Qui ne possède pas aujourd’hui au moins un lieu d’expression sur le net, profil sur un réseau, blog, site perso, cv en ligne…? Le web 2.0 a encouragé les demandeurs d’emploi ou aspirant à une nouvelle vie professionnelle à se rendre visible sur la toile afin de sortir du lot. Si cette démarche peut s’avérer fructueuse, elle reste néanmoins à utiliser avec une grande précaution.
Retour sur deux cas récents de licenciements 2.0
Au mois de mai, trois salariés ont été licenciés pour «incitation à la rébellion» et «dénigrement de l’entreprise» après une conversation privée sur Facebook et la réceptionniste d’un hôtel de Reims a été licenciée pour faute grave après avoir publié des chroniques relatant des anecdotes de sa vie professionnelle.
Dans l’"Affaire Facebook", trois salariés de la société Alten, connectés depuis leur domicile sur Facebook, en dehors des heures de travail, avaient échangé des propos sur leur hiérarchie et un responsable des ressources humaines.
Une autre employé faisant partie de leur groupe « d’amis » sur ce réseau social avait fait une copie des propos tenus et les avait transmis à la direction de l’entreprise. Quelques semaines plus tard, ils avaient été licenciés pour «incitation à la rébellion» et «dénigrement de l’entreprise»…
Le conseil des Prud’hommes de Boulogne-Billancourt, qui devait se prononcer en délibéré le 20 mai sur la situation de deux d’entre eux, n’a pas réussi à départager les salariés et leur employeur, la moitié des conseillers prenant fait et cause pour l’entreprise, et l’autre pour les employés. L’affaire a donc été renvoyée sine die et une prochaine audience aura lieu avec un cinquième conseiller, issu du corps de la magistrature.
Le deuxième exemple récent est lié à l’utilisation d’un blog. Une employée d’un hôtel de Reims appartenant au groupe Accor a été licenciée pour faute grave après avoir publié sur un blog des chroniques relatant sous forme de fiction des anecdotes liées à sa vie professionnelle.
La jeune femme, réceptionniste de nuit depuis 2004 dans un hôtel de Reims, publiait depuis novembre 2009 sur Lepost.fr (filiale du Monde) des billets humoristiques intitulés "La minute blonde" dans lesquels elle relatait la vie d’un hôtel à travers des conversations entre collègues.
Les billets mettant en scène des personnages récurrents, tels "Machine", "Truque", "Minitruque" ou encore un directeur nommé "M. Têtedenoeud", étaient accompagnés d’une photo d’un ourson en peluche prise sur son lieu de travail.
La jeune femme, réceptionniste de nuit depuis 2004 dans un hôtel de Reims, publiait depuis novembre 2009 sur Lepost.fr (filiale du Monde) des billets humoristiques intitulés "La minute blonde" dans lesquels elle relatait la vie d’un hôtel à travers des conversations entre collègues.
Les billets mettant en scène des personnages récurrents, tels "Machine", "Truque", "Minitruque" ou encore un directeur nommé "M. Têtedenoeud", étaient accompagnés d’une photo d’un ourson en peluche prise sur son lieu de travail.
La jeune femme a indiqué son intention de porter plainte pour licenciement abusif. Ni la direction de l’hôtel ni le service communication du groupe Accor n’ont souhaité faire de commentaire sur cette affaire.
Ces deux exemples ne sont malheureusement pas des exceptions. Des conversations et des publications pouvant paraître anodines ont entrainé de lourdes conséquences pour ces salariés.
Il devient donc primordial de réaliser que lorsqu’une information est mise en ligne sur internet, elle devient publique et pourra être utilisée en votre faveur ou en votre défaveur.
Attention à votre e-réputation
Il ne viendrait à l’idée de personne de se rendre à un entretien d’embauche, complètement débraillé et sans aucune préparation. Il faut désormais envisager sa présence sur la toile de la même manière, en évitant de publier n’importe quoi, n’importe comment et réfléchir à l’image que l’on veut donner de soi.
Pour cela quelques points restent cruciaux pour ne pas qu’une simple conversation « privée », un message posté sur un blog ou même une photo viennent troubler votre avancement professionnelle.
Vérifier l’état de votre réputation numérique
La première chose à faire régulièrement est de vérifier l’état de votre réputation sur internet. Pour cela différents outils sont à votre disposition (www.123people.fr, www.samepoint.com, http://blogsearch.google.com, http://search.twitter.com/ , www.spock.com …) mais le plus simple reste encore de « googliser » votre nom afin de savoir ce que votre supérieur ou un éventuel futur employeur pourrait voir de vous. Chaque publication, photo ou simple commentaire comportant votre nom seront visibles suite à cette simple recherche.
Votre image sur les sites professionnels
Parallèlement à ces vérifications, vous devez réfléchir à vos objectifs professionnels et identifier les outils (réseaux, blog, forums…) afin de les utiliser au mieux.
Les réseaux professionnels comme Viadéo ou Linkedin sont de formidables outils pour accroître votre visibilité car étant très fréquentés, ils ressortent très souvent parmi les premiers résultats d’une recherche. Il est donc très important de peaufiner votre présentation : profil suffisamment détaillé, présence dans les hubs et forums correspondant à vos centres d’intérêts professionnels, et mise en avant de votre carnet d’adresses. La qualité de votre réseau constitue en effet l’un des éléments essentiels de votre e-réputation.
La création d’un blog peut également s’avérer très efficace pour fortifier votre image et prouver votre implication et votre motivation quant à votre activité professionnelle ou vos centres d’intérêts. Les échanges avec les membres de votre communauté donneront alors de vous une image dynamique.
Pour que votre discours et l’image que vous donnez de vous reste cohérents, veillez à ne pas trop vous disperser et à ne pas poster d’informations contradictoires.
Bien différencier vie professionnelle et vie privée.
Pour maîtriser au mieux votre réputation numérique, il est primordial de ne pas mélanger la sphère professionnelle et la sphère privée.
Pour cela, la chose la plus simple reste de se créer des profils et des espaces bien séparés, destinés à des "publics" différents, recruteurs et hiérarchie d’un côté et amis et famille de l’autre. Vous pouvez également utiliser un pseudo sur vos pages privées afin d’éviter les éventuels recoupements et pouvoir échanger sur les réseaux non professionnels en limitant la casse.
Malgré tout, même si vous mettez tout en oeuvre pour donner de vous une image irréprochable sur le net, votre e-réputation reste fragile. Vous ne maîtrisez pas les publications des autres internautes à votre sujet (commentaire, photo, vidéo…). En vérifiant régulièrement l’état de votre réputation numérique, comme nous vous le conseillons plus haut, vous serez averti rapidement de tout élément pouvant vous nuire. Vous pourrez ainsi demander rapidement le retrait de cet élément ou bien vous expliquer.
Anne-Sophie Duguay