou une femme, heureusement, les compétences arrivent à être reconnues », conclut-elle.
Une femme PDG
Si l’on donne volontiers du « Monsieur le Président » aux PDG masculins, le « Madame la Présidente » sonne bien plus ironique. « On m’appelle souvent par mon prénom, ou seulement Madame », reconnaît-elle, avec le sourire et sans vouloir jouer dans le camp des féministes. S’il ne s’agit là que d’un détail, la part des femmes qui occupent des postes à responsabilités est, elle aussi, bien ridicule. On est encore loin de l’objectif des 40% de femmes en Conseil d’Administration fixé par le Sénat pour le 1er janvier 2014. Sur les 500 PDG recensés par le Guide des Etats-Majors, 13 seulement sont des femmes.
Martine Houlière cite la célèbre phrase, devenue maxime, de Françoise Giroud, Secrétaire d’Etat à la Condition Féminine dans les années 70 : « il y aura égalité entre les hommes et les femmes le jour où l’on trouvera des femmes incompétentes à des postes à responsabilités ». Ce qui est loin d’être le cas de Martine Houlière. Soutenue par son prédécesseur – un homme – Jean-Marie Boistard, l’ancienne responsable marketing, commercial et communication – « une fonction plus féminine » – de Sécuritest devient membre de son directoire après 3 ans d’ancienneté, puis directrice opérationnelle deux ans plus tard. Lorsqu’elle accède à « la plus haute marche », elle est déjà connue des franchisés et des partenaires. Etonnamment, « ce ne sont pas les plus âgés qui étaient les plus réticents », rapporte la Présidente. Mais elle affirme ne pas avoir essuyé de critiques, mais plutôt « de l’attentisme ». Aujourd’hui, « ils disent que je suis dans la ligne politique du précédent PDG », termine-t-elle.
Une femme dans le monde du travail
« On peut être une mère de famille et mener sa carrière de front, sans être carriériste. », rassure Martine Houlière. Avant d’entrer chez Sécuritest, l’actuelle PDG habitait au Mans et travaillait à Paris. « J’avais trois enfants. Tout est une question d’organisation », précise-t-elle… et de prestations d’aide à domicile. « Il n’est pas vrai de dire que les femmes sont moins disponibles. Il n’y a pas d’aménagement d’horaires liés au « statut » de femme, il y a des aménagements liés à la fonction », poursuit-elle.
A la tête d’une équipe de 11 commerciaux, au masculin, elle avoue rencontrer des difficultés à recruter des femmes « parce que je reçois peu de candidatures féminines », regrette-t-elle. Avis aux candidates !
Typhanie Bouju