Allier solidarité, engagement citoyen et enjeux RH, telles sont les ambitions du mécénat de compétences. Il contribue à répondre aux nouvelles attentes des collaborateurs en matière de responsabilité sociétale et participe aux politiques RSE mises en place dans les entreprises. Sur ce créneau, à côté des historiques Koeo ou Mecenova mettant en relation entreprises et associations caritatives, Wecena a choisi de se tourner vers les sociétés de services en informatique (SSII). Elle leur propose de transformer les fameuses périodes d’intercontrats en temps et compétences mis à disposition de projets d’intérêt général.
La question des intercontrats est au cœur de la politique RH des sociétés de service en informatique. Le constat est simple : entre deux missions, les consultants ont parfois des périodes d’inactivité qui peuvent aller de quelques jours à quelques mois. « En fonctionnement normal, explique Jean Millerat, fondateur de Wecena, une SSII a au moins 5 % de son effectif qui n’est pas occupé. Un chiffre qui peut même parfois aller jusque 20 % et qui peut être vecteur de démotivation, de stress et de perte de confiance en soi pour les salariés. »
Rompre l’isolement de l’intercontrat
Sur ce terrain particulier favorisant les risques psychosociaux, les moments d’intercontrats peuvent engendrer de réelles difficultés pour le management et contribuer à donner une mauvaise réputation à la société. Il y a quatre ans donc, en créant Wecena, l’ambition de cet entrepreneur, très impliqué dans les réseaux associatifs, était de proposer à ces ingénieurs informaticiens, entre deux missions, de se rendre utile sur des causes de solidarité, tout en restant dans leur domaine de compétences. Une manière pour eux de travailler sur une mission qui a du sens, de rompre l’isolement de ces périodes charnières et de valoriser leur savoir-faire.
Une relation gagnant-gagnant
Concrètement, Wecena propose à des associations identifiées – Bibliothèque sans frontières, Let’s Do It France, Siel Bleu, Free Software Foundation France, Arborescence… – de bénéficier gratuitement, sur des missions très précises, des compétences d’ingénieurs informaticiens et consultants qui vont se relayer pour relever le défi de projets à caractère technologique (on citera la conception de livres numériques pour déficients visuels, une cartographie des sites accessibles aux handicapés, le développement de logiciels éducatifs spécifiques…). Une relation gagnant-gagnant donc puisque « du côté des sociétés de services, explique Jean Millerat, c'est une manière peu coûteuse (les entreprises bénéficient d’une économie d’impôt égale à 60 % des dons en numéraire, N.D.L.R.) d'engager son entreprise dans le mécénat de solidarité ». Wecena assure l'encadrement des prestations réalisées par les salariés volontaires, le conseil en conduite de projets auprès de l'association donneuse d'ordres et la fourniture des technologies logicielles et outils de travail collaboratif nécessaires au bon déroulement de ces missions de volontariat.
Alfi, une entreprise partenaire
La société Alfi, spécialiste des process et des systèmes d'informations des marchés financiers, fait partie des dernières entreprises à avoir rejoint le projet Wecena. « Ce partenariat, explique Clémence Riglet, chargée de mission RH, traduit parfaitement notre engagement sociétal qui a toujours été un principe fondateur de notre entreprise. Nous sommes convaincus que notre contribution à l’économie dépasse la relation que nous entretenons avec nos différents clients. Le mécénat de compétences participe pleinement à cette volonté. » Cette année, via l’implication d’un consultant en systèmes d’information, l’entreprise a donc été partie prenante de deux missions : la conception d’une plate-forme collaborative pour l’association Siel Bleu œuvrant auprès des personnes âgées pour le prolongement d’une vie indépendante et active ; et le développement d’une application destinée à Arborescence, organisme travaillant pour la mise en place d’outils pédagogiques adaptés aux enfants précoces. Une première expérience réussie donc pour la société de conseil qui a vu dans cette mission « un vrai levier de motivation pour le consultant » et qui lui a permis de « découvrir un univers bien éloigné de celui de la finance pour lequel il collabore habituellement ».
Audrey Caudron-Vaillant