Lancé en février 2012, le site Keycoopt est un tout nouvel outil au service des besoins RH des entreprises. Cette plateforme collaborative de recrutement sur Internet, fondée sur le principe de la recommandation, revendique un concept de « cooptation éthique ».
Antoine Perruchot est professionnel du recrutement. Nicolas Crestel est journaliste expert en Web et réseaux sociaux. A eux deux, ils ont fondé le site Keycoopt qui se positionne depuis le début de l’année sur le segment du recrutement par cooptation. Pour définir ce système, ils préfèrent d’ailleurs parler « d’une mise en valeur de quelqu’un que l’on connaît, d’un mode de recrutement basé sur la recommandation des connaissances de son réseau ». Soucieux de répondre aux entreprises en recherche de profils très spécifiques, les deux entrepreneurs nordistes ont choisi de rendre optimum une démarche qui est aujourd’hui utilisée dans plus de 50 % des opérations de recrutement de cadres. « De plus en plus, surtout quand il s’agit de profils très ciblés, les cabinets de recrutement ont le réflexe de faire jouer leur réseau pour recruter, explique Nicolas Crestel. Avec Keycoopt, nous souhaitions généraliser cette pratique et l’optimiser en créant notre propre système de recrutement par recommandation, dans un cadre plus formel. »
Un réseau de coopteurs très sollicités
Ce site Internet, conçu donc comme une plateforme collaborative, propose ainsi aux entreprises en recherche de profils très spécialisés de faire appel à un réseau de coopteurs sélectionnés. Ceux-ci sont invités à trouver dans leur réseau le meilleur candidat correspondant aux annonces publiées par les entreprises sur le site. Identifiés selon leur zone géographique, leur secteur d’activité et leur métier, ces professionnels – 3 000 actuellement – sont sollicités gratuitement et sans engagement. Chefs d’entreprises, cadres supérieurs ou intermédiaires, ils appartiennent à tous les secteurs d’activité (principalement distribution, industrie, Web, conseil finance et agroalimentaire) et sont issus à 40 % de la région parisienne, 30 % du Nord, 20 % d’autres régions et 10 % de l’étranger. « Notre ambition, explique Nicolas Crestel, est d’être présents dans tous les secteurs d’activité et d’accroître nos zones géographiques, en France et à l’international. Nous sommes par exemple encore très peu représentés sur les secteurs de l’administration publique, la défense et la santé. Nous avons également très peu de coopteurs dans l’est de la France. » Pour développer son réseau, l’entreprise compte notamment capitaliser sur les associations de diplômés des grandes écoles ou même sur des réseaux de professionnels à l’étranger. « Nous sommes très confiants sur notre capacité à développer ce réseau, se rassure le dirigeant. Devenir coopteur, c’est devenir la source de l’information, et c’est très valorisant pour soi-même. »
Un process simple, réactif et éthique
Concrètement, une entreprise en situation de recrutement dépose son annonce sur la plateforme Keycoopt. Celle-ci sera visible par les coopteurs qui pourront alors recommander le candidat qui leur semble le plus adapté au poste. Charge alors aux membres de l’équipe de Keycoopt de sélectionner quatre ou cinq profils et de les présenter au recruteur. Lorsqu’un recrutement est confirmé, le site récompense le coopteur initial par une prime de cooptation de 750 euros, éventuellement reversée à une association partenaire (l’UNICEF, l’École de la Deuxième Chance, Handicap International). Dans ce cas, Keycoopt ajoute même 250 € à ce reversement. Les frais pour l’entreprise sont de 250 euros pour la publication de l’annonce et 10 % de la rémunération annuelle de la personne recrutée en cas de succès. « Tout l’intérêt pour les entreprises, en choisissant de passer par nous est de gagner en réactivité et en simplicité, à un coût qui reste tout à fait raisonnable. Notre solution diminue considérablement le temps nécessaire pour dénicher les meilleurs profils. On considère qu’il faut de deux à trois semaines pour constituer une short-list des candidats les plus pertinents en cooptant, contre huit à dix semaines en passant par un cabinet de recrutement classique. » Et pour parfaire leur offre, les dirigeants de Keycoopt ont mis en place une charte éthique qui vise à affirmer et formaliser les notions de confiance, de respect mutuel et de relation directe, au cœur même du concept de ce nouveau site Internet. Elle stipule notamment qu’un coopteur qui recommande un candidat de son entreprise ne sera pas rémunéré et que la prime sera alors directement reversée à une association partenaire.
La cooptation sur Internet sera-t-elle l’avenir du recrutement en ligne ? C’est en tout cas le pari de Nicolas Crestel qui ne cache pas ses ambitions : « Nous avons envie de devenir la solution de premier recours, le reflexe des entreprises qui recrutent en France et à l’international. » Et les cofondateurs de cibler, avec une offre accessible, aussi bien les grands groupes que les PME ou TPE à la recherche de profils rares.
Audrey Caudron-Vaillant